Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Être et avoir

mardi, mars 21st, 2023

C’était mieux avant.

Voilà un petit miracle de tendresse et de qualité, filmé dans une France qui va bientôt ne plus exister. Celle où des instituteurs bienveillants, rigoureux, sereins, tentent de transmettre à de petits enfants tout ce qui fut la gloire de notre pays. Réactionnaire le film ? Bien sûr ! Et comment ! Un maître d’école semblable à ceux qui ont forgé le siècle et demi passé en s’appliquant à donner à tous les enfants les élémentaires Être et avoir ; c’est-à-dire les bases absolues de notre commune appartenance. Dans un petit, très petit village du Puy-de-Dôme, quelques gamins qui, sans doute, succéderont à leurs parents, à la charrue et à la moissonneuse, un instituteur qui a la passion de son métier d’éveilleur. (suite…)

96 heures

dimanche, mars 19th, 2023

Charmants garçons.

J’ai le sentiment que tout le monde partage le point de vue que 96 heures, parti sur des chapeaux de roues, avec fièvre, tension, anxiété, montage serré, lumières sales se termine en eau de boudin, même de façon complétement ridicule. Les dernières vingt minutes font s’effondrer le jugement très positif que jusqu’alors on pouvait porter et, le mot Fin apparu sur l’écran, on est bien content que ce soit terminé, tant on se demandait jusqu’ou Frédéric Schœndœrffer allait pouvoir abîmer un film pourtant sacrément bien engagé. (suite…)

Sherlock Holmes

samedi, mars 18th, 2023

Drôle de paroissien.

J’ai l’impression que les auteurs et le réalisateur ont instillé, pour leur jeune public, quelques exercices obligés dès que l’on évoque le magnifique détective créé par Conan Doyle : notamment la capacité de déduire, à partir de quelques traces ou indices, la nature, la profession, le cheminement de ceux devant qui il se trouve ; indices dont il va s’emparer pour démonter les certitudes et les évidences ou clouer au sol les déterminations en rase-mottes des policiers butés. Aussi sa connaissance encyclopédique de toutes les substances, machineries, complications, mécaniques de son époque ; d’ailleurs il est bien certain que Ian Fleming, en créant son personnage de James Bond s’est inspiré de la polyvalence de ce héros mélancolique, mélomane et dépressif. (suite…)

Le sang des bêtes

vendredi, mars 17th, 2023

Régalons-nous !

J’ai entendu dire à la radio aujourd’hui qu’il est envisagé d’interdire les tapis nappés d’une glu très forte, sur quoi on pose un appât, dispositif qui permet d’éliminer les souris. Un moyen beaucoup plus efficace que la traditionnelle tapette pour se débarrasser de ces satanés rongeurs qui infestent les appartements ; nous nous sommes réjouis, ma femme et moi, cette année passée de constater la mort de trois bestioles, la dernière il n’y a pas huit jours. Mais, naturellement, on imagine volontiers que l’animal met quelque temps de passer de vie à trépas. Donc, de lumineux amis des bêtes – de ceux qui habituellement se fichent des razzias de Boko Haram dans le Sahel, des persécutions de chrétiens aux Proche et Extrême Orient, des assassinats continuels des favelas de Rio et des braves gens du Mexique – se préoccupent du sort des rongeurs. Grand bien leur fasse. Il s’est trouvé une dame adjointe au Maire de Paris pour prier que l’on nomme surmulots les immondes rats qui ont envahi la plus belle ville du monde, le terme rat apparaissant stigmatisant.

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Hôtel des Invalides

mardi, mars 14th, 2023

De la grisaille ; heureusement brève.

L’institution nationale des Invalides est une des plus superbes intuitions de notre grand Roi Louis XIV, qui a voulu, pour les soldats blessé, un hospice où les infirmes, abîmés, scarifiés par la dureté des guerres pourraient être accueillis et soignés. Dans la dureté du monde, demander à deux grands architectes, Libéral Bruant et Jules Hardouin-Mansart de construire et de parer un hospice accueillant pour de vieux soldats montre bien comme, au delà de l’humanisme niais d’aujourd’hui, nos souverains savaient récompenser ceux qui les avaient bien servis. (suite…)

The Fabelmans

lundi, mars 13th, 2023

Telle est la vie des hommes…

Quelle est la part de fiction, quelle est la part d’autobiographie dans The Fabelmans ? Qu’est-ce que Steven Spielberg a inséré de sa vie, qu’est-ce qu’il a inventé dans ce très beau film qui relate avec talent et tendresse l’émerveillement d’un gamin devant la capacité du cinéma à créer un monde ? Car le film est bien cela : l’irruption dans une jeune tête de la magie du Septième art, de ce qui, selon le mot de Paul Vecchiali ne doit pas être une évasion, mais une invasion. Dès le début du film, devant l’accident de train qui est une des séquences très fortes de Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille (1952), le gamin Samuel Fabelman (Gabriel LaBelle), un enfant de cinq ans est sidéré, stupéfié, englouti devant ce que les images animées peuvent évoquer. Et fasciner, et faire vivre. (suite…)

Se souvenir des belles choses

samedi, mars 11th, 2023

Les anneaux d’Alzheimer.

Moi qui apprécie davantage les trucs désespérés, désespérants, ou même sordides, voilà que j’ai été bien touché par cette histoire triste, émouvante que j’ai trouvée sans mièvrerie. Cela malgré la sensibilité du sujet qui aurait pu bien facilement tomber dans l’emphase larmoyante. La graduelle descente de Claire Poussin (Isabelle Carré) dans la nuit d’Alzheimer et l’histoire d’amour qu’elle noue malgré tout avec Philippe (Bernard Campan), voilà qui est délicat à tourner. D’autant que Claire est une jeune femme sage, douce, fragile qui n’a que 32 ans. Et que Philippe souffre de troubles de la mémoire à la suite d’un accident de voiture où il a tué sa femme et son petit garçon. (suite…)

The town

samedi, mars 11th, 2023

Chiens perdus sans collier.

Je ne suis guère adepte de ce type de cinéma hollywoodien, policier, méchant et violent ; les bisbilles entre les policiers municipaux et fédéraux me laissent sans voix et leurs méthodes m’émerveillent ; moins, à vrai dire quand le moindre cop tire à balles éléphantesques sur des voyous en fuite, se fichant apparemment un peu des braves gens qui se trouvent là par hasard et qui ont bien de la chance de ne pas devenir des dommages collatéraux. N’empêche que j’ai bien apprécié The town qui est assez emblématique de cette orientation du cinéma, où les individus n’existent guère que par ce qu’ils font, bien que de sombres traumas d’enfance soient souvent évoqués pour expliquer le comportement des protagonistes. (suite…)

La tête contre les murs

jeudi, mars 9th, 2023

La folie ordinaire et banale.

Dans notre malheureuse époque où l’ensauvagement est quotidien, il n’est pas rare qu’après un assassinat furieux – sous prétexte islamique ou non – il y ait, après le drame, cette sorte de mantra qui expose que le tueur était frappé de troubles psychiatriques. En d’autres termes qu’un individu incertain et fragile, capable d’aller tuer n’importe qui (c’est-à-dire vous ou moi) qui a connu des soins dans un établissement spécialisé a été jugé par des médecins ou des éducateurs tout à fait capable de rejoindre le monde quotidien qui est le nôtre. Voilà un vrai sujet, sur quoi je n’ai pas d’opinion tranchée : peut-on, ou non, guérir de ces troubles-là ? Je n’en sais rien et je crains que ceux qui la ramènent, dans un sens ou un autre, ne soient pas très crédibles. (suite…)

Qui êtes-vous Polly Maggoo ?

lundi, mars 6th, 2023

Quelle époque !

Un capharnaüm, un tohu-bohu, un film sans queue ni tête, imbibé de l’esprit des Sixties dans ce qu’elles avaient de plus artificiel, psychédélique, enfumées de substances bizarres, ces années où l’on sentait monter dans le monde entier le printemps de 1968. Ce printemps où les folies du petit monde snob germanopratin, mises en scène de façon subliminale dans Qui êtes-vous Polly Maggoo ? se répandraient vigoureusement hors de la Rive Gauche pour infester peu à peu tous les replis d’une France sage et travailleuse. (suite…)