Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Octobre

lundi, mai 8th, 2023

Les statues qu’on abat.

Les quelques mois qui s’étagent entre l’abdication du Tsar Nicolas II en février 1917 et la violente prise de pouvoir par les Bolcheviks en octobre de la même année : un film de propagande (dans mon esprit, ce terme n’est pas une critique ou un reproche) ; un film de propagande exaltée et quelquefois exaltante, conçu, en 1927 pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution soviétique, ces Dix jours qui ébranlèrent le monde, livre de John Reed, socialiste étasunien qui s’émerveilla, en 1919, devant ce bouleversement inouï. Comme c’est curieux, cent ans plus tard, de constater que cette utopie criminelle, qui exalta tant de millions de gens, soit si ringarde ! (suite…)

Histoires extraordinaires

vendredi, mai 5th, 2023

De bric et de broc.

Quelle drôle de magouille de production, la nécessité de placer et de dépenser de l’argent planqué dans un paradis fiscal exotique ou d’employer des acteurs qui avaient des contrats à exécuter a conduit à réaliser ces Histoires extraordinaires ? Le film à épisodes, à sketches, même lorsqu’il est réalisé par un seul metteur en scène (par exemple Carnet de bal ou Le diable et les dix commandements de Julien Duvivier) souffre à peu près toujours de la différence entre ses segments… Alors imaginer que trois cinéastes de qualité et de niveau si dissemblables que Roger VadimLouis Malle et Federico Fellini puissent présenter au public complaisant de 1968 quelque chose de cohérent est une véritable faribole. On présente ça comme une adaptation de trois nouvelles d’Edgar Poë et on dit Passez muscade !

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Les insurgés

dimanche, avril 30th, 2023
Leçons venues des ténèbres.
Innombrables histoires, innombrables tragédies des guerres mondiales ! Depuis le temps qu’on tourne des films et qu’on met la lumière sur tel ou tel théâtre d’opération, tel ou tel fait d’armes, telle ou telle épouvante, tel ou tel personnage et bien d’autres singularité des conflits, on a quelquefois l’impression d’en savoir beaucoup, tant et plus sur ces moments à la fois si affreux et si habituels de l’histoire de notre pauvre Humanité. C’est cela : on croit avoir tout vu : les assauts, les tranchées, les mutineries, les débâcles, les résistances, les lâchetés, les héroïsmes, les victoires, les libérations. Et chacun de nous pourrait sûrement, à chacun de ces items, citer deux ou trois ou quatre films qui lui demeurent en mémoire.

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Le gouffre aux chimères

jeudi, avril 27th, 2023

La belle saison.

Ce n’est pas vraiment que Charles Tatum (Kirk Douglas) soit un mauvais type ; ce n’est pas vraiment non plus qu’il soit un brave type. Avant tout c’est un mec qui veut arriver à quelque chose et qui est prêt à beaucoup pour parvenir à ses fins. On se demande d’ailleurs ce qui le pousse à ça et c’est sans doute une des faiblesses du film de Billy Wilder que de nous laisser demeurer interrogatifs sur le fin fond de la personnalité de ce journaliste qui a du talent mais qui a été à peu près rejeté par toute la profession. Glandeur, dragueur, buveur bien sûr, mais comme beaucoup le sont. Avant tout, il me semble, persuadé qu’il peut rejoindre les sommets et qu’il lui suffirait de tomber sur une belle histoire, un coup de chance, une bonne martingale pour recevoir le prix Pulitzer. Ce n’est pas le goût du plaisir, l’appât de l’argent, ni même la fierté d’être lu qui le font vibrer : c’est autre chose, sans doute la volonté de tenir en haleine, au rythme de ses articles toute une opinion publique. On peut comprendre cela. (suite…)

La conférence

mercredi, avril 26th, 2023

Guide du protocole et des usages.

Glaçant. Et très convaincant. Très vraisemblable, et même très exact, réalisé d’après le compte-rendu officiel d’Adolf Eichmann. Relation de cette réunion de début 1942 où dans une élégante villa du quartier de Wannsee, près de Berlin, l’administration allemande est réunie pour régler les détails d’une solution finale dont aucun des assistants ne conteste ni la nécessité, ni l’intérêt, mais dont la gestion pose de réelles questions administratives et logistiques.. Et surtout dont la mise en œuvre entraine des bisbilles entre les différentes administrations concernées. Glaçant, disais-je parce que ça permet de constater la soumission de l’Homme à un cheminement d’autorité, même obscène ou scandaleux. Il y a une quantité de films qui montrent cette sorte d’obéissance et l’adhésion de tous à des épouvantes qui paraissent, lorsqu’elles sont partagées par tous, tout à fait admissibles. (suite…)

Le dernier roi d’Écosse

mardi, avril 25th, 2023

L’État sauvage.

Riche nomenclature des dictateurs africains sanguinaires d’après l’indépendance ! Dictateurs qui se maintenaient généralement au pouvoir grâce aux jeux complexes des Puissances mondiales, toutes souhaitant préserver leurs intérêts économiques ou géopolitiques ou en acquérir au détriment des autres. Puis la folie d’avoir conservé sur ce continent où l’allégeance n’est pas nationale mais ethnique le corset des frontières coloniales, ce qui entraîne à la fois conflits de territoires et favoritismes effrontés. Comme l’écrivait dès 1962 le sociologue de gauche René Dumont (qui fut le premier candidat écologiste à une élection présidentielle, en 1974), L’Afrique noire est mal partie. Cinquante ans plus tard, elle n’est toujours pas arrivée, d’ailleurs.

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Dallas buyers club

dimanche, avril 23rd, 2023

Ça commence à dater.

Au milieu du 14ème siècle, la peste noire a tué entre 30 et 50 % des Européens ; le choléra – qui n’a d’ailleurs pas disparu – a sévi aux 18ème et 19ème siècles avec une rare brutalité. La grippe espagnole, au 20ème a, dit-on tué plus de monde que les combattants des tranchées. Et comme notre pauvre monde n’a jamais été exempt de catastrophes, voilà qu’au début des années 80 le Sida est venu, goguenard et fatidique, rappeler aux Humains que l’idée d’une parenthèse enchantée, où tout serait permis n’était qu’une vaste blague. Ben oui, on ne peut pas impunément baiser, s’enculer et se droguer sans qu’il se passe quelque chose d’assez terrifiant. (suite…)

Taken

samedi, avril 22nd, 2023

Drôle d’emploi pour une rencontre.

C’est sans doute parce que je ne connais pas bien les développements du cinéma mondialiste étasunien, plutôt conformé pour en mettre plein les yeux à toutes les salles de cinéma du monde. Un cinéma qui propose à l’admiration des foules des personnages surpuissants, des héros qui ne reculent devant rien mais qui ont aussi leurs failles et leurs tendresses. Rien à voir avec le cynisme indifférent de James Bond ou de Derek Flint, qui évoluaient dans un autre monde, beaucoup moins vertueux, beaucoup plus désinvolte et rieur. Au fait, en creusant un peu – à peine ! – le sujet, je me suis aperçu que le personnage de Bryan Mills, ancien agent secret presque invulnérable, s’est manifesté dans une série de trois films, toujours avec, en vedette Liam Neeson et que je n’ai regardé que le premier d’entre eux. (suite…)

Un chien andalou

mercredi, avril 19th, 2023

Fragments d’un désir amoureux.

Bien sûr que les surréalistes se sont foutus de nous et, au fur et à mesure que nous nous indignions, remettaient cent sous dans la machine ! Bien sûr que ça marchait, bien sûr que notre indignation agitait leur volupté de nous exaspérer ! Je suppose que si j’avais été un brave ancien combattant de la guerre, en 1928, dix ans seulement après l’armistice qui mettait provisoirement fin à l’horreur, j’aurais été scandalisé par cette désinvolture gamine imaginée par deux Espagnols narquois qui, ni l’un ni l’autre n’avaient connu l’abomination des tranchées et qui se croyaient de ce fait autorisés à se moquer de notre guerre civile européenne. Et que j’aurais été de ceux qui allaient saccager le Studio des Ursulines (ou qui envisageaient de le faire) parce que se ficher du monde à un point pareil, ça mérite qu’on prenne des baffes dans la gueule. (suite…)

Sur les chemins noirs

lundi, avril 17th, 2023

La diagonale du vide.

Comment adapter au cinéma un court récit de Sylvain Tesson, (que je n’ai pas lu, mais dont je connais la trame) qui relate sa traversée de la France à pied du Sud-est au Nord-Ouest ? Une traversée effectuée en forme de défi, à la suite d’un grave accident, qui a valu à l’écrivain plusieurs mois de coma, une semi-paralysie faciale et des tas de dommages collatéraux ; lui qui se sentait tellement à l’aise dans son corps à qui il aimait infliger de drôles d’épreuves bizarres, le tour du monde à vélo, l’escalade nocturne des monuments escarpés de Paris ou (immense succès de librairie), un ermitage de six mois solitaires en Sibérie (entre février et juillet). (suite…)