Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Silence

mercredi, août 14th, 2024

Des mondes parallèles.

Je viens simplement de découvrir ce Silence de Masahiro Shinoda, sorti en 1971, adapté d’un roman de Shusaku Endo qui est, paraît-il, un grand écrivain catholique de la trempe de Georges Bernanos ou de Graham Greene.Je ne peux pas pour autant m’abstraire de l’émotion profonde et du bouleversement intérieur que le film de Martin Scorsese avaient suscité en 2016, tant ce regard absolument intelligent détonait sur la masse grouillante des films du quotidien. (suite…)

Elle court, elle court, la banlieue…

mardi, juillet 23rd, 2024

Ça n’a (presque) pas pris une ride.

Je me suis toujours demandé pourquoi la délicieuse Marthe Keller n’avait pas accompli un parcours plus éclatant, tant son charme lumineux, sa beauté souple, la qualité de son jeu semblaient la promettre à une carrière internationale superbe. L’ami Verdun, qui partage mon goût pour la belle actrice, m’a exposé (sur le fil des Caprices de Marie), que c’est sans doute une certaine dispersion de ses talents qui l’avait un peu confinée à une notoriété modeste. Je crois qu’il a raison ; d’autant que l’enfermement dans le feuilleton télévisé à succès La demoiselle d’Avignon l’a aussi cornérisée (comme on dit au football). N’empêche qu’elle était magnifique dans Le diable par la queue (1968) et, précisément Les caprices de Marie (1970), l’un et l’autre film de Philippe de Broca (qui était alors son compagnon), ou dans Marathon man (1976) de John Schlesinger. Mais depuis lors, dans le bien banal Fedora (1978) de Billy Wilder, elle n’est pas parvenue à hausser le niveau du film. (suite…)

Donne moi tes yeux

samedi, juillet 20th, 2024
Mais qu’est-ce qui vous prend, Sacha ?
Tous les films de Sacha Guitry n’ont évidemment pas la même importance et la même qualité. Et ceci même si dans tous ceux que j’ai vus (c’est-à-dire la plupart), il y a toujours, ici ou là, un mot, une situation, une attitude qui ravissent. Mais enfin, comme presque tout le monde, il peut alterner des merveilles (Le roman d’un tricheurFaisons un rêveLes perles de la couronneLa poison) avec des insignifiances (Le mot de CambronneQuadrilleDésirée Clary), sans même évoquer les délicieuses grandes machines historiques (Remontons les Champs-ÉlyséesLe diable boiteuxSi Versailles m’était conté).

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Le chêne d’Allouville

vendredi, juillet 19th, 2024

Franchouillardise prémonitoire.

Pour être bien sincère, je me suis toujours délecté des abominables et délicieux nanars des années 30, 40 et 50, parce qu’ils me montraient le monde que je n’ai pas connu, ou à peine, mais qui était celui dont mes parents m’avaient parlé, ne serait-ce que discrètement ou sans y attacher la moindre importance. Mais je me suis toujours tenu très éloigné des catastrophes cinématographiques suivantes. L’affreuse nullité de Mais où est donc passée la 7e compagnie ? (1973) du pourtant si excellent Robert Lamoureux avec ses pires séquelles, les abominations de Philippe Clair, par exemple La brigade en folie (1973) – rien que le titre ! -, l’immonde succès de La soupe aux choux (1981) de Jean Girault, la notoriété de Mon curé chez les nudistes (1982) de Robert Thomas… et dix, cent autres films avec les Charlots, par exemple, voilà qui me portait au cœur. (suite…)

Les guerriers de la nuit

vendredi, juillet 19th, 2024

Flinguez-moi tout ça !

C’est une sorte de jeu vidéo assez intelligemment composé où des gangs de crapules new-yorkaises qui ont failli être réunies par un leader charismatique Cyrus (Roger Hill), patron de la bande importante des Riffssont dévastées par l’assassinat de leur leader et cherchent à se venger sur le gang jugé coupable. Au fait, dans l’esprit, on peut tout à fait se féliciter que Cyrus ait été abattu, puisqu’il était en train d’annoncer aux diverses coteries qu’elles étaient les armées de la nuit, capables de réunir 100.000 combattants, là où la police de New-York ne peut en présenter que beaucoup moins. Les portes étaient donc ouvertes à l’anarchie et au pillage des honnêtes gens. (suite…)

L’embuscade

mercredi, juillet 17th, 2024

La vie est dure.

Voilà un mélodrame qui n’est pas trop larmoyant, alors qu’il s’appuie, pourtant, sur des recettes éprouvées : des secrets de famille, un homme de fer qui s’est fait tout seul et qui dirige de main de maître une importante usine automobile, un jeune homme de grande intelligence mais très malheureux et – ce qui est hardi en 1941, lorsque le film a été présenté sur les écrans – un inceste possible entre une très jeune fille et le jeune homme intelligent qui est, en fait, son demi-frère. Voilà des ingrédients d’une banalité relative que l’on mixe avec une certaine habileté et qui donnent, en fin de compte, un film très acceptable. (suite…)

Marie des Isles

lundi, juillet 15th, 2024

Jolie fille, tu as de la chance !

Robert Gaillard était, dans les années 50 et 60, un des grands producteurs de sagas historico-érotiques, comme l’ont été, à peu près à la même époque (un peu auparavant), les récits du couple Golon (Anne et Serge), auteurs de la série des Angélique, marquise des anges. Mais il est certain que Marie des Isles n’a pas eu – et de loin – la même notoriété. Pour n’avoir pas lu les quatre volumes de Marie et seulement cinq ou six des treize (!!!!) d’Angélique, je ne puis dire si le fond romanesque est ici meilleur que là. Mais en tout cas le film – le seul – adapté de Gaillard par Georges Combret ne vaut pas tripette par rapport à la série illustrée par Bernard Borderie. (suite…)

Le visiteur

lundi, juillet 15th, 2024

Pour les siècles des siècles.

Le Concile Vatican II s’est déroulé d’octobre 1962 à décembre 1965 à l’initiative de Saint Jean XXIII. C’est peu dire qu’il a apporté de très notables changements à la liturgie catholique traditionnelle. Dans les années qui ont suivi sa clôture, sous Saint Paul VI, transformations introduites ont suscité, ici et là, des dérives quelquefois très profondes et significatives, allant toutes dans le sens de la diminution de la sacralité de l’Église, au bénéfice d’une bienveillance universaliste qui ne permettait en rien de distinguer le christianisme d’un humanisme passe-partout.

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La gorgone

vendredi, juillet 12th, 2024

Sombres forêts de Germanie.

Mon Dieu, qu’ils étaient excellents, les films de la Hammer, reconnaissables entre tous grâce à leurs costumes, à leurs décors, à la façon dont les images étaient filmées, graves, belles, menaçantes, diurnes ou nocturnes mais toujours angoissantes ! Mon Dieu, combien il y avait d’inventivité, de subtilité, d’élégance dans les récits que cette grande maison offrait à ses innombrables admirateurs qui s’appuyaient sur le talent de grands acteurs, Christopher Lee et Peter Cushing. Et dans La gorgone les deux vedettes sont là, qu’on peut juger presque à contre-emploi, Lee en bon, Cushing en méchant ! Et en fait ce n’est pas si simple que ça. (suite…)

Mademoiselle s’amuse

jeudi, juillet 11th, 2024

Le charme des vieilles troupes.

Les orchestres à sketches, étaient très à la mode, avant la Guerre et parmi eux, en France, aucun, malgré les succès de Fred Adison ou de Jo Bouillon (plus tard ceux de Jacques Hélian ou d’Aimé Barelli), n’avait le même succès que celui de Ray Ventura. Par parenthèse, on peut bien regretter, tant le genre était gai, drôle et chaleureux qu’il ait disparu presque malgré les succès du Grand orchestre du Splendid en France, entre 1977 et 1990 et de Max Raabe und das Palast Orchester en Allemagne aujourd’hui. Mais la présence d’une vingtaine d’interprètes sur la scène rend de nos jours l’exercice économiquement très difficile. (suite…)