Déjà, précisons les choses : Le spectre du professeur Hichcock (1963) n’est pas vraiment la suite de L’effroyable secret du docteur Hichcock, sorti sur les écrans l’année précédente, mais une sorte de réécriture, comme une variation sur le même thème. Thème bien connu du savant fou qui prétend bouleverser la nature des choses, se présente en Prométhée arrogant devant la réalité du monde, se définit comme un démiurge capable de la dompter. Toutes les créatures de Frankenstein créées depuis Mary Shelley et sûrement auparavant se définissent, menton orgueilleusement dardé, en auxiliaires de la Création. Comme la mesure d’eux-mêmes. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Le spectre du professeur Hichcock
jeudi, janvier 19th, 2023Dark waters
mardi, janvier 17th, 2023Voilà un film militant, engagé, résolument agressif vis-à-vis des agissements des multinationales et du capitalisme monopoliste ; un film qui montre un citoyen, avocat associé d’un grand cabinet de conseil, mais n’est guère plus engagé que vous et moi. Un type plutôt tranquille et intégré, qui se dresse contre la fortune anonyme et vagabonde et parvient avec une belle forme d’héroïsme à claquer la figure d’une entreprise aussi importante que la chimique DuPont de Nemours. Un paladin à la fois médiocre et obstiné qui a pour lui une sacrée foi dans l’honnêteté et l’effroi devant le mépris que les grandes entreprises nourrissent pour les pauvres, les minables, les gens de peu. Donc pour beaucoup de monde. (suite…)
Fantasia chez les ploucs
dimanche, janvier 15th, 2023Non, non, c’est épouvantable, c’est affligeant, c’est minable, c’est ridicule, c’est pitoyable. C’est même indécent. Et quand j’écris cela, ce n’est évidemment pas pour critiquer la tenue minimale de Mireille Darc, qui ne l’est d’ailleurs pas tant que cela et qu’on aurait au contraire aimé admirer plus souvent et plus franchement. Car montrer une strip-teaseuse déshabillée, ce n’est tout de même pas un exploit et exhiber le corps de la délicieuse Mireille, ça n’a jamais été rare. Tous les amateurs de beautés vives, souriantes, gracieuses, gaies, intelligentes, narquoises, appétissantes et des tas d’autres choses encore me comprendront. (suite…)
Chercheuses d’or de 1933
vendredi, janvier 13th, 2023J’ai été plutôt déçu – mais il est vrai que je m’attendais à beaucoup, beaucoup mieux, de bien plus nombreux numéros de cabaret – par Chercheuses d’or de 1933. Et cela alors que le genre féerique, léger, superficiel, presque onirique de ces grands plateaux de music-hall peuplés d’une ribambelle de jolies filles sagement dévêtues est de ceux qui m’enchantent. En fait, c’est seulement un peu mieux que les deux films de Robert Z. Leonard, c’est-à-dire Le grand Ziegfeld et La danseuse des folies Ziegfeld. Mais ça souffre de plusieurs défauts, notamment la médiocre qualité de la musique due à Harry Warren. (suite…)
Le port des passions
vendredi, janvier 6th, 2023Ah, que c’est agréable de voir les bouseux ennemis du progrès humiliés jusqu’au tréfonds par les artisans de progrès ! Les mêmes bouseux qui, grâce à l’action intense, déterminée, courageuse des aventuriers du pétrole découvriront, niais et ridicules, que leurs crevettes dorées (dont ils cherchaient le gisement) s’ébattent précisément à la proximité du forage qui va apporter la prospérité à la petite bourgade endormie ! Ah oui, c’est bon de voir les billevesées écologistes aussi ridiculisées et reléguées aux rangs archaïques ! Presque aussi bon que de voir – enfin ! – nos gouvernements se diriger, sans gêne ni ridicule, vers la promotion de l’énergie nucléaire qui, grâce à la prochaine utilisation de la fusion nous assurera une énergie infinie et presque gratuite !
Nuits blanches à Seattle
mardi, janvier 3rd, 2023Rituellement, à l’issue du journal télévisé de 13 heures, TF1 propose aux spectateurs une comédie (romantique, ou dramatique ou policière : peu importe : c’est le même gloubi-glouba). C’est à ce moment là que, forcément, je change de chaîne. Je suppose que si j’étais assidu de ces monuments de pâtisserie plutôt écœurante, je trouverais dans la masse proposée à l’attention des vieillards qui, comme moi, sont à la limite de la sieste digestive, je trouverais, donc, quelque chose d’un peu analogue à Nuits blanches à Seattle. Le mélange niais d’un sujet tragique larmoyant et d’une histoire amoureuse cousue d’une multitude de fils blancs. (suite…)
Punch-Drunk love (Ivre d’amour)
samedi, décembre 31st, 2022Je sais bien que Paul Thomas Anderson est aujourd’hui révéré comme un des meilleurs réalisateurs de notre siècle (qui, soit dit en passant, commence à avoir un peu de bouteille : plus de son cinquième, près de son quart). Un réalisateur dont je n’ai pas vu grand chose et dont le peu que j’ai vu ne m’a pas ébloui : There will be blood plutôt bien mais éparpillé, anarchique, sans cohérence, et même assez souvent ennuyeux. Magnolia foutraque, dispersé, niais ; il est vrai que ce gros gâteau torturé dure plus de trois heures. Avec Punch-Drunk love, le réalisateur est revenu à des durées plus convenables : 97 minutes en comptant un interminable générique final. (suite…)
God’s pocket
mercredi, décembre 28th, 2022Crasseux bazar de Philadelphie.
Un film court, nerveux, rythmé qui pose d’emblée clairement les lieux et les personnages. God’s pocket est un quartier très pourri de Philadelphie. Philadelphie provisoire capitale des balbutiants États-Unis, Philadelphie qui fut prospère, mais dont le centre a été au fil des années abandonné par les classes moyennes fuyant la gangsterisation (plus de 400 homicides annuels ; avec ses 33 morts en 2022, Marseille joue très petit bras, non ?). Donc God’s country quartier minable, sali, rouillé et crasseux, très crasseux. Et habitants de la même nature, qui chapardent, trafiquent, se soûlent consciencieusement, n’essayent même plus de s’en sortir. Simplement de survivre au jour le jour en sachant bien que, sauf miracle qu’on n’attend même plus, la vie sera au moins aussi pourrie demain qu’hier. (suite…)
Salé sucré
mardi, décembre 27th, 2022Un peu mélo, mais…
Drôle d’idée d’aller regarder un film de Taïwan, cette île où jadis se réfugièrent les partisans de Tchang Kaï chek, après la défaite subie en 1949 par les armées de Mao Tsé tung. Une île de Chine, aussi pluvieuse et aussi moche que l’on imagine. Un peu moins crasseuse, seulement, parce que les Étasuniens, qui soutiennent avec force la fiction d’une Chine qui ne l’est pas tout à fait, veulent montrer au monde quelque chose de ripoliné et de présentable. Une fausse Chine, libéralisée avant l’autre, où les jeunes gens, quelques décennies avant ceux du Continent, sont partis faire des études dans les grandes universités mondiales, Harvard ou Yale, avant de revenir faire du fric dans leur île provisoirement ouverte. (suite…)
20000 lieues sous les mers
lundi, décembre 26th, 2022« Homme libre toujours tu chériras la mer… »
Si l’on a dix ou onze ans, ou un peu plus, ou un peu moins, on se régalera de 20000 lieues sous les mers, parce que c’est rythmé, rapide, clair, angoissant et gratifiant tout à la fois, parce que ça fonctionne bien. Comme fonctionnaient toutes les belles machines hollywoodiennes de nos années adolescentes. Car si on a soixante-dix ans, ou davantage, un peu moins, un peu plus, on se régalera de retrouver un film parfaitement semblable au souvenir qu’on pouvait en avoir : exotisme, féerie, angoisse, hauteur de vue, explorations sous-marines, dévouement absolu au chef mystérieux, anéantissement très noble et très bien consenti de tous ceux qui ont suivi ce chef. (suite…)