Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Une femme de ménage

mardi, janvier 26th, 2021

Comme d’habitude, un Berri sans intérêt

Parce que l’on insinue, à la fin du film, une teinte douce-amère (et plus amère que douce), on croit qu’on est un cinéaste audacieux, qu’on se hausse au niveau de Claude Sautet, dans Vincent, François, Paul… et les autres ou des grands artistes de la comédie italienne. On n’est qu’un pauvre petit Claude Berri, tâcheron qui se voulait talentueux et qui n’était pas capable d’autre chose que de produire quelques films, ce qui n’est déjà pas mal, au demeurant. Allez, j’avoue que j’exagère un petit peu : Le vieil homme et l’enfant tenait un peu la route, grâce à Michel Simon et sa version de Germinal, grâce à Émile Zola ; l’abominable adaptation qu’il a faite de Manon des sources ridiculise assez ce pauvre Berri. (suite…)

Les forbans de la nuit

dimanche, janvier 24th, 2021

Patatras !

Voilà un film tellement bien réalisé, tellement bien photographié, tellement bien rythmé qu’on passerait presque absolument sur les imperfections de son intrigue, ses invraisemblances et son caractère bizarre. On se dit aussi que si Richard Widmark trouve là le rôle de sa vie et se montre en tous points parfait, Gene Tierney n’y apparaît que trop rarement et trop brièvement et que c’est bien ballot, pour un réalisateur, de se priver de la beauté à peu près parfaite d’une pareille actrice. Et puis la musique m’a paru à la fois emphatique et stridente.

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Manina, la fille sans voile

vendredi, janvier 22nd, 2021

Petit lapin deviendra grand.

Le film de Willy Rozier est d’une parfaite nullité, mais il n’est pas désagréable à regarder et, pour qui s’intéresse à l’histoire du cinéma, il ne manque pas de qualités informatives. Au fait, Willy Rozier, qui est-ce ? Un de ces stakhanovistes qui vous troussaient un bon petit spectacle d’une heure et demie en quelques semaines et pour guère de sous, un petit truc qui passait dans les salles pendant quelques jours et qui bon an, mal an, permettait au producteur de rentrer dans ses frais, aux acteurs d’être convenablement rémunérés et aux spectateurs de passer une soirée bon enfant avant de rentrer dans son appartement exigu, mal chauffé et aux toilettes sur le palier. (suite…)

Un air de famille

jeudi, janvier 21st, 2021

Les verts pâturages.

Dans le concert de louanges (tellement justifié) qui conduit, depuis deux jours, toutes les chaînes de télévision à programmer les films de Jean-Pierre Bacri, j’ai été un peu déçu par la revoyure de cet Air de famille. Je m’empresse de dire que la totalité de la distribution est absolument remarquable et qu’il faudrait être de bien mauvaise foi pour déceler dans le jeu de l’un ou l’autre la moindre faille : ils sont tous par-faits !

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Le marginal

mercredi, janvier 20th, 2021

Belmondissime.

Le meilleur de ce film, par ailleurs assez médiocre et décousu, c’est son âge et le parfum qu’il laisse, l’arôme, le fumet et – selon qu’on en juge – les fragrances ou les remugles de l’année où il fut tourné. 1983, c’est-à-dire guère loin de quarante ans ; c’est-à-dire aussi, je m’en rends compte avec un affreux filet de glace qui me coule dans le dos, pas très très loin du demi-siècle. Et, à dire le vrai, c’est finalement grâce à des films comme celui-là qu’on se rend vraiment compte que l’on a changé de siècle et même de millénaire. Le marginal ne vaut que par ça et je suis encore tout surpris que le film soit passé à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision qui n’est pas tout à fait confidentielle. (suite…)

Règlements de compte

samedi, janvier 16th, 2021

La vie est crasseuse.

Un film de bonne qualité courante, qui tient la distance et intéresse le spectateur. Ceci malgré un scénario d’une grande banalité comme les États-Unis du début des années Cinquante en suscitaient à la pelle. Une histoire où un homme seul, un petit policier honnête, pur, franc, Dave Bannion, (Glenn Ford) se bat tout seul contre le monde entier, à tout le moins contre toutes les fripouilles de son patelin, qui ont, d’ailleurs gangrené la police du comté. On a vu ça dix-mille fois. Est-il besoin d’ajouter qu’à la fin, c’est le bon policier qui gagne, est-il besoin d’ajouter que, avant de l’emporter sur les canailles, il aura connu les pires vicissitudes, notamment l’assassinat de sa femme, qu’il aimait tendrement ? (suite…)

Bad Lieutenant

mardi, janvier 12th, 2021

Le fond de la piscine.

Il paraît que Bad lieutenant est un film mythique, le meilleur de son réalisateur, 90 minutes qui prennent au cœur (et un peu davantage) et installent une atmosphère poignante, dure, angoissante. Harvey Keitel, acteur massif et inquiétant y est omniprésent, occupant l’écran pendant toute sa durée, jusqu’à lasser le spectateur qui aimerait pouvoir de temps en temps aller respirer autre chose que les miasmes qu’il dégage. Franchement il n’y a pas tant que ça de films qui reposent autant sur des épaules massives et pourries de son acteur principal, qu’on devrait d’ailleurs appeler acteur unique. Même chez les Gabin ou les Funès, on pouvait toujours distinguer, en troisième plan, un rôle, une silhouette reconnaissable. Là, rien du tout. (suite…)

Big fish

dimanche, janvier 10th, 2021

Naissance de l’Odyssée.

Piètre connaisseur des films de Tim Burton, lorsque j’ai l’occasion d’en regarder un, je me laisse pourtant chaque fois prendre par un ton qui me semble original et par un certain charme onirique qu’on ne doit pas retrouver bien souvent dans le cinéma des dernières décennies. C’est en tout cas là un cinéma qui a l’esprit d’enfance et qui rassemble avec talent les meilleures recettes des contes extraordinaires qui construisent l’imaginaire de tous les enfants du monde. Il me semble en effet, pour avoir dévoré, il y a bien longtemps toute la série des Contes et légendes de chez Fernand Nathan que sur tous les continents et au milieu de toutes les coutumes, les enfants sont fascinés par le mélange (en quantités variables, il est vrai) du merveilleux, du magique et du macabre, surtout lorsque ces ingrédients sont rehaussés de beaucoup de couleurs et que les histoires relatées se terminent bien (en tout cas pour le héros et la plupart de ses amis ; mais on peut perdre un peu de monde au passage). (suite…)

Trois de la Canebière

jeudi, janvier 7th, 2021

La sardine a bouché le port.

Lorsque le film est sorti, en 1955, jouant sur l’éternel fonds de galéjades alimenté depuis bien longtemps par Marcel PagnolFernandel et toute une clique de joyeux comédiens qu’on imaginait entourés de cigales et fleurant le pastis, Marseille n’avait pas son image d’aujourd’hui. À tout le moins ce que ceux qui ne la connaissent pas imaginent qu’elle est : un coupe-gorge archi-métissé où des tombereaux de drogue s’échangent sous la protection de kalachnikovs dans des cités fermées à l’Autorité publique. Certes le crime organisé y était absolument présent (voir Borsalino ou, mieux Justin de Marseille qui me paraît d’un ton plus juste), mais n’empoisonnait pas la vie de tout le monde. (suite…)

Tendre poulet

mardi, janvier 5th, 2021

Poulet sans vinaigre.

L’idée à peu près généralement répandue est que Tendre poulet est plutôt un meilleur film qu’On a volé la cuisse de Jupiter. L’un et l’autre film mettent en scène le couple formé par le professeur de grec Antoine Lemercier (Philippe Noiret) et le commissaire de police Lise Tanquerelle (Annie Girardot), anciens camarades de classe à Louis-le-Grand qui se retrouvent et se séduisent dans le premier opus et, dans le second, passent leur voyage de noces en Grèce. Tout cela sur fond d’intrigues policières aussi compliquées que mal convaincantes. Pourquoi pas, après tout ? Les couples un peu rassis ne sont pas denrées fréquentes au cinéma mais changent un peu des amoureux juvéniles et débutants. Autant citer les derniers en date, Prudence et Belisaire Beresford (Catherine Frot et André Dussollier) qui ont sévi trois fois dans les films de Pascal ThomasMon petit doigt m’a dit…Le crime est notre affaire et Associés contre le crime. Tout ça est un peu plon-plon mais se laisse voir. (suite…)