Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

La loi

samedi, mars 26th, 2022

La chatte sur un toit brûlant.

Merveilleux romancier désinvolte, dandy hédoniste et drogué, Roger Vailland avait été brisé par la révélation des crimes du stalinisme par Nikita Krouchtchev lors du XXème Congrès du Parti communiste soviétique en février 1956. C’est sans doute pour cela qu’il a changé radicalement l’orientation de ses romans, jusqu’alors bâtis sur l’idéologie de la lutte des classes. Avec La loi, qui reçut le Prix Goncourt en 1957, il substituait les rapports féodaux aux rapports sociaux modernes. Et c’est naturellement qu’il situait son intrigue dans une région européenne où l’archaïsme féodal pesait encore. (suite…)

Maigret

vendredi, mars 25th, 2022

La jeune fille et la mort.

En regardant le générique jusqu’à la fin, je me suis aperçu, hier, au cinéma que Maigret était l’adaptation d’un roman intitulé Maigret et la jeune morte. Je n’ai pas lu ce titre-là, ce qui n’a rien d’extraordinaire, parce que, malgré mon immense admiration pour l’œuvre de Georges Simenon je ne possède pas l’intégrale de ce merveilleux polygraphe : plus de 350 romans publiés sous son nom, des centaines d’autres romans et de nouvelles avec l’utilisation de 27 pseudonymes. Le célèbre commissaire de la police judiciaire apparaît d’ailleurs, m’apprend notre amie Wiki, dans 75 romans et 38 nouvelles. (suite…)

The king of Marvin gardens

jeudi, mars 24th, 2022

Confus, verbeux, ennuyeux

J’ignorais, avant de regarder The King of Marvin Gardens et de découvrir Jack Nicholson encore bien jeune que l’acteur avait d’abord été scénariste. Et de la même façon je ne savais pas que c’est dans cette fonction qu’il avait rencontré Bob Rafelson. J’ignorais tout autant qui était ce réalisateur, si ce n’est qu’il avait tourné Cinq pièces faciles dont le titre très euphonique m’avait séduit, mais que je n’ai pas dû aller voir pour autant en 1970. Au vu de The king of Marvin Gardens, je me dis que j’ai eu alors une bonne intuition. (suite…)

Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines)

dimanche, mars 20th, 2022

Prisonnier dans sa tour.

Ils ont bien de la chance, ces cinéastes français qui parviennent à trouver, année après année, des financements publics confortables pour tourner des films parfaitement nombrilistes. Adulé par la critique savante des professionnels de la profession, maintes fois sélectionné dans toutes les compétitions filmiques que lesdits organisent à tire-larigot (aussi bien le Festival de Cannes que les Étoiles d’or, les festivals de Cabourg ou d’Angers, etc.) Arnaud Desplechin occupe un rang de notoriété enviable, un des plus importants parmi les réalisateurs sérieux, qui font les bonnes pages de Télérama et les bons bavardages du Masque et la plume. (suite…)

Notre-Dame brûle

samedi, mars 19th, 2022

La vie est un miracle.

L’émotion ressentie dans le monde entier lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 a été et demeure exceptionnelle ; elle a marqué chacun. Je ne connais personne qui n’ait été effaré et désolé, sidéré, même, par cet affreux sinistre. Parce que, au delà de l’admiration pour un chef-d’œuvre d’art et d’architecture, au delà de l’épreuve spirituelle que représentait la destruction possible de la cathédrale de la capitale de la France, fille aînée de l’Église, il y avait, ressentie par tous, croyants ou incroyants, Français ou étrangers, la mise en péril d’un des symboles les plus forts, d’un des monuments les plus emblématiques de notre Civilisation. (suite…)

Les enfants nous regardent

vendredi, mars 11th, 2022

L’enfance nue.

Ce qui est le plus réussi du film, c’est évidemment la faculté de Vittorio De Sica de faire considérer une histoire mélodramatique plutôt banale et même larmoyante avec les yeux d’un enfant absolument perdu et désarmé par les jeux cruels et les hypocrisies des adultes. Le petit garçon Pricò (Luciano De Ambrosis) est pendant toute la durée du film ballotté entre ceux qui l’aiment – son père Andrea (Emilio Cigoli) et sa mère Nina (Isa Pola) -, celles qui devraient l’aimer – sa grand-mère (Jone Frigerio), sa tante (Dina Perbellini) -, celui qu’il gêne et embarrasse, Roberto, l’amant de sa mère (Adriano Rimoldi). (suite…)

Nous les gosses

lundi, mars 7th, 2022

Les temps raisonnables.

Je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui des films de gosses, des films où soient mis en avant le monde merveilleux de l’enfance ou de la toute première adolescence, celle où l’avenir s’écrit encore en forme d’aventures fabuleuses. Celle où le monde est plein d’incertitudes où le courage, la détermination, la franchise, l’honnêteté, le dévouement, la générosité ne se sont pas encore mis à plier bagage devant la médiocrité des réalités. Qu’est-ce qui me vient à l’esprit, spontanément ? (suite…)

La comtesse

dimanche, mars 6th, 2022

Sado et Maso sont dans un bateau.

Les prurits du féminisme agressif faisaient déjà florès il y a plus de dix ans. Dès alors la mode obstinée voulait mettre en valeur le sort malheureux des femmes vouées moins par l’agressivité ordinaire des hommes que par le regard structurellement méprisant de la Société aux pires gémonies. Car si Erszébeth Bathory se repaît du sang des vierges, c’est moins parce qu’elle croit qu’ainsi elle pourra demeurer jeune que parce qu’elle répondra ainsi au désir – forcément déplaisant, forcément scandaleux – des hommes. Des hommes qui – ô scandale affreux et pitoyable – ont davantage de désir pour la chair fraîche que pour la peau plissée.

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Le hasard

samedi, mars 5th, 2022

Le battement d’aile d’un papillon.

Exercice de style habile, jeu intellectuel séduisant qui consiste à imaginer des orientations finales extrêmement différentes selon que, à la suite d’un hasard infime, la vie d’un personnage prend un tour inattendu. Voilà ce qu’est le film de Krzysztof Kieslowski qui m’a d’abord ennuyé, puis agacé mais qui a fini par m’intéresser grâce à une intelligence profonde des situations et au regard cohérent posé sur le déroulement des histoires. Et sans doute aussi à la méditation qu’il impose sur l’existence de chacun : si, certain jour de ma vie, j’avais tourné à droite plutôt qu’à gauche, ma vie en aurait-elle été transformée alors que je n’aurais pas, alors, croisé telle personne ou subi tel événement dont je vois bien que j’ai été transformé ? (suite…)

Didier

mercredi, mars 2nd, 2022

Une vie de chien.

Connaissant les bases du scénario (le pitch comme on dit, non ?), je craignais un peu le pire. L’histoire d’un chien qui se transforme brusquement en homme, tout en gardant sa pauvre cervelle d’animal, voilà qui me paraissait donner la matière d’un court-métrage, nullement celle d’un film. Car elles sont légion, les histoires fondées sur un truc drôle, amusant, fantastique, sur une bonne idée de départ, même, mais qui ânonnent et qui ahanent au bout d’une demi-heure, tous les recoins du récit ayant été utilisés jusqu’au dernier. (suite…)