Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le festin nu

dimanche, janvier 9th, 2022

Âmes sensibles s’abstenir.

Cronenberg, ça ne m’a jamais émerveillé et je n’ai vraiment apprécié de lui que les assez classiques Promesses de l’ombre. Et William Burroughs, c’est tellement loin, tellement inimaginable pour un type nourri de culture classique et très réticent à toutes les dérives que je n’ai jamais imaginé en lire une seule ligne. Sans doute ai-je eu pourtant la curiosité excitée qui m’a conduit effaré, choqué, révulsé – mais jamais vraiment ennuyé – à regarder Le festin nu. (suite…)

La dame de Shanghai

samedi, janvier 8th, 2022

On ne badine pas avec l’amour.

Eh bien voilà qui ne me permettra pas d’accomplir une sorte de chemin de Damas, de me convertir au cinéma d’Orson Welles. Je n’ai certes pas épuisé toute sa filmographie de réalisateur ; je n’ai encore vu ni Le procès, ni Une histoire immortelle ; ni même Falstaff ; et comme je trouve ce que j’ai trouvé de mieux jusqu’alors ce sont les adaptations de Shakespeare, c’est-à-dire Othello et surtout Macbeth, c’est peut-être là que je trouverai mon bonheur. (suite…)

Cette sacrée vérité

vendredi, janvier 7th, 2022

La pièce que nous avons eu l’honneur d’interpréter devant vous…

Autant j’ai été ému et même souvent bouleversé par Au crépuscule de la vie, filmé la même année par Léo McCarey, mélodrame triste, désespérant, autant j’ai trouvé que Cette sacrée vérité est une pure gogoterie qui n’a pour qualité que d’être assez brève (1h27) mais qui se traîne depuis son début dans le concert des évidences. Il faudrait en effet être grandement couillon pour ne pas saisir d’emblée que les deux époux qui paraissent ne plus se supporter Jerry (Cary Grant) et Lucy Warrimer (Irene Dunne) s’aiment en fait profondément et se réconcilieront à la fin après diverses péripéties cousues de fil blanc. (suite…)

Gens de Dublin

lundi, janvier 3rd, 2022

La neige sur les pas.

Qu’est-ce que je penserais de Gens de Dublin si je ne savais que le film est une adaptation d’une des parties d’un roman de James Joyce ? Joyce dont je n’ai pas lu une seule ligne et que je ne lirai probablement jamais mais qui est tenu par beaucoup de gens en qui j’ai confiance pour un des écrivains majeurs du siècle dernier, au niveau de Marcel Proust. Au fait, d’ailleurs, pourquoi ne pas le lire ? Ah, c’est complexe ; sans doute un peu par peur de me retrouver devant une montagne que je n’aurai pas la force de gravir, parce que les cheminements sont trop compliqués et les faces trop glaçantes. Je crois qu’il est trop tard désormais pour que je m’y mette. (suite…)

Une nuit à Casablanca

dimanche, janvier 2nd, 2022

Se perd dans l’ennui.

Il me semble que je commence par la fin. Je veux dire que je regarde les films des Marx brothers en marchant sur le mauvais versant, celui de la fin de leur aventure. Sans doute me semble-t-il qu’il y a bien longtemps, j’ai vu et je me suis amusé devant Plumes de chevalLa soupe au canardUne nuit à l’OpéraPanique à l’hôtel où les trois (et quelquefois quatre) frères donnent le meilleur d’eux-mêmes, de leur verve comique, de leur dynamite intérieure. Mais c’était il y a si longtemps dans ma mémoire que j’ai à peu près tout oublié. Au fait, ne vous moquez pas, les gamins qui n’ont pas 60 ans : quand vous en aurez 15 de plus, vous ricanerez moins. (suite…)

Escape 2 Le monde est un piège

jeudi, décembre 30th, 2021

Mauvais juge, mais juge sévère

Certes, certes, Escape 2 – Le monde est un piège peut être regardé tel quel, même s’il est la suite directe d’un premier épisode, Escape game, du même réalisateur Adam Robitel sorti en 2019, qui a connu un grand succès public, surfant, je suppose, sur la vogue de ce jeu d’évasion qui fait florès dans nos villes. Il s’agit – je dis cela pour les vieux schnockes dont je suis – de sortir d’une pièce ou d’un ensemble de pièces où l’on s’est fait volontairement enfermer en résolvant toute une suite d’énigmes ; chaque progression entraîne naturellement la butée contre un nouveau problème dont il est encore plus compliqué de triompher. Le jeu se pratique généralement en groupe et l’on peut s’affronter à différents niveaux de difficulté. Les jeunes gens bien nourris de nos civilisations débonnaires trouvent donc là un substitut sans vrai risque au besoin de danger et de risque que chacun ressent sans toujours se l’avouer. (suite…)

Tootsie

lundi, décembre 20th, 2021

Tel est pris qui croyait prendre.

J’avais vaguement. en tête que Tootsie était, à peu de choses près, la réplique du délicieux film de Blake Edwards qui s’appelle Victor Victoria où une ravissante jeune femme (Julie Andrews) qui ne rencontre aucun succès en tant que telle devient, lorsqu’elle décide de se présenter en homme, une vedette adulée. Je croyais me souvenir que Michael Dorsey (Dustin Hoffman) faisait à peu près le même chemin, mais en sens inverse, et d’homme devenu femme, rencontrait la notoriété et l’enthousiasme. (suite…)

Capitaine de Castille

vendredi, décembre 17th, 2021

Au fond du rêve doré.

Pour qui aime le cinéma brillant, spectaculaire, simpliste d’Hollywood, Capitaine de Castille est assurément un régal ! Superproduction à fort budget, sans doute un peu longue mais pleine d’aventures et de retournements de situation, le film de Henry King ne s’embarrasse pas de finesses historiques. Mais il donne assurément au spectateur beaucoup d’images spectaculaires, de héros bien typés, de scènes impressionnantes, de sentiments exaltants. Vision assez manichéenne des choses mais toute inspirée de cette robuste bonne conscience des citoyens du Nouveau Monde.

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Au feu les pompiers

lundi, décembre 13th, 2021

Une grande nullité.

Il a été de bon ton de porter au pinacle ce qu’on appelait alors le socialisme à visage humain. Les billevesées humanistes, continuellement contredites par la réalité, cherchaient à s’incarner dans des utopies qui permettaient aux déçus du marxisme de ne pas trop renier leurs pulsions. Croire que le collectivisme pouvait, sous certaines conditions, aboutir à une société de bienveillance et d’harmonie continue d’ailleurs à empuantir la vie politique mondiale. Mais enfin, à l’époque (1967), les déçus du stalinisme pouvaient croire que ce qu’on allait appeler le Printemps de Prague, sous la conduite d’Alexandre Dubcek était une voie médiane et harmonieuse entre l’oppression communiste et l’anarchie capitaliste. (suite…)

Vous ne l’emporterez pas avec vous !

dimanche, décembre 12th, 2021

Conte pour enfants sages.

Bien sympathique petit film réalisé par un petit réalisateur sympathique, Frank Capra, voué dès le début de sa carrière à tourner à la gloire des États-Unis d’Amérique, drôle de pays où tout finit toujours bien. Où toutes les pérégrinations, difficultés, ennuyeuses situations finissent par se résoudre au mieux. Film de 1938, animé d’un optimisme délirant : ce n’est pas encore la fin de la grande Crise, commencée en 1929, c’est plutôt la volonté hollywoodienne et rooseveltienne de la faire oublier. Et somme toute, trois ans plus tard et après Pearl-Harbour, l’industrie redémarrera à plein régime et donnera la maîtrise du monde au Nouveau Continent. Qu’y pouvions-nous, avec nos guerres civiles ? (suite…)