Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Marguerite

vendredi, septembre 23rd, 2022

Fragments de paradis.

Je n’imaginais pas que Catherine Frot, parfaite actrice de complément, de second rôle, comme on disait jadis, pût porter aussi bien sur ses épaules le rôle d’une cinglée très sympathique inspirée d’un personnage réel. Une Étasunienne richissime et foldingue, Florence Foster Jenkins qui, dotée d’une voix abominable ne rêvait que d’art lyrique. Et qui, grâce à ses millions, parvenait paraît-il, à se faire entendre lors de matinées huppées où elle glapissait les plus belles œuvres du grand répertoire devant un public qui se retenait de se moquer mais s’empiffrait de grands crus de champagne et de petits fours délicieux. (suite…)

Les violents

mercredi, septembre 21st, 2022

Ron ron, petit patapon !

Assez curieux film, au titre bien médiocre et à l’intrigue excessivement compliquée. Le réalisateur, Henri Calef a tourné un film assez bien fait sur la fin de l’Occupation et le drame d’otages prisonniers, Jéricho. Et il a consciencieusement massacré Les chouans, un des premiers et des plus mauvais romans d’Honoré de Balzac.Calef est un de ces bons artisans du samedi soir qui ont fait florès dans la France tranquille de l’après-guerre. Un ouvrage consciencieux, des acteurs paresseusement dirigés, une intrigue compliquée, une énigme qui se résout à la fin au mieux, après qu’on a tremblé pour les héros. On rentre dans son trois-pièces au cinquième étage sans ascenseur, tout content d’avoir dégusté son esquimau Gervais et son sachet de bonbons Kréma. Et, dès le lendemain, on partira contribuer au miracle économique français. Le plus drôle, c’est que c’est tout à fait ça. (suite…)

Les fleurs de ShanghaÏ

lundi, septembre 19th, 2022

Ennui imbécile et décoratif.

Je suis tombé sur ça un peu par hasard sur un site de VOD. Je n’avais rien d’autre à faire et l’accroche du site qui proposait le film m’émoustillait. Elle évoquait, dans la Chine pourrie de la fin du 19ème siècle, des histoires se passant dans des bordels de qualité, au milieu des fumées de l’opium. Le cochon depuis longtemps endormi en moi, a ouvert à demi un œil las et j’ai commencé à regarder. Le nom du réalisateur, Hou Hsiao-hsien ne me disait évidemment rien mais j’ai lu, dans la traîtresse accroche de présentation qu’il était un notoire metteur en scène taïwanais et qu’il avait présenté son film au festival de Cannes. Ça n’était gage d’absolument rien, mais il se pouvait que, finalement, ce soit une bonne surprise. Les marécages du marketing et la nécessité de convier sur la Croisette d’inutiles films exotiques, si pavés de bonnes intentions qu’ils sont, peuvent quelquefois avoir la main pas trop malheureuse. (suite…)

La prise de pouvoir par Louis XIV

mercredi, septembre 14th, 2022

Le soleil, ni la mort…

Et voilà qu’à un moment vers 1961, 1962, le grand, l’immense Roberto Rossellini quitte à peu près définitivement le cinéma des écrans, le cinéma qui lui a permis de réaliser d’étonnants et arides chefs-d’œuvre : Rome ville ouvertePaïsaAllemagne année zéroStromboliEurope 51. Ça ne l’intéresse plus, désormais. D’ailleurs, il n’a jamais aimé les acteurs. Et il est vrai qu’avoir vécu avec des personnalités comme Anna Magnani (la brûlante) et Ingrid Bergman (le feu sous la cendre) conduit à penser que les anonymes peuvent bien être suffisants pour un film que le réalisateur illuminera. (suite…)

La Cosa

mardi, septembre 13th, 2022

Pour public averti.

Voilà qui n’est pas à mettre devant tous les yeux. Et cela non pas du fait d’images choquantes, vulgaires, cruelles ou pornographiques (sauf à étendre ces notions très loin !) ! Mais parce que 59 minutes consacrées, en plans quasiment tous frontaux, à l’expression de militants communistes italiens convoqués par leurs cellules à s’exprimer sur les propositions du Parti qui seront adoptées au Congrès de Bologne de mars 1990, peut ne pas présenter beaucoup d’intérêt pour la plupart. Sauf pour les maboules comme moi qui sont fascinés par le sort des partis communistes occidentaux. (suite…)

Jason et les Argonautes

lundi, septembre 12th, 2022

Les pères de notre esprit et de notre goût.

Si l’on n’est pas ici attiré par le nom révéré de tous les amateurs d’effets spéciaux de Ray Harryhausen, on peut tout à fait passer son tour. Non que le film soit désagréable, loin de là ! Déjà les paysages sublimes et très bien mis en valeur des îles sèches de la Méditerranée valent le regard. Puis la beauté de certains décors, notamment l’intérieur du temple de la déesse Hécate, trouble, chatoyant, angoissant. Enfin la fidélité (relative) au mythe très archaïque de la quête de la Toison d’Or par une bande de reîtres prête à tout.

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Trois couleurs : Rouge

samedi, septembre 10th, 2022

L’aile du papillon.

Je me rends compte que je ne connais pas tellement le cinéma de Krzysztof Kieslowski. Parce que, filmant les rudes conditions de la Pologne accablée du communisme, il me rebutait ? Parce que, changeant de ton et de manière, il commençait à réaliser des films trop complexes et originaux ? Parce que la brusque, presque brutale faveur de l’Occident l’avait saisi et promu au sommet, l’avait adulé ? Parce que, son œuvre accomplie, il l’avait conclue en décidant de se retirer des écrans, puis en se faisant manger par de sales problèmes cardiaques qui auront sa peau assez vite, en 1996, à l’âge peu respectable de 54 ans ? Un peu de tout ça et surtout une sotte réticence à aller découvrir autre chose que ce qui existe. (suite…)

Jambon, jambon

vendredi, septembre 9th, 2022

Batailles dans la sierra.

C’est peu dire que je n’ai pas pour l’Espagne les mêmes affinités électives que pour l’Italie. Et je crains que l’incompréhension que je ressens pour les comportements et les mœurs d’Outre-Pyrénées ne s’étende à son cinéma. Il est bien vrai que je connais infiniment moins le cinéma ibérique, beaucoup moins diffusé et construit par des réalisateurs moins notoires que l’autre et que si je m’y émergeais je trouverais sûrement des pépites. Il est vrai aussi que je nourris beaucoup d’admiration pour son réalisateur sans doute le plus important, Luis Bunuel, évidemment qui a réussi une carrière chaotique, mais internationale et couronnée de quelques grands films (Los OlvidadosBelle de  jourLe charme discret de la bourgeoisie, par exemple).

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Celui qui doit mourir

vendredi, septembre 9th, 2022

Είναι ζωντανός (Eínai zontanós) Il est vivant.

C’est là un film souvent rude et bouleversant, qui donne quelques coups de poing dans l’estomac au chrétien que je suis. Qui fait méditer sur les dérives des hommes, leur dureté, la distance qu’ils prennent trop souvent avec les convictions qu’ils affichent ou même qu’ils professent. Mais aussi sur l’apparent Silence de Dieu et enfin sur les territoires quelquefois brouillés, confus, difficiles à discerner entre l’Ordre et le Désordre, entre Créon et Antigone. Éternelle et obsédante question tellement difficile à résoudre ou même à poser. (suite…)

Ce soir les souris dansent

vendredi, septembre 2nd, 2022

On boira de la manzanilla.

Comment ce film ridicule d’un réalisateur espagnol inconnu m’est-il arrivé entre les mains ? Nécessité, dans une boutique qui solde des DVD de compléter mes emplettes ? Tout petit prix proposé sur un site de discompte ? Autre occurrence ? Je n’en ai aucun souvenir ; et d’ailleurs c’est bien préférable puisque que ça me permet de ne pas trop pleurnicher sur la décadence de mes facultés intellectuelles qui m’ont conduit à regarder cet épouvantable navet pendant plus d’une heure et demie. C’est comme ça, ça permet de constater le peu de prise que l’on a sur sa propre vie, puisque de ces instants si limités qui sont les nôtres, quand on s’approche de leur fin on parvient pourtant à en perdre une certaine partie. (suite…)