Je me suis souvent dit, dans ma longue carrière de cinéphage, qu’il devait bien exister quelque part des films plus prétentieux, plus ennuyeux, plus soporifiques que ceux d’Ingmar Bergman ou de Michelangelo Antonioni que je tiens, avec une mauvaise foi indéniable, pour des enquiquineurs patentés ; et cela alors (que je sois sincère, pour une fois) qu’il leur est arrivé de tourner des trucs à peu près regardables. Eh bien voilà que j’ai trouvé l’insurpassable, l’introuvable, l’abominable long métrage devant quoi je viens de passer 1h39 de ma vie en me demandant à chaque minute si je n’étais pas un peu cinglé de perdre ces minutes là, compte tenu du peu de temps qui me reste à passer sur cette vallée de larmes. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Few of Us
jeudi, mai 12th, 2022La beauté du monde
mercredi, mai 11th, 2022Dans le paysage friqué et formaté à la fois pour les soirées du dimanche soir de TF1 ou pour les sorties confidentielles dans les salles inconfortables du Quartier latin soutenues par Télérama, Cheyenne Carron poursuit son joli bonhomme de chemin. J’allais écrire sans rien demander à personne. En fait, si, elle demande à chaque fois l’aide du CNC (Centre national de la cinématographie) qui, rituellement lui refuse le moindre concours. Alors, en bouclant ses films avec des bouts de ficelle, en réalisant des miracles, en faisant désormais un peu appel aux financements collaboratifs, en choisissant des interprètes débutants ou peu connus qu’elle ne peut rémunérer mais qui acquièrent ainsi à la fois un peu d’expérience et une ligne de plus à leur CV, elle tourne chaque année. (suite…)
Mes chers amis n°2
dimanche, mai 8th, 2022Il y a bien longtemps, bien longtemps que j’attendais de revoir Mes chers amis 2 qui, à la suite du merveilleux premier volet, m’avait paru ne pas déroger beaucoup à la férocité sarcastique (et quelquefois désespérée) qui fait tellement l’essence des films de bande. D’abord j’avais conservé le premier épisode enregistré sur une VHS gélatineuse capté lors d’une diffusion télévisée et puis en 2013 un DVD honnête est sorti. Mais il n’y avait pas la moindre trace, moins encore la moindre espérance pour le n°2. Et puis voilà le miracle qui se réalise grâce à un ami qui a, en quelque sorte, des pouvoirs magiques et détient des trésors de films absurdement jamais réédités. (suite…)
Nanouk l’esquimau
jeudi, mai 5th, 2022Un moyen métrage du temps du cinéma muet qui, malgré les années, demeure tout à fait intéressant. Varié, bien rythmé, didactique, expliquant avec soin et pédagogie dans de nombreux cartons l’existence quotidienne des pauvres gens qui ont le malheur de s’être arrêtés, lors des grandes migrations antédiluviennes (ou presque) dans les territoires glaciaires. Car Nanouk l’esquimau et toute sa famille vivent – ou survivent, pourrait-on dire – au nord du Canada, dans la baie d’Hudson, à la limite de l’océan glacial arctique. À dire vrai, lorsque je regarde la multiple splendeur du monde et les merveilles tendres qu’il recèle, je m’interroge toujours sur ce point. Peu importe. (suite…)
Gladiator
jeudi, mai 5th, 2022Il n’y a pas à dire, c’est de la belle ouvrage. Beaucoup de moyens, des décors superbes, une qualité d’images impeccable, une musique réussie, de la haine, de l’amour, de la violence, du sang, des horreurs et des malheurs. C’est un film formaté pour un triomphe mondial – ce qui a été le cas – et ce n’est pas là un reproche ; je dirai même qu’il n’est pas mauvais que les milliards d’habitants de notre petite planète puissent, d’une certaine façon, acquérir des références communes. Même si ces références sont passées au trébuchet d’Hollywood, cette marmite tonitruante où l’Histoire, la grande Histoire, est lavée, relavée, essorée, séchée, repassée, mise sous un impeccable emballage… (suite…)
Ice storm
mardi, mai 3rd, 2022Il faut reconnaître au réalisateur taïwanais Ang Lee la qualité – si c’en est une – de s’être parfaitement fondu dans le moule culturel cosmopolite d’Hollywood. Et donc d’être tout à fait capable de réaliser un film solidement composé, sans aspérités particulières, habilement mené, bien rythmé, qui n’ennuie jamais. Et surtout où l’on identifie facilement les personnages et où on suit l’entrecroisement des histoires qui en forment la trame. A contrario on pourrait dire, en s’appuyant sur ces qualités reconnues, que Ice storm manque de flamme et du brin de folie qui l’aurait fait passer en classe supérieure. (suite…)
Le Cardinal
samedi, avril 30th, 2022Le festival des cas de conscience.
Trois heures bien tassées pour l’adaptation d’un de ces gros romans étasuniens élaborés sous l’emprise des ateliers d’écriture. Des romans où il ne manque ni un retournement de situation, ni une scène larmoyante, ni un cas de conscience qui vous glace dans votre siège (en vous interrogeant sur ce que vous, vous auriez fait). Qui, aussi, vont chercher les remugles de l’Histoire pour les exhiber devant le spectateur indigné des exactions racistes du Ku-Klux-Klan et des hystériques du national-socialisme allemand. On met un peu de tout dans la centrifugeuse : histoires d’amour contrariées ou vaines, tutoiements de l’Histoire, choc des volontés, mystères du Vatican. Il ne manque que la cerise confite pour emballer le chaland. (suite…)
Tromperie
jeudi, avril 28th, 2022Heureusement on ne s’aimait pas…
Tromperie ? Jamais un film n’a si bien porté son nom.
Arnaud Desplechin est un cinéaste reconnu et célébré par toute la critique sérieuse, celle de Télérama ou des Inrockuptibles ; vous savez, ces magazines qui ouvrent chaque année des gouffres financiers toujours plus béants, mais que la bienveillance de quelques milliardaires capitalistes maintient à flot, alors qu’ils se veulent à l’avant-garde de toutes les révoltes, toutes les rebellions, toutes les insoumissions. D’ailleurs Desplechin est un partisan enthousiaste de tous les migrants qui viennent s’installer illégalement sur le sol français. Comme il ne manque pas d’air il a été un soutien actif de la fameuse Léonarda, cette jeune Kosovare expulsée avec sa famille et avec qui le fumeux François Hollande avait échangé un coup de téléphone qui avait rempli à peu près tout le monde de honte devant cet abaissement consenti de la fonction présidentielle.
L’île nue
mardi, avril 26th, 2022Il me semble être assez bienveillant en donnant la moyenne à un film beaucoup trop long pour la minceur de son sujet ; et qui plus est répétitif et hiératique. Porté par un thème musical d’Hikaru Hayashi obsédant et réussi, qui rencontra un extraordinaire succès en Occident, l’exercice de style du réalisateur nippon Kaneto Shindô, qui n’est connu que pour ça demeure un truc bizarre, qui ne manque pas d’intérêt, mais qui en perd beaucoup au fur et à mesure qu’il se déroule et reprend ses propres séquences. Au demeurant, c’est très bien filmé et les images de ces tristes enfants nippons peuvent souvent être bien belles. (suite…)
Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été
mardi, avril 26th, 2022Faut-il réduire les femmes en esclavage ?
Quand on a un peu de bouteille, d’expérience, dans le domaine du cinéma, on retrouve sans grand mal les bases théoriques du film. Deux êtres, absolument différents, absolument clivés par les choses de la vie, à la faveur de circonstances à peu près invraisemblables, se trouvent l’un en face de l’autre. Et là, plus rien n’est pareil et une sorte de pulsion charnelle, primale, en fin de compte animale les jette l’un vers l’autre. Mais la civilisation, ses pompes et ses œuvres, ses contraintes, ses tristesses et ses plaisirs est là pour bien montrer le chemin qu’il faut prendre. Rien que de banal.