Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Funny girl

vendredi, décembre 23rd, 2022

Délicieusement filmé et interminable.

C’est un film absolument interminable, à la célébration exclusive de Barbra Streisand, qui est bien oubliée, me semble-t-il, aujourd’hui, mais qui fut une immense vedette mondiale, à la scène et à l’écran. Un étrange visage au nez trop fort, mais qui ne manque pas de charme, pas plus que l’actrice ne manque d’abattage et de talent. Dans ce spectacle fastueux qui a été réalisé avec d’importants moyens par William Wyler, l’actrice occupe tout l’espace, et l’occupe sans doute un peu trop, malgré la qualité des autres interprètes, Omar Sharif et Walter Pidgeon essentiellement.

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On connaît la chanson

lundi, décembre 19th, 2022

Gros malins.

Je ne sais pas qui a eu l’idée la plus idiote de l’histoire du cinéma français : faire intervenir quelques mesures de chansons notoires, de nombreuses époques, de plusieurs esprits, de multiples interprètes dans ce qui aurait pu être une excellente, voire brillante comédie de mœurs. Une de ces comédies qui scrutent, examinent, décortiquent, s’amusent des comportements d’un petit milieu guère défavorisé qui s’agite au milieu des marasmes, troubles, angoisses, dépressions qui sont le lot commun. (suite…)

Scarface

samedi, décembre 17th, 2022

La résistible ascension de Tony Camonte.

Je n’ai regardé l’hommage que Brian De Palma a rendu, en 1986, au film initial, le Scarface de  Howard Hawks, qu’il y a sept ans et je découvre aujourd’hui le film assez mythique qui a eu tant et tant de retentissement. Et j’en suis, sinon déçu, du moins un peu dépité, tant l’original m’aura paru bien inférieur à son brillant remake. Il n’est pas impossible que mes réticences ne soient dues qu’à ma méconnaissance du cinéma étasunien du début des Années 30 et à mon indifférence pour cette ridicule période de la prohibition, vertueuse protestante tentative de modifier, en la punissant, la nature humaine. Exactement ce que cherchent aujourd’hui à accomplir écologistes, wokistes et autres empêcheurs de profiter des si rares plaisirs de la vie. (suite…)

Illusions perdues

jeudi, décembre 15th, 2022

Splendeurs et misères de la vie conjugale.

Voilà bien le genre de films que l’on n’oserait plus tourner aujourd’hui. Les harpies féministes hystériques se posteraient devant les écrans et les déchiquetteraient rageusement, tant l’histoire de Jill Baker (Merle Oberon) est celle d’une gourde à l’esprit faible et à la tête vide qui se jette sottement dans l’aventure. Il n’y a pas à dire, Emma Bovary n’a manqué ni de modèles ni d’imitatrices. Comme les thèmes éternels ne sont pas légion et que, en quelque sorte, les auteurs ne font que broder et rebroder un tissu solide, classique, convenu, on peut s’amuser de retrouver ici et là des orientations, des clins d’œil, des allusions. Voilà qui suffit à amuser le lecteur ou le spectateur qui a un peu ou, mieux, beaucoup de bouteille.

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Novembre

samedi, décembre 10th, 2022

La mort aux trousses.

Mettons tout de suite les choses au point pour les zigotos qui ignoreraient que le film de Cédric Jimenez décrit avec un grand souci d’exactitude les quatre journées qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015. Et rappelons, au cas où il y aurait ici des Martiens, qui n’auraient jamais entendu parler des vicissitudes de notre France, que le 13 novembre est la date des massacres perpétrés par des islamistes fanatiques au stade de France, au Bataclan et sur les terrasses de plusieurs cafés des 10ème et 11ème arrondissements. 132 morts, 500 blessés, des milliers de personnes traumatisées, effarées, épouvantées par la folie furieuse d’une violence inimaginable contre ce que les assassins appellent Infidèles ou Croisés. Vous et moi peut-on dire. (suite…)

Femmes au bord de la crise de nerfs

jeudi, décembre 8th, 2022

Hôtel du libre-échange.

Il y a du talent, dans le cinéma de Pedro Almodovar, mais c’est un talent superficiel, c’est-à-dire, à proprement parler, un talent qui reste à la surface des choses. De l’animation, certes, du rythme et des couleurs, des histoires un peu folles, assez originales pour amuser, sinon intéresser vraiment le spectateur, des actrices bien mises en valeur, des péripéties singulières, ambiguës, originales mais finalement assez vaines. On ne pénètre jamais au cœur des personnages, qui sont des marionnettes banales : elles sont posées dans un décor plutôt douteux, sans qu’on sache jamais ni pourquoi ni comment elles s’y sont mises et on les voit se débattre en agitant leurs petits bras au milieu du marécage où elles s’enfoncent. (suite…)

La fille du marais

mardi, décembre 6th, 2022

Mélodrame sans spiritualité.

La sainteté, tout le monde vous le dira, c’est très difficile non pas seulement à vivre, mais même à faire ressentir. Il y a quelques miracles de spiritualité (évidemment Thérèse d’Alain Cavalier) mais la plupart du temps c’est sur le terreau de vies presque légendaires (tous les péplums qui présentent les débuts du christianisme, du type Quo vadis ? de Mervyn LeRoy)ou celui d’une existence bien connue, qui a laissé de grandes traces dans la culture religieuse populaire. Par exemple Le chant de Bernadette d’Henry King ou Monsieur Vincent de Maurice Cloche. (suite…)

L’île

dimanche, décembre 4th, 2022

Le lichen et la bruyère.

Un film russe. C’est-à-dire excessif, outré, quelquefois grandiloquent, attachant, souvent sublime. Sans qu’il y ait aucun rapport entre les deux histoires et les deux cinéastes, j’ai de temps en temps songé, en regardant L’île de Pavel Lounguine au Barbier de Sibérie de Nikita Mikhalkov. Aucun rapport, si ce n’est celui de l’âme russe que seuls les Français, en Occident, parviennent – rarement, d’ailleurs – à saisir et à aimer. Comment expliquer cela au demeurant ? Une drôle de transmission de pensée, une façon de ne pas regarder le monde comme une usine à faire du fric, mais comme une multiple splendeur divine. (suite…)

Sin city

samedi, décembre 3rd, 2022

D’où viens-tu Johnny ?

La virtuosité technique, à base d’effets spéciaux, de coloriages malins sur un fond tourné en Noir et Blanc, le maniement hystérique de la caméra, à base de zooms frénétiques ne suffisent pas – loin de là !- à donner à ce film d’une violence extrême la moindre structure. D’autant qu’il est ennuyeux au possible, joué par des acteurs honorables, certes, mais qui interprètent des personnages idiots, bas du plafond, qui ne sont préoccupés que de violence anomique et de sexe et d’une durée très excessive : plus de deux heures pour voir, à chaque séquence, à peu près le même condensé fou furieux, sadique, ennuyeux, c’est beaucoup trop, assurément. (suite…)

Nazarin

mardi, novembre 29th, 2022

Humilié et offensé.

Le propos de Luis Bunuel est, comme toujours d’une grande complexité. d’une grande ambiguïté, même. Et il n’est jamais exempt de contradictions internes.

En présentant le pauvre prêtre Nazario (Francisco Rabal) comme pleinement disciple de l’enseignement du Christ, parallèlement en le montrant, dans sa démarche, continuellement victime et perturbateur de l’ordre social, il pense marquer une fois de plus son anticléricalisme farouche. C’est là qu’il se bute à la réalité. (suite…)