Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Sleepers

jeudi, septembre 1st, 2022

La joie de vivre !

Quatre garnements audacieux, virevoltants, inséparables, audacieux, dans un quartier blanc pourri de New-York en 1967. Quatre gamins d’origine irlandaise ou italienne, dont les parents n’ont pas beaucoup de sous, dont les familles, sans éclater, ne sont pas des havres de paix. Le havre, ils le trouvent à l’église où Robert Carillo (Robert De Niro), un prêtre intelligent, ouvert, aux mains généreuses et ouvertes. Carillo, qui fut plus avant bien proche d’être une canaille et un tueur, veille sur eux avec tendresse, anxiété, subtilité. Des garnements, donc, un peu truqueurs, un peu voleurs, qui grandissent sous l’œil bienveillant du prêtre mais aussi sous celui du Parrain du quartier King Benny (Vittorio Gassman) qui les couve affectueusement : après tous, quand ils seront un peu plus âgés, il pourra toujours les enrôler dans ses trafics. (suite…)

Opération peur

lundi, août 29th, 2022

Petite musique de nuit.

Ne se fier en aucun cas au titre allemand (!) du film de Mario Bava qui est Die toten Augen des Dr. Dracula (Les yeux fermés du Docteur Dracula), qui est complétement stupide et fallacieux, mais déplorer que les titres italien et français, Opération peur soient si ternes. Déplorer que Bava ait eu aussi peu de moyens et de temps pour réaliser le film mais se féliciter que son talent ait su transcender ces handicaps en le poussant à de nombreuses innovations ingénieuses. Surtout apprécier l’originalité réelle du scénario et goûter retrouver là le cinéaste que l’on aime, ce créateur d’atmosphères angoissantes et d’ambiances troubles. (suite…)

Ennio

samedi, août 27th, 2022

Si proche de la grâce…

Avec les diverses Germanies, il n’est pas contestable que l’Italie est le pays de la musique. Et il serait bien extraordinaire que ce pays enchanté n’ait pas donné au cinéma, l’art nouveau et majeur du 20ème siècle de merveilleux animateurs, compositeurs de musiques de films. On citera beaucoup Nino Rota, qui a fait sa carrière avec Federico Fellini, qui n’est pas du tout désagréable, dont pourtant les mélodies sont minimales, mais il faut évoquer d’autres grands noms. Sans aller chercher trop loin, en voici d’autres, avec leurs compositions que je préfère d’eux : Claudio Gizzi (Du sang pour Dracula), Carlo Rustichelli (Mes chers amis), Riz Ortolani (Cannibal holocaust). Des compositions superbes, assurément. (suite…)

JLG/JLG

samedi, août 27th, 2022

Accablant, inutile, exaspérant.

Je crois bien que c’est là le premier film de Jean-Luc Godard d’après 68 que je regarde ; depuis que, grisé par les fariboles et la stupidité arrogante de Mai 68, il a quitté ce qu’on pourrait appeler le cinéma des spectateurs. Remarquez bien que ses films d’avant, même À bout de souffle, même Le mépris, les films de Godard qu’aiment ceux qui n’aiment pas Godard ne m’ont jamais paru valoir tripette et que la prétention, la suffisance, le nombrilisme du bonhomme m’ont toujours paru de mauvais aloi. Mais il y avait donc pire que Pierrot le fouDeux ou trois choses que je sais d’elle ou La Chinoise. Il y avait ce qui s’est passé après la crise de conscience maoïste grotesque (pléonasme, non ?). (suite…)

As bestas

jeudi, août 25th, 2022

La douceur du village.

Film fort, tendu, puissant. On pourrait écrire aussi sauvage en évoquant le décor, un hameau perdu de l’intérieur de la province de Galice, à l’extrême nord-ouest de l’Espagne. Décor à la fois grandiose et sombre à l’image des montagnes et des forêts qui l’entourent, aussi sordide, boueux, crasseux comme le sont les rudes maisons, les chemins escarpés, le ciel presque toujours couvert. Austère et rugueuse Espagne ; on retrouve dans As bestas la même sévérité, le soleil en moins, que dans Terre sans pain, un des premiers films de Luis Bunuel tourné plus au sud, en Estrémadure.

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La messe est finie

mardi, août 23rd, 2022

Journal d’un prêtre un peu las.

Drôlement intéressant et drôlement bancal, ce film qui décrit avec talent la vie sans particulier éclat d’un jeune prêtre italien en 1985 ; un jeune prêtre confronté à toutes les dures réalités de l’existence, qui laissent bien peu de place aux idéaux. Dix ans auparavant, d’ailleurs, ce jeune prêtre, Giulio (Nanni Moretti, le réalisateur du film lui-même)et sa bande d’amis romains vivaient des espérances révolutionnaires, prétendaient changer le monde par la Révolution, ce mot absurde et passe-partout où l’on met tout ce qu’on ne sait pas dire, à part sa rage et son feu intérieur. Après un ministère dans une jolie île rieuse du sud de l’Italie, Giulio est rappelé à Rome pour desservir une paroisse de la lointaine banlieue. (suite…)

Wassup rockers

vendredi, août 19th, 2022

Latinos du ghetto.

J’avais assez apprécié Bully, film le plus notoire (je pense) du réalisateur Larry Clark qui présentait la dérive criminelle d’adolescents désœuvrés, dérive qui allait les conduire à l’assassinat de l’un d’entre eux, celui qui les dominait et les brimait. Film dur, mais bien construit, bien filmé, à la fois glaçant et très intéressant. Les personnages de Wassup Rockers ne sont pas si pervers, si cruels, si terrifiants. On pourrait même presque dire qu’ils sont le contraire si, issus d’un ghetto sordide de Los Angeles, il n’étaient démunis à peu près de tout langage articulé, de toute inclination pour le travail et s’ils n’avaient cette regrettable habitude de traiter les filles – qui le leur rendent bien – comme des mecs. Ils ne fichent rien, passent leur temps à jouer une musique hystérique et inaudible à base de hurlements et de sonos poussées à fond, à parler de leur sexualité ; sexualité adolescente, puisqu’ils ont entre 13 et 15 ans et diversement conduite, certains ayant plus ou moins de succès et plus ou moins d’audace que d’autres. (suite…)

La dernière chance (Fat city)

vendredi, août 19th, 2022

La sauvagerie, en majuscules.

Je n’ai jamais pu résister, à chaque fois que j’ai regardé un film sur la boxe, de dire toute ma répugnance devant cette activité barbare ; une activité qui consiste, rappelons-nous toujours, à mettre par la violence des coups, le cerveau en court-circuit, ce qui crée naturellement des dommages irréversibles. Parallèlement il faut bien admettre que le cinéma s’est emparé de ce spectacle avec délectation et a présenté avec abondance sa dramaturgie réelle ou supposée. La page Wikipédia qui lui est consacrée compte 101 références et a dû en oublier bon nombre puisque je n’y ai pas trouvé l’intéressant Air de Paris de Marcel Carné avec Jean Gabin et Roland Lesaffre. (suite…)

Gothika

dimanche, août 7th, 2022

Vilaine fille, mauvais garçons.

Une – une seule – bonne idée peut-elle suffire à porter un film qui se veut d’épouvante ? Pourquoi non si cette idée est creusée, enluminée, exposée et parvient à irriguer tout l’espace… Si elle chatoie, séduit, finit par intriguer, inquiéter, glacer ? Le reste est l’affaire de technique, de photographie, d’acteurs et d’actrices. Et on peut même supporter les tics de réalisation d’un metteur en scène qui fait joujou avec les beaux outils que le cinéma d’aujourd’hui offre : caméras intrusives, atmosphères savamment éclairées, virtuosité des mouvements de caméra. Et ce qu’il a depuis longtemps offert, mais dont il ne faut pas pour autant abuser : plongées, contre-plongées, gros plans très gros, coups de zoom, caméra à l’épaule, etc. De meilleurs connaisseurs des techniques que moi pourront compléter. (suite…)

La nuit du 12

samedi, août 6th, 2022

L’ombre d’un doute.

12 octobre 2016. Une soirée rieuse entre copines dans la petite ville industrielle de Saint-Jean de Maurienne en Savoie. Dans la nuit, mais pas très tard, Clara Royer (Lula Cotton-Frapier) rentre chez elle, seule. Rues vides de la bourgade. Un type qui surgit devant elle, ne dit pas un mot, l’inonde d’essence, craque son briquet. L’enflamme. L’épouvante. Au matin un pauvre corps carbonisé. L’enquête commence. On le sait, par un carton inséré au début du film, elle n’aboutira pas. Inspirée de faits réels, elle fera partie des 20% qui n’auront pas d’issue, qui demeureront sans solution. Glaçant. (suite…)