Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le passage du canyon

mercredi, février 2nd, 2022

Qu’elle est boueuse ma vallée !

J’ai rarement vu un western aussi médiocre et ennuyeux. Il est vrai que le genre, célébré par de béats étasuniens qui, n’ayant pas d’histoire ni de civilisations derrière eux s’en gobergent et s’en enorgueillissent, n’est pas de ceux que je préfère. Sommaires et puériles, ces histoires de vachers mal embouchés, aux coups de poing faciles me semblent être le plus souvent au niveau zéro du cinéma. Mais comme la gangrène de soumission intellectuelle a gagné beaucoup d’esprits depuis une centaine d’années, il est convenu de trouver admirables ces récits sans profondeur. (suite…)

Les jeux de la comtesse Dolingen de Gratz

lundi, janvier 31st, 2022

Les fantômes à votre rencontre.

Je viens de regarder deux fois de suite ce film au beau titre étrange et plein de mystère. Je ne suis pas certain d’avoir aimé ; moins encore sûr d’avoir compris quelque chose à ce récit où s’entrecroisent les destinées et les personnages. Où il n’y a guère de séquences où l’on sorte des sables mouvants. Un peu comme dans un cauchemar, va-t-on me dire ? Oui, un peu ainsi sans doute, mais un cauchemar à multiples facettes dont surgissent à tous moments de nouveaux personnages inquiétants ou grotesques. (suite…)

Tout s’est bien passé

samedi, janvier 29th, 2022

La potion amère.

À dire vrai, si l’on ne m’avait pas proposé de regarder ce film en avant-première de son édition en DVD, aurais-je souhaité le regarder ? J’ai, avec le cinéma de François Ozon des rapports contrastés et depuis Jeune et jolie en 2013, je n’avais plus rien vu de lui ; ceci alors même que j’avais assez apprécié des œuvres plus anciennes, notamment Sous le sable (ce qu’il a fait de mieux, à mon sens) ou Swimming pool ou Dans la maison.Il est vrai que ce réalisateur est de ceux qui présentent au public un nouveau film chaque année ou presque, ce qui produit naturellement beaucoup de scories. Mais écrivant ceci, je m’en repends presque immédiatement, me souvenant que Julien Duvivier (que je place aux premiers rangs de mon Panthéon personnel, avec Henri-Georges Clouzot et Jacques Becker) était dans une même disposition d’esprit et, comme Ozon le fait, pouvait souvent changer de registre. (suite…)

Sexe, mensonges et vidéo

samedi, janvier 29th, 2022

Promet plus qu’il ne donne.

Il n’était pas impossible penser qu’un film sur quelques unes des frustrations qui ont été entraînées par la libération sexuelle pouvait être intelligent et intéressant. La pesanteur des diktats imposés par cette prétendue libération et les angoisses que peuvent ressentir ceux qui ne répondent pas tout à fait aux critères largement popularisés par la presse féminine (surtout) du type Cosmopolitan ou Marie-Claire méritait en effet un regard un peu subtil sur les déglingues de notre pauvre humanité. (suite…)

Le rêve

jeudi, janvier 27th, 2022

Pan dans le mille, Émile !

Je me demandais depuis longtemps, avant d’avoir vu le film comment ce stupéfiant roman de Zola avait été adapté. Stupéfiant ? Oh oui ! Oh combien ! Dans les vingt volumes des Rougon-Macquart, Le rêve a une place toute particulière : accusé par ses détracteurs d’être un cacographe et un pornographe, de se complaire et de ne savoir traiter que des sujets orduriers ou scandaleux, Zola avait entrepris, juste après La Terre où les paysans sont débiles, incestueux, tarés et grippe-sous, et avant La bête humaine où Lantier, fils de la Gervaise de L’assommoir devient fou dès qu’il boit une goutte d’alcool, de faire une œuvre pure. (suite…)

Sortilèges

vendredi, janvier 21st, 2022

Terre sans pain.

Voilà un film bien rude pour ceux qui imaginent que la campagne et la vie campagnarde ressemblent à des films de Walt Disney et à l’image idéalisée qu’en donnent les sectes écologistes. La campagne, c’était alors (le film date de 1945) la rudesse exténuante des travaux et la sauvagerie égoïste, avide des habitants. Un monde rude, épuisant, qui brisait les corps et les cœurs. Il faut lire La Terre d’Émile Zola ; le livre a certes été écrit en 1887 mais le monde dépeint par Christian-Jaque en 1945 n’avait pas changé. D’ailleurs, si l’on a besoin de s’en convaincre, il faut voir ou revoir Farrebique de Georges Rouquier qui est de 1946). Avidité, dureté au mal, superstitions, misère sociale et affective. (suite…)

La mort en direct

vendredi, janvier 21st, 2022

J’irai pleurer sous la pluie.

Bertrand Tavernier ne fait pas l’unanimité chez les amoureux du cinéma français et – moi qui l’aime bien – je trouve qu’il est parfois bien décevant et tout à fait à côté de la plaque. Comment a-t-il pu, quelques années après Que la fête commence et Le juge et l’assassin et un an seulement avant ce qui est sans doute son meilleur film, Coup de torchon, commettre cette absurdité ennuyeuse ? La mort en direct est long, mais pire encore, languissant, ennuyeux, mal fichu, mal joué, mal dialogué, mal tout ce que l’on veut. (suite…)

West side story 2021

mercredi, janvier 19th, 2022

À quoi ça sert ?

Comme tous ceux qui ont reçu en 1961 un des chocs de leur éveil au cinéma en découvrant le West side story de Robert Wise, j’ai été interloqué et même légèrement agacé lorsque j’ai appris que l’estimable Steven Spielberg avait entrepris d’en tourner un remake. Et que cette reprise soit – paraît-il -plus conforme à la comédie musicale créée à Broadway en 1957, plus respectueux de sa composition ne me semblait pas un argument bien pertinent, parce que cette fidélité plus ou moins scrupuleuse est absolument sans importance. (suite…)

Candyman

dimanche, janvier 16th, 2022

Et on tuera tous les affreux !

Voici un film singulier et assez barbare. Que puis-je vraiment en dire ? D’abord, un peu naïvement, que je ne devrais pas, compte tenu de mon grand âge, prétendre me mesurer à ce que l’on pourrait presque appeler des franchises, ensemble de films suivi par leurs amateurs avec ferveur et impatience, dont les péripéties, assises sur une trame plus ou moins solide, développent à l’envi des péripéties organiquement similaires. Ce Candyman de 2021 est en effet à la fois la suite et le remake d’un premier opus, daté de 1992, réalisé par Bernard Rose, qui fut suivi en 1995 par Candyman 2 de Bill Condon puis, en 1999 par Candyman 3, le jour des morts de Turi Meyer.

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Une sale histoire

jeudi, janvier 13th, 2022

Philosophie dans le boudoir.

Ce double court-métrage (22 et 28 minutes) a tout pour exaspérer la plupart des spectateurs ; je pense même qu’il peut exaspérer encore davantage que l’œuvre majeure de Jean Eustache, mystérieuse, crispante, interminable, La maman et la putain et ses 3h40 de non-spectacle. Je m’étonne d’ailleurs beaucoup de n’avoir pas été exaspéré, je m’étonne moins lorsque je songe que, contre toute attente, j’ai été fasciné d’emblée par La maman et la putain découvert sur un écran du Quartier latin au printemps 1973 ; pour qui ne jurait que par le cinéma de la Qualité française et méprisait violemment toutes les tentatives post Nouvelle vague (qui commençait à refluer largement, soit dit en passant), pour qui refusait tout intellectualisme, c’était une sacrée douche froide. (suite…)