Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le cauchemar de Dracula

samedi, avril 24th, 2021

le-cauchemar-de-dracula

Le plus sublime des Dracula

Le premier et le plus beau, le plus novateur, le plus séduisant et le plus terrifiant des Dracula de la Hammer.

Quel dommage que l’édition DVD soit si piètre ! Pas un bonus, si ce n’est la bande-annonce, alors que de longues gloses de spécialistes sur le mythe de Dracula, sur les films de la Hammer, sur Christopher Lee auraient été des régals !

Enfin ! Il nous reste la sublime contre-plongée sur le Comte, assoiffé de désir, du haut de l’escalier monumental…

(suite…)

Treize jours en France

jeudi, avril 22nd, 2021

Ma parenthèse enchantée.

Grâce à un ami qui possède de grands pouvoirs magiques et une constante générosité, voici que plus d’un demi-siècle après, j’ai pu revoir Treize jours en France, ce film de montage consacré aux Jeux olympiques d’hiver de Grenoble de 1968 et réalisé sous la férule commune de Claude Lelouch et de François Reichenbach. À dire vrai, je n’aurais pas attendu avec autant de plaisir et d’impatience cette redécouverte si le film ne s’était pas déroulé dans et autour de la capitale du Dauphiné, où j’ai passé la décennie 1960 à 1970, qui m’a conduit de l’adolescence à l’âge presque adulte et si je n’avais vécu l’effervescence incroyable qui a alors animé la ville. (suite…)

Rouge baiser

mercredi, avril 21st, 2021

Des lendemains qui déchantent.

Voilà un film bien maladroit, bien mal tourné, aux acteurs mal dirigés, à la conduite du récit très incertaine. Un film qui doit comporter de très nombreux éléments autobiographiques, presque tous intéressants, mais qui les ordonnance mal, les présente sans habileté, mélange sans nuances les péripéties intimes et le substrat historique et montre insuffisamment le dilemme qui s’offrait aux jeunes communistes de 1952 : un révolutionnaire, un croyant révolutionnaire peut-il avoir une vie privée et parvenir à séparer ses activités militantes de ses relations affectives ? Avant que j’y revienne, je note que c’est exactement ce qui se passe au sein du groupuscule trotskyste Lutte ouvrière (le parti de Mme Arlette Laguillier et désormais Nathalie Arthaud) où les rencontres, amours, amitiés et tout le bataclan sont soumis au bon vouloir du Parti. (suite…)

Central do Brasil

lundi, avril 19th, 2021

Voyageurs sans bagages.

Quand un réalisateur un peu original sort des sentiers battus et ponts-aux-ânes des habituels sujets de société, quand il présente une histoire intelligente et originale, il ne prend d’autre risque que de tourner un sujet attachant et de réussir son pari : intéresser un spectateur qui ne connaît ni le metteur en scène, ni les acteurs et qui n’a pas de lumière particulière sur le pays et la société où se déroule le film. Et cela sans faire appel à l’exotisme des situations, qui est souvent d’un effet facile et permet des séductions faciles. Central do Brasil a beau être un peu maladroit quelquefois, comporter une musique envahissante, qui n’est pas très bien adaptée aux situations, c’est assurément un plaisir de le découvrir.

(suite…)

Le chant du loup

samedi, avril 17th, 2021

On aimerait aimer.

On aimerait aimer parce que le film est ambitieux, sérieux, solide et qu’il ne se penche pas sur les sujets ponts-aux-ânes de notre bel aujourd’hui, mais sur des questions autrement plus puissantes : la défense de notre Nation et la mise en valeur de ceux qui ont voué leur vie à ce beau combat. Un film qui ne prend pas le spectateur pour un imbécile, qui tente de lui faire saisir à la fois le bruit des enjeux qui agitent le monde mais aussi, et surtout, les processus de décision qui, sans qu’on en ait les oreilles rompues conditionnent, tout simplement, notre survie. On ne parle d’ailleurs jamais de ces questions vitales et angoissantes, préférant pleurnicher sur des situations épiphénoménales (machisme, sexisme, écologisme, intersectionnalisme et tout le bataclan). (suite…)

Les deux Anglaises et le Continent

vendredi, avril 16th, 2021

Les égarements du cœur et de l’esprit.

Un film plein de grâce, intelligent, subtil, qu’on peut sans doute juger un peu lent, un peu précieux, un peu trop voué aux états d’âme de jeunes gens (et de familles) d’une bonne bourgeoisie attentive aux apparences, cultivée, guère fortunée. Mais qui tient son rang et a pour elle raffinement, courtoisie, respect des codes et des bienséances. Mais enfin, cette bourgeoisie-là, qu’elle fût un peu plus ou un peu moins aisée, c’était tout de même la trame de la belle Europe, celle d’avant la Grande guerre, celle qui s’est entretuée dans une sorte de suicide collectif qui l’a laissé blessée à mort, réticente à tout, sauf aux folies des sorciers Hitler et Staline.

(suite…)

Voyez comme on danse

lundi, avril 12th, 2021

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Si je titre mon avis d’un propos fameux de notre vieux camarade Héraclite, le philosophe présocratique bien connu, c’est parce que je pense que l’excellent Michel Blanc n’a vraiment pas eu une bonne idée. Et que, dès sa conception, on pouvait craindre que la suite qu’il donnait à son assez réussi Embrassez qui vous voudrez était vouée à l’échec. À tout le moins au patinage en toupie. Le premier film a été tourné en 2002 et la suite, donc, Voyez comme on danse en 2018, seize années plus tard ; sinon une génération, du moins tout un monde, une atmosphère et des gens qui ont passablement vieilli, forcément.

(suite…)

Comment voler un million de dollars

samedi, avril 10th, 2021

Sans rythme, ni queue, ni tête, ni quoi que ce soit.

En regardant l’affiche de Comment voler un million de dollars on se dit qu’on va assister à un de ces films où, jadis, Hollywood rendait hommage à Paris et, un peu complexée par son inurbanité, lui reconnaissait le statut de capitale du monde civilisé et de centre absolu de la gaieté, de la légèreté, de la sociabilité et de bien d’autres vertus ensorcelantes. Tourné par l’honnête artisan William Wyler, tout à fait capable de mettre en scène avec talent les gracieuses et un peu tristes Vacances romaines en 1953, le solide, massif, intelligent western Les Grands espaces en 1958 et la lourde brillante machine Ben-Hur en 1960, il était, en 1966, tout à fait en fin de carrière mais on lui pouvait supposer, précisément, de la patte et un savoir-faire renforcé. (suite…)

Un jour sans fin

jeudi, avril 1st, 2021

Voyage au bout de la nuit.

Rarement titre a aussi bien décrit l’histoire qu’il retranscrit : dans Un jour sans fin, Phil Connors (Bill Murray), un assez désagréable et plutôt minable présentateur météorologique d’une chaîne de télévision de second rang, devient captif d’une boucle temporelle et se voit condamné à revivre éternellement la même journée. Le 2 février, dans la bourgade péquenaude de Punxsutawney (Pennsylvanie) il couvre le jour de la marmotte, événement traditionnel censé annoncer – ou non – la survenue d’un printemps précoce. Notables rubiconds, population en fête, réjouissances populaires, tout cela est aussi bon enfant que particulièrement accablant, d’autant que la bourgade paraît receler habituellement une dose d’ennui très au dessus de la moyenne. (suite…)

Dragon rouge

jeudi, mars 25th, 2021

Et petite souris…

Le personnage du monstrueux et séduisant Hannibal Lecter qu’incarne avec plus que du talent Anthony Hopkins a tant et tant captivé les spectateurs qu’après la réussite totale du Silence des agneaux, les roublards producteurs ont exploré jusqu’au bout les fascinations ressenties. Somme toute, avant qu’il ensorcelle et séduise Clarice Starling (Jodie Foster), notre ami Lecter a vécu et a sévi : tout au moins est-ce ce qu’on peut supposer et ce qui fera la structure providentielle et rémunératrice d’une sorte de saga qu’il faudrait placer dans l’ordre chronologique précis : Hannibal Lecter : Les Origines du mal, nigaude justification de la malfaisance intrinsèque du cannibale (parce qu’il a eu bien des malheurs et a donc quelques raisons d’être tel qu’il est) ; puis Dragon rouge, puis Le silence des agneaux et enfin Hannibal… qui ne conclut pas vraiment le parcours. Avec l’horreur, il y a toujours une façon d’aller plus loin.

(suite…)