Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Une femme disparaît

lundi, février 28th, 2022

Farfelu sans drôlerie.

Dans la longue kyrielle des films absolument ratés, absolument ridicules du surévalué Alfred Hitchcock (encore tenu par certains comme un réalisateur important de l’histoire du cinéma), ce pensum abracadabrant tient largement sa partie. Aux côtés des plus mauvais films du rondouillard prétendu maître du suspense. C’est bien vrai, Une femme disparaît peut tout à fait s’aligner avec La cordeLa main au colletMais qui a tué Harry ? dans la liste brindezingue des tournages inintéressants, mais qui ne peuvent être critiqués. Tout cela du fait que le gros bonhomme est nimbé d’une aura immarcescible parce que les galopins des Cahiers du cinéma, voulant à tout prix faire disparaître leurs aînés de la Qualité française sont allés le chercher et l’ont promu à un niveau qu’il n’aurait certainement pas revendiqué lui-même, se considérant à juste titre comme un bon artisan du cinéma de divertissement. (suite…)

Les randonneurs à Saint-Tropez

vendredi, février 25th, 2022

Du réchauffé qui attache au fond de la casserole.

Philippe Harel est un réalisateur peu prolifique ; ceci sans doute parce qu’il est souvent exigeant dans le choix de ses sujets. À preuve Extension du domaine de la lutte (1999) qui est une bien intéressante adaptation du roman fondateur de Michel Houellebecq ou bien Le vélo de Ghislain Lambert (2002) qui plonge le spectateur dans le monde singulier des équipes de coureurs cyclistes professionnels de second rang. Mais il s’est surtout fait connaître, en 1997, avec un film sans profondeur, mais bien fait et agréable à suivre, Les Randonneurs. (suite…)

Le combat ordinaire

mardi, février 22nd, 2022

Si la photo est bonne…

Le film de Laurent Tuel est adapté d’une série de bandes dessinées d’un certain Manu Larcenet qui doit avoir quelque notoriété dans ce domaine. Domaine qui m’est tellement inconnu que je n’ai aucune velléité de l’évoquer, mes références dans le domaine s’arrêtant à Hergé et à Edgar P. Jacobs, C’est comme si, en d’autres termes, je parlais Histoire des haines de Brunehaut et de Frédégonde mises en scène par Augustin Thierry dans ses admirables Récits des temps mérovingiens que sottement on ne lit plus.

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Le poème de l’élève Mikovsky

samedi, février 19th, 2022

Très charmant brouillon.

Un an plus tard Pascal Thomas tournera Les Zozos qui est le film le plus clair, le plus juste, le plus tendre, le plus pertinent sur ce qui fut la vie des garçons au lycée avant le funeste et ridicule Mai 68, avant que la mixité s’installe, avant que les adolescents contestent l’autorité des adultes. Il fut en effet un temps, une bulle dans le temps, celle du baby-boom peut-être où les jeunes gens étaient absolument libres dans leurs têtes et dans leurs pensées et absolument contraints par la structure sociale patriarcale qui leur serinait à tout moment qu’ils n’étaient pas encore des adultes et qu’ils devaient obéir avant de prendre plus tard les rênes de la société.

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Les rendez-vous d’Anna

vendredi, février 18th, 2022

De la difficulté d’être femme.

Au vu du deuxième film que je découvre de Chantal Akerman, je n’ai pas besoin de m’interroger longuement pour comprendre que la réalisatrice est structurellement une écorchée vive. Ce que me confirme ce que j’apprends de sa vie personnelle, notamment de la déportation de ses grands-parents et de sa mère à Auschwitz. D’ailleurs, ça ne rate pas (ou plutôt elle ne se rate pas) : à 65 ans, en 2015, souffrant de troubles maniaco-dépressifs, elle se suicide. Voilà qui est assez clair, qui montre en tout cas combien il est difficile de vivre. (suite…)

Le crime de l’Orient-Express

dimanche, février 13th, 2022

Du travail d’ébéniste.

Comme dans la cuisine de brasserie, solide et roborative, il y a, au cinéma, pour certains genres, des recettes éprouvées, de celles qui marchent à tous les coups et qui donnent au spectateur, même (et peut-être surtout) s’il n’est pas dupe, un grand plaisir facile. Dans le domaine du récit policier à énigme, dont Agatha Christie est une des maîtresses incontestées, c’est à la fois tout à fait simple et très compliqué. Il faut concevoir un huis-clos où de nombreux personnages sont en apparence très disparates, d’âge, de milieu social, de situation, en fait aboutés par un lien mystérieux, et faire intervenir un crime : cela, c’est le côté simple. (suite…)

La douceur du village

jeudi, février 10th, 2022

Quatre saisons de nostalgie.

Lorsqu’un grand documentariste pose sa caméra un peu par hasard sur un calme village français de 1963, voilà que ça donne une manière de petit chef-d’œuvre tendre, émouvant, charmant, drôle. Un moyen métrage qui a pour seul tort de nous entraîner une fois de plus dans les chers méandres du C’était mieux avant ! ; c’est-à-dire de nous présenter une société, une civilisation si harmonieuses qu’on en viendrait presque à détester notre minable aujourd’hui. (suite…)

Pandora

mercredi, février 9th, 2022

L’Œuvre au noir

Gentil film très bien tourné, avec de belles images et surtout le charme exceptionnel d’Ava Gardner et le talent protéiforme de James Mason. C’est évidemment un peu long, un peu traînant, un peu studieux, avec des soins très appliqués de donner à une histoire finalement banale – une femme sublime désirée par un grand nombre d’hommes – une dimension légendaire, quasi mythologique. Albert Lewin élabore sa petite cuisine avec tous les ingrédients, tous les aromates nécessaires ; tous les ingrédients et les aromates indispensables pourrait-on dire. On revisite, comme on dit désormais une ou deux ou trois histoires qui font partie de l’imaginaire de notre Occident, on les mixe, on les fait virevolter et se rencontrer, se heurter même et on présente une belle épure. (suite…)

Cours privé

lundi, février 7th, 2022

Une étrange affaire.

Le Cours Ketti est une de ces institutions privées sans doute hors contrat qu’on appelait jadis des boîtes à bachot ; tout au moins lorsque l’examen du baccalauréat avait à la fois une certaine difficulté et une certaine importance. Des familles aisées y plaçaient leurs rejetons peu passionnés par l’étude ou simplement s’en débarrassaient pour être tranquilles. En remontant quelques décennies, ça donne Les disparus de Saint AgilLes anciens de Saint Loup ou Les diaboliques ; mais tous ces films présentent des internats et, l’époque rendant la chose évidente, des internats de garçons. Cours privé, qui date de 1986, modernise le cadre : on est à Neuilly, l’établissement est un externat mixte. (suite…)

Lourdes

vendredi, février 4th, 2022

Les clefs du Royaume.

Mettons tout de suite les choses en place : Lourdes n’est pas un nouveau film sur les apparitions mariales survenues en 1858 devant la toute jeune et fruste Bernadette Soubirous. Pour cela il y a le bien intéressant Chant de Bernadette de Henry King (1943) et des tas d’autres films : Il suffit d’aimer de Robert Darène (1960), Bernadette de Jean Delannoy (1988). Pas davantage une interrogation sur la réalité des miracles, sur quoi ont écrit ZolaHuysmans, Mauriac

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