Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Un balcon sur la mer

dimanche, mars 5th, 2023

On n’oublie rien.

Drôle de film, au scénario qui paraît d’abord bien simple, puis extrêmement compliqué et où tout s’éclaire à la fin dans une conclusion plutôt larmoyante. Le genre de trucs que je n’apprécie pas beaucoup, du type Ne le dis à personne de Guillaume Canet : des secrets de famille, des fausses pistes, des personnages à faces trop multiples, des souvenirs du passé qui reviennent et embrasent la tête d’un homme jugé par tous sans défauts et dont la vie paisible va être détricotée. Un peu bizarrement, pour des raisons qui ne s’expliqueront que furtivement et bien tard, Un balcon sur la mer se situe en 1989 ou 1990, puisque la radio évoque le nom de Michel Rocard, alors Premier ministre et diffuse le délicieux tube C’est la ouate de Caroline Loeb. (suite…)

Une grande année

mercredi, mars 1st, 2023

Pluies fines ou pierres dorées ?

Je trouve bien sévères la critique et le public qui ont tenu pour négligeable, banal, mièvre un film que j’ai pour ma part trouvé charmant et joli, doté qui plus est, d’une tendre histoire d’amour. Il se peut que je sois, en ce moment, particulièrement bien disposé à la bienveillance et il ne m’étonnerait pas qu’en fait ce soit le cas : un relâchement inopiné de mon esprit critique et de ma dent féroce, une envie printanière de voir le frais côté des choses et les histoires violentes se transformer en contes de fées. D’ailleurs je me dis que c’est ça qu’a dû vouloir réaliser Ridley Scott : une parenthèse enchantée au milieu des AlienBlade runnerGladiatorPrometheus, tous films de tension, fatigants. (suite…)

Folies de femmes

dimanche, février 26th, 2023

Tapisserie en lambeaux.

En une vingtaine d’années – en gros de 1935 à 1955 – voilà un acteur qui tourne beaucoup, y compris nombre de films insignifiants, mais dont l’allure, l’apparence, la diction, la silhouette marquent tellement l’imaginaire que, même dans un rôle secondaire, il envahit l’écran. Rien que cela : en 1937, La grande illusion de Jean RenoirL’alibi de Pierre Chenal ; en 1938 Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, en 1939, Derrière la façade de Georges Lacombe, en 1950 Boulevard du crépuscule de Billy Wilder et en 1953 encore Minuit quai de Bercy de Christian Stengel. Un grand acteur qui tient sa partie face aux plus grands : Pierre FresnayJean GabinLouis JouvetMichel SimonRobert Le ViganWilliam Holden(suite…)

Dracula (1931)

samedi, février 25th, 2023

La dame en blanc.

Ma vieille passion pour les histoires de vampires n’avait jusqu’alors jamais effleuré le film qui en commence le récit au cinéma. Bien vrai, jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais vu ce Dracula de Tod Browning, si mythique, si stupéfiant, si originel avec le surprenant Bela Lugosi qui incarna le Comte vampire dans nos imaginaires jusqu’à ce que Christopher Lee lui ravît à bon escient la palme. Voilà que je découvre ce vieux film court (1h11) de 1931, aux heures pires de la grande dépression, lorsque, tous les jours étant de pires en pires, les studios d’Hollywood retraçaient des histoires épouvantables pour faire oublier un instant aux braves gens leur réalité vécue. (suite…)

La plus grande histoire jamais contée

jeudi, février 23rd, 2023

Lumière du monde.

Il y a tout, dans cette grande machinerie hollywoodienne, très bien faite et très bien composée: des moyens énormes, des figurants en nombre considérable, des décors admirablement choisis et presque l’exhaustivité des épisodes de l’Écriture. À tout moment un chrétien un peu frotté aux quatre évangiles entend, scrupuleusement retranscrites, les paroles qu’il connaît et qui font le sel de sa vie. Y’a pas à dire, il ne manque pas grand chose à George Stevens pour avoir embrassé la retranscription de l’enseignement du Christ et, à chaque instant, on se surprend à compléter soi-même les merveilles de beauté énoncées par Jésus.

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Le cinquième élément

mardi, février 21st, 2023

Images fumeuses.

À l’heure où l’on apprend que l’excellent Bruce Willis est entré dans la nuit d’une maladie dégénérative, une nuit dont on espère pour lui qu’elle ne sera pas trop longue, on est fondé à songer à ce qu’on écrira dans sa nécrologie. À mes yeux le cinéma conservera l’image de ce flic courageux et inusable qu’ont exalté Piège de cristal (1988), 58 minutes pour vivre (1990), Une journée en enfer (1995). Et peut-être Retour en enfer (2007), que je n’ai pas vu. Mais la saga de John McClane qui met en valeur un personnage de héros pas très malin mais prêt à tout pour défendre, en grognant, les belles et bonnes choses du monde est bien ancrée dans nos têtes. (suite…)

V pour vendetta

vendredi, février 17th, 2023

Le riche a la vengeance et le pauvre a la mort.” (d’Aubigné)

Je suppose que les spectateurs du film qui sont également férus de bandes dessinées pourront faire d’utiles comparaisons avec l’œuvre originale de David Lloyd et d’Alan Moore adaptée au cinéma par les frères Wachowski (paraît-il devenus, depuis quelques années, sœurs ; ne vit-on pas une époque formidable ?). Pour moi qui n’ai pas pratiqué le Huitième art depuis Tintin ou Blake et Mortimer, je ne me risquerai évidemment pas à cet exercice. Je note toutefois que, d’après Wikipédia, les auteurs de l’album n’ont pas tellement apprécié, retardant de plusieurs mois la sortie sur les écrans de V pour vendetta ; cela parce que le film avait atténué le caractère anarchiste de la BD. (suite…)

Tout pour l’oseille

jeudi, février 16th, 2023

À côté de la plaque.

Rien n’est plus difficile que de réaliser un film burlesque, enlevé, fantaisiste. Un film où se côtoient plusieurs histoires ; un film de pieds nickelés qui se lancent follement dans une entreprise aussi folle : un hold-up de petits marginaux inconscients. C’est très difficile : il faut de l’ingéniosité, de l’inventivité, un sens très fort des situations cocasses ; et aussi du rythme, du rythme, du rythme. Comme les meilleures pièces de boulevard – celles d’Eugène Labiche ou de Georges Feydeau (rien moins !), nécessité d’une horlogerie très précise, très méticuleusement montée où la bouffonnerie peut n’être pas absente, mais doit être employée avec précaution.

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Elvira Madigan

lundi, février 13th, 2023

Marche tranquille vers l’abîme.

Une fois que l’on a dit que l’actrice principale, Pia Degermark, est belle à damner un saint qui apprécierait le genre vaporeux blond suédois (ce n’est pas mon cas mais je sais tout de même reconnaître les belles plantes), que la photographie est réussie et que le sujet est singulier, il me semble qu’on a fait le tour du film de Bo Widerberg. Parce que ressasser jusqu’à la lassitude de belles mélodies de MM. Mozart (Wolgang Amadeus) et Vivaldi (Antonio) qui sont prises, reprises et recommencées sans trêve ni variété tout au long de 90 minutes ne m’a pas paru une bien bonne idée ; si l’on veut présenter dans un film de la musique classique, il faut savoir suivre la piste de Stanley Kubrick qui dans Barry Lyndon utilise les partitions de huit compositeurs. (suite…)

La nouvelle Ève

mercredi, février 8th, 2023

Tête à claques.

Ben voilà, c’est ça la vie d’aujourd’hui. Et quand j’écris ça, je dois me pincer pour me rappeler que le film date du siècle dernier, à son ultime versant, il est vrai : 1999. Mais moi qui suis du mitan de ce millénaire passé, je vois avec effarement combien la destruction voulue, systématique, intelligemment menée de toutes les traditions, les bornes, les limites et les valeurs d’antan, a donné. Et ce n’est pas joli, joli. Et ça produit des vies ravagées, sabotées, accablées ; tout ça grâce à des libertés dont peu profitent et qui, d’ailleurs donnent moins d’élans qu’elles ne retirent de force. (suite…)