Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Phenomena

samedi, avril 23rd, 2022

La princesse des mouches.

On sait bien qu’avec Dario Argento il ne faut pas s’attendre à un récit d’horreur bien bâti, cohérent, architecturé. Il y a toujours des confusions, des impasses, des chemins sans issues, ce qui n’est pas bien embêtant, mais surtout des chemins qui s’interrompent brusquement sans que leur tracé soit exploité par le réalisateur. Si, de façon méticuleuse et un peu pionne on se mettait, le stylo à la main, à noter toutes les absurdités, impossibilités, négligences du scénario, on pourrait remplir des carnets entiers. C’est ainsi. Le metteur en scène se fiche un peu du récit, de l’épaisseur des personnages, de leur psychologie et même de leurs rapports. (suite…)

Les aristocrates

vendredi, avril 22nd, 2022

La croisée des chemins.

Le marquis de Maubrun (Pierre Fresnay) est l’héritier d’un des plus grands noms de France. Les portraits de ses ancêtres qui tous ont servi l’État à de hauts postes et dans de lourdes charges ornent les murs de son château bourguignon. Il a perdu sa femme quelques années auparavant. Vivent avec lui dans la belle demeure décrépite, mais qui a beaucoup d’allure, sa belle-sœur, Tante Mathilde (Yolande Laffon), vieille fille confite en dévotions et rêveries, Gontran (Alain Quercy), un grand garçon robuste qui s’occupe (un peu) du domaine, les deux jumeaux Osmond (Philippe Rosen) et Louis-César (Olivier de Tissot), gamins espiègles inséparables  qui doivent avoir une douzaine d’années et Daisy (Brigitte Auber), la grande jeune fille. (suite…)

Ego

jeudi, avril 21st, 2022

Des racines et des ailes.

L’effort d’originalité est tout à fait méritoire. Le scénario de Ego est dû à Ilja Rautsi, dont j’ignore tout, mais dont je découvre qu’il est spécialiste du genre. La réalisatrice s’appelle Hanna Bergholm est n’est pas plus notoire. Il est vrai qu’il s’agit là de cinéastes finlandais qui n’ont sûrement pas coutume d’envahir les écrans du monde entier. Helsinki n’est pas Hollywood et, à part Aki Kaurismäki qui en a jamais entendu parler ?

 

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Le masque arraché

mercredi, avril 20th, 2022

La fièvre dans le sang.

Que demander de plus à un film noir étasunien de 1952 que de partir à toute allure, de continuer sur le même tempo et d’accélérer encore dans son dernier tiers ? Tout cela en caractérisant bien les personnages, en montrant les méchants comme de vrais méchants, en exposant au premier plan les diverses traîtrises, en faisant monter les tensions et, in fine, en punissant les salauds grâce à une sorte de justice immanente ? Et ceci quoique la survivante malheureuse, objet des duperies et des embrouilles, reparte seule et désolée vers le reste d’une vie qu’elle passera sûrement avec au cœur une grande amertume ? (suite…)

Jésus de Nazareth

lundi, avril 18th, 2022

Une histoire immortelle.

Presque six heures et demie pour conter l’immense aventure des quatre évangiles, en essayant d’y inclure à la fois toutes les péripéties de la vie de Jésus de Nazareth et la force nouvelle de son enseignement, ce n’est pas excessif.

Surtout lorsqu’on divise le propos en quatre épisodes télévisés, que l’on prend tout le temps qu’il faut, sans abuser le moins du monde d’ellipses et d’allusions.

La série a d’ailleurs, paraît-il, connu un immense succès international. (suite…)

Notre-Dame de la Mouise

jeudi, avril 14th, 2022

« Le Christ dans la banlieue »

Voilà un film qui marque bien clairement – presque naïvement – son propos ; un film qui révulserait la bien-pensance d’aujourd’hui, puisqu’il emprunte tous les codes de la bien-pensance d’avant-hier. Un film bien intéressant de ce fait, d’ailleurs. Un jeune prêtre, l’abbé Vincent (François Rozet), vicaire d’une opulente paroisse parisienne, obtient de ses supérieurs d’aller évangéliser un des pires coins de la banlieue, La Californie (ainsi nommée par antiphrase) dans la fameuse Zone qui s’est établie sur les fortifications démolies et où métastasent les bidonvilles. (suite…)

Ran

lundi, avril 11th, 2022

Stupeur et tremblements.

C’est sans doute le meilleur film japonais que j’ai vu. Il est vrai que je n’en ai peut-être regardé moins que dix de toute ma vie, rebuté par l’éloignement civilisationnel, mais aussi par les éructations d’une des plus laides et les moins euphoniques langues du monde (à égalité avec le néerlandais). Quelle différence avec les belles mélodies françaises, italiennes ou russes ! On a l’impression que tous les personnages du film ne cessent de s’invectiver. Et dans ce monde-là, il semble qu’il n’y ait pas de place pour la douceur ou pour l’humour ou pour le sourire… (suite…)

Les poings dans les poches

vendredi, avril 8th, 2022

Pensum maoïste.

Marco Bellocchio eut quelque notoriété jadis, bien jadis, dans les ciné-clubs militants où anarchistes, communistes radicaux, trotskistes et surtout maoïstes commençaient à faire chauffer la bouilloire de Mai 68. Je me rappelle bien quelques discussions fiévreuses sur la nécessaire suppression de la société bourgeoise et l’éradication de la famille patriarcale qui s’appuyaient sur Les poings dans les poches. Comme pour ma part je ne connaissais d’autre société que bourgeoise, sinon la société prolétarienne qui conduisait aux superbes réussites de l’Union soviétique et de la Chine populaire, comme ma famille – et celles des camarades que je connaissais – me semblait un foyer protecteur et ennoblissant, je m’étais soigneusement gardé d’aller voir ce brûlot engagé. (suite…)

Cartel

mercredi, avril 6th, 2022

Inéluctable.

Entre autres mérites, Cartel aurait toujours eu celui de mettre à bas les illusions de ceux qui pensent qu’on pourra un jour venir à bout du trafic de drogue autrement qu’en en légalisant totalement l’usage et la vente libre. J’emploie le conditionnel puisqu’il me semble évident qu’aucun gouvernement n’a envisagé – et n’envisagera jamais – cette solution extrême qui serait évidemment l’aveu d’une défaite absolue du Bien contre le Mal. Mais enfin, mon petit doigt me dit que l’absurde prohibition imposée aux vertueux États-Unis entre 1920 et 1933 et levée à bas bruit était une défaite du même genre. (suite…)

Secrets et mensonges

vendredi, avril 1st, 2022

Les aventures des gens de peu.

Elle a de l’allure, de la distinction, elle est paisible et parfaitement insérée dans la société britannique de la fin du siècle dernier. Elle est opticienne, elle vit seule, elle vient de perdre sa mère adoptive. Elle est noire, elle s’appelle Hortense (Marianne Jean-Baptiste) et, presque sur un coup de tête, sans besoin identitaire précis, elle décide de retrouver sa mère biologique, sa génitrice, qui l’a abandonnée à sa naissance. Curiosité plus que besoin : son équilibre personnel n’a pas besoin de davantage. Mais enfin, dans une vie sans doute un peu vide, elle se prend au jeu, elle cherche.

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