Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le siège de l’Alcazar

mardi, juin 1st, 2021

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Comment se faire des amis

En faisant l’autre jour quelques recherches, à propos de Macao, l’enfer du jeu sur Mireille Balin, je me suis aperçu qu’elle avait tourné, en 1940, sous la direction d’Augusto Genina ce Siège de l’Alcazar, que j’aimerais bien voir et pour qui je vote, sans le moindre espoir de voir jamais mon vœu exaucé.

Il est certain que 1940 n’était pas une date formidable pour se produire dans un film dédié à l’héroïsme des Cadets qui, sous la direction du colonel Moscardo, défendirent la citadelle de Tolède du 22 juillet au 26 septembre 1936, pour un des épisodes les plus mythiques de la Guerre civile d’Espagne, qui en compte tant. Mais on choisit rarement l’époque idéale, et Mireille Balin, jolie fille écervelée qui, plus tard se prit de passion pour un colonel autrichien et fut violée à la Libération, n’était pas une tête très calculatrice. (suite…)

Les hommes préfèrent les blondes

vendredi, mai 28th, 2021

Si éternels que sont les diamants…

D’ordinaire les adaptations à l’écran de comédies musicales à succès continuent à sentir la scène étriquée, poussiéreuse et fallacieuse du théâtre. Il y a des exceptions, naturellement et il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à West side story de s’être d’abord fait connaître à Broadway. Et on peut dire aussi que Les hommes préfèrent les blondes (qui vaut mieux que son titre aussi idiot que fallacieux) ne se ressent pas de sa mauvaise origine : on y trouve de la gaieté, de la fantaisie, de la musique de qualité, des dialogues qui frisent et deux actrices qui, sans doute, tournent là une de leurs meilleures productions. (suite…)

Le garçu

lundi, mai 24th, 2021

La vaine navigation.

Avec Maurice Pialat j’erre de l’agacement à l’émerveillement, ne sachant pas trop où je dois m’arrêter et je me sens injuste et parcellaire à chaque fois que je l’évoque et parle de ses films. Longtemps j’ai rejeté son emprise, presque par réflexe organique, alors que je sentais bien, en même temps, qu’il s’agissait d’un cinéaste important ; aussi exaspérant qu’important, d’ailleurs, détesté par beaucoup et détestant, de son côté beaucoup de monde (revoir sa confrontation avec un public haineux, lors du Festival de Cannes 1987, où Sous le soleil de Satan a reçu la Palme d’or, à très juste titre). En tout cas je me suis laissé beaucoup fasciner par Nous ne vieillirons pas ensembleLa gueule ouverte ou Passe ton bac d’abord. Un cinéma qui cogne, qui agresse, qui frappe quelquefois au dessous de la ceinture et qui représente mieux que d’autres la vie telle qu’elle est. (suite…)

Paris la Belle

samedi, mai 22nd, 2021

Exhumation inutile

C’est un peu le défaut des Intégrales : lorsque l’on reproduit le moindre brimborion, la moindre notule, le moindre filament, la moindre archive de l’œuvre de qui que ce soit, on satisfait la passion exclusive et encyclopédiste du collectionneur et du spécialiste, d’une certaine façon, mais on court le risque aussi de présenter au modeste amateur des petites choses inutiles, insignifiantes qui auraient mieux fait de demeurer dans le tombeau immense des ratages, esquisses, ébauches et repentirs. (suite…)

La promesse

vendredi, mai 21st, 2021

« Comment va le Monde, Monsieur ? Il tourne mal, Monsieur ! »

En Wallonie, à côté de Liège, la Cité ardente, la meilleure alliée de Louis XI contre Charles le Téméraire, la patrie de Georges Simenon et de Stanislas-André Steeman, le centre d’une riche principauté ecclésiastique, il y a Seraing. C’est dans cette contrée que commença, sur le Continent, la Révolution industrielle, grâce à la présence de charbon et de minerai de fer. En 1842, Victor Hugo, qui passait par là écrivait On croirait qu’une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à sac vous offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les phases de l’incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants. Ce spectacle de guerre est donné par la paix ; cette copie effroyable de la dévastation est faite par l’industrie. Hauts fourneaux et cokeries allumaient le paysage. (suite…)

L’affaire est dans le sac

mardi, mai 18th, 2021

Un peu de bruit pour pas grand chose.

Je n’ai pas grand avis sur l’œuvre poétique de Jacques Prévert, qui me semble légère, habile, amusante, farfelue, souvent agréable à lire. Mais qui ne me paraît pas toutefois atteindre le niveau des poètes que j’aime avant tout, Jean de La FontaineJean RacineVictor HugoGuillaume Apollinaire. À chacun ses dilections, d’ailleurs, surtout dans ce domaine si particulier du rêve, de l’émotion, de l‘ailleurs. Au cinéma, c’est évidemment autre chose. Sans Prévert scénariste et dialoguiste, nous n’aurions pas eu tant de films merveilleux, certains qui sont des chefs-d’oeuvre, d’autres qui, quand ils ne sont qu’à demi réussis (Les visiteurs du soir) ou splendidement ratés (Les portes de la nuit) comportent toujours une atmosphère, un ton, un bout de dialogue saisissant, quelque chose qui permet d’entre-apercevoir l’aile de l’ange. Jacques Prévert est là une sorte de touche-à-tout de génie, drôle, rêveur, grave, fantaisiste, lumineux, sombre tour à tour. Une merveille.

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La chute de l’empire américain

samedi, mai 15th, 2021

Un peu plus proche de l’abîme à chaque fois.

En consultant le programme télévisé, j’ai sottement cru que La chute de l’empire américain était la suite directe, le dernier volet d’une trilogie dont les premiers films étaient les sidérants Déclin de l’empire américain de 1986 et Invasions barbares de 2003 où des couples d’universitaires québécois hédonistes et égoïstes dissertaient avec finesse, intelligence, subtilité, talent d’expression de la décadence de notre monde occidental. Je me suis complétement emmêlé les crayons : le troisième film de la trilogie de Denys Arcand s’appelle – comme c’est gai ! – L’âge des ténèbres (2007) et, paraît-il, ne vaut pas tripette ; mais il s’inscrit aussi, je crois, dans cette exploration assez froide de nos désespoirs et incapacités. (suite…)

Il était une fois un merle chanteur

vendredi, mai 14th, 2021

Vingt quatre heures de la vie d’un timbalier géorgien.

C’est bien la première fois de ma vie – et sans doute la dernière – que, par pur hasard, je regarde un film géorgien. Je ne me suis pas ennuyé, parce que c’est bref (une heure et quart) et plutôt bizarre, mais c’est tout de même plutôt creux, presque insignifiant. Au fait, qu’est-ce que je savais de ce petit État caucasien avant d’aller un tout petit peu creuser sur Wikipédia ? À dire vrai, pas grand chose. Que le pays était presque aussi anciennement chrétien que l’Arménie et que, parmi ses enfants les plus illustres, le pays compte Josef Djoughachvili, beaucoup plus connu sous le nom de Staline, le regretté Petit père des peuples, le criminel sanglant et, de façon beaucoup plus honorable, le remarquable Secrétaire général de l’Académie française, Mme Hélène Carrère d’Encausse, dont le nom de naissance est Zourabchvili. (suite…)

Le Casanova de Fellini

mardi, mai 11th, 2021

Allez savoir pourquoi…

Est-ce que Federico Fellini, né à Rimini, en Romagne, nourrissait une petite jalousie informulée pour la somptuosité glorieuse de la République de Venise et la place que la Sérénissime a laissée dans l’Histoire ? ? On serait presque fondé à se le demander en voyant l’aigreur de sa peinture et ce que l’on pourrait appeler presque de l’agressivité envers l’un des plus célèbres de ses enfants. Le léger, cavalcadant, spirituel, libertin, profond Giacomo Casanova que le cinéaste présente – on l’a dit beaucoup et davantage – comme une sorte de marionnette ridicule, misérable, pathétique, même, en ses derniers jours, en faisant mine de ne pas avoir compris combien le chevalier de Seingalt, nom que Casanova s’était donné, représente à lui tout seul l’esprit du 18ème siècle ? (suite…)

Radin !

lundi, mai 10th, 2021

L’histrion majuscule.

Autant dire tout de suite que si je n’ai pas pour Dany Boon l’adulation que beaucoup paraissent lui porter dans notre pauvre monde sans grands repères, il ne fait pas non plus partie de mes aversions et de mes rejets épidermiques. Je l’avais plutôt trouvé sympathique et convaincant dans Mon meilleur ami, en 2006, film au demeurant assez médiocre de Patrice Leconte, avec Daniel Auteuil, mais beaucoup moins intéressant dans Eyjafjallajökull … sinon dites « Le volcan d’Alexandre Coffre en 2013, avec Valérie Bonneton. Mais aussi j’ai trouvé absolument méprisable et dégradant son immense succès de Bienvenue chez les ch’tis en 2008 où il ridiculisait les Gens du Nord en faisant mine de les célébrer. Et bien des couillons s’y sont d’ailleurs laissé prendre (plus de 20 millions de spectateurs dans les salles !). (suite…)