Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Les Misérables (Hossein)

dimanche, janvier 3rd, 2021

Discours des misères du temps.

Robert Hossein mort (comme beaucoup de people cette année, ne trouvez-vous pas ?), quel hommage la télévision allait-elle lui rendre ? Comme acteur, il y avait pléthore, mais on ne voulait sans doute pas rediffuser pour la soixantième fois Angélique marquise des anges, qui est pourtant un bien bon film. Il fallait rendre un hommage déférent au metteur en scène qui, pourtant, a davantage brillé dans les grosses machines scéniques que dans la mise en scène appréciée par la doxa et Télérama ; au cinéma, il n’y avait pas surabondance de films à présenter : d’ailleurs les meilleures réalisations de Hossein qui sont sans doute Toi le venin en 1959 et Le vampire de Düsseldorf en 1965 sont en Noir et Blanc, ce qui suffit à les disqualifier pour un prime-time populaire. On choisit donc la recette éprouvée et culturellement gratifiante de présenter la énième version des inusables Misérables. On se sent d’ailleurs gratifié par l’effort accompli par France-Télévisions d’ouvrir le populo à une grande œuvre révérée par tous. (suite…)

Arnaques, crimes et botanique

samedi, janvier 2nd, 2021

Haute voltige.

On me dit que Arnaques, crimes et botanique, qui date de 1998 (plus de vingt ans, donc) est le premier film de Guy Ritchie. J’en suis d’autant plus content pour lui que j’ignorais jusqu’alors jusqu’à son nom et qu’il avait, depuis lors, accumulé une certaine œuvre dont la découverte sur notre amie Wikipédia me laisse coi, tant je n’ai jamais entendu parler de cette dizaine de toiles qu’il a réalisées. Il est vrai que je ne fréquente pas les multiplexes de banlieue. J’ai sans doute tort (mais peut-être raison) parce que ce premier opus m’a vraiment emballé, par son rythme, sa vivacité, sa cruauté amusante et par le talent avec quoi une histoire assez compliquée est contée. (suite…)

Rencontres du troisième type

jeudi, décembre 31st, 2020

Coquins de martiens !

Je ne me souvenais pas même avoir tenté il y a juste trois ans de regarder ces Rencontres avec de la bonne volonté et m’être endormi au bout de vingt minutes. Cette fois j’ai tenu le coup pendant les 2h17 réglementaires, sans doute parce que j’étais davantage à jeun. Mais à mes yeux ça ne comptera pas dans l’importante et souvent intéressante filmographie de Steven Spielberg, malgré la profusion des moyens mis en œuvre ; il est vrai que des naïvetés (ou des provocations ?) assez imbéciles comme la mise en bonne place de François Truffaut qui incarne un scientifique de premier rang mais qui est incapable de jaspiner la langue anglaise sont de celles qui m’exaspèrent. (suite…)

3 Billboards – Les panneaux de la vengeance

mardi, décembre 29th, 2020

Les crimes du village.

Très curieux film, qui mêle le drame absolu du viol et du massacre d’une jeune fille et la volonté obsessionnelle de vengeance de sa mère à des scènes presque burlesques et à des doses continues d’humour noir. On a évoqué à son propos la manière des frères Joel et Ethan Coen et de fait rien ne leur ressemble autant, même si le point de départ est infiniment plus tragique. Mais la présence au premier plan de Frances McDormand, actrice habituée du duo Coen (et accessoirement femme de Joel) va d’ailleurs tout à fait dans ce sens. On pourrait aussi quelquefois évoquer le tissu de Twin peaks de David Lynch dans le regard narquois et souvent un peu effaré devant la marinade confinée (et assez puante) des bourgades où tout le monde se connaît, se croise et s’entrecroise, s’espionne, s’épie et se déteste. (suite…)

Les bonnes manières

lundi, décembre 28th, 2020

Les nuits de pleine lune.

Bien curieux film venu du bien étrange Brésil, ce pays qui passait, au milieu du siècle dernier, avoir grand avenir et être puissance majeure et qui ne finit pas de s’éparpiller, l’opulence incroyable des uns prospérant sur l’effroyable misère des autres et ceci sur fonds de drogue, de violence et de corruption. Pays étrange de tous les syncrétismes où cohabitent les traces d’anciens cultes africains, un catholicisme démonstratif et un évangélisme en plein développement. Ce riche terreau produit un film qu’on serait bien en mal de classer dans une seule catégorie. Un peu d’étude sociale, un début d’histoire amoureuse saphique, un soupçon d’images sanglantes, quelques excellentes chansons par ci par là, un appel au vieux mythe du loup-garou. (suite…)

La loi du Seigneur

jeudi, décembre 24th, 2020

Les anges dans nos campagnes.

Le film ne serait qu’une collection un peu longuette de vignettes ennuyeuses et de pont-aux-ânes vertueux s’il ne portait un éclairage intéressant sur la secte des Quakers, qui est un peu moins originale que celle des Amish, mais tout de même bien singulière. Sans cet éclairage original, c’est une histoire bien rose-pâle, bien convenue et bien manichéenne. Tous les Nordistes sont beaux, vertueux, loyaux et (presque) désintéressés. Tous les Sudistes sont vulgaires, violents, dépenaillés et pillards. Ben voyons ! Il y a une histoire d’amour dont l’évidence ne trompe ab initio que ceux qui la vivent, des dilemmes abyssaux habilement résolus et la vie d’une famille honorable qui fait songer à La petite maison dans la prairie. (suite…)

Jim la Houlette

dimanche, décembre 20th, 2020

Cinéma du quartier.

Sans doute la pièce de boulevard écrite par Jean Guitton a-t-elle connu un certain succès puisque le film d’’André Berthomieu en est la seconde adaptation, après une première version muette de Pierre Colombier sortie en 1926. Et de fait le scénario est assez ingénieux, à tout le moins si on veut bien se laisser séduire par une pochade à ressorts très éprouvés, avec chef de bande doté d’une façade très respectable et brave couillon sacrifié par sa niaiserie aux manœuvres délictueuses de cette bande et finissant in fine de s’en sortir grâce à sa gentillesse et son honnêteté naturelles. Banal, donc, mais de robuste prestance.

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Topaze 1933

samedi, décembre 19th, 2020

Crapules et fripouilles.

Marcel Pagnol a connu presque d’emblée un succès fou au théâtre avec sa pièce grinçante présentée en 1928. Rien d’étonnant qu’une adaptation au cinéma ait vite suivi, en 1933, sous la houlette de Louis Gasnier et la présence éclatante de Louis Jouvet. Mais il paraît que l’auteur n’était pas content de cette transcription à l’écran de sa pièce, ce qui l’a poussé à en réaliser deux versions ultérieures ; l’une en 1936 avec Arnaudy en rôle-titre et qui est, dit-on, trop empreinte de provençalades (c’est-à-dire bien loin de l’esprit de la pièce, qui est très parisien), l’autre en 1951 avec Fernandel en vedette, qui est sans doute la plus notoire.

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Madame Bovary

vendredi, décembre 18th, 2020

Le rêve passe.

Si Wikipédia ne dit pas de sottises, le film de Claude Chabrol est la onzième adaptation au cinéma du roman de Gustave Flaubert et depuis sa sortie, en 1991, il y en a eu sept autres ! Adaptations, transpositions, recompositions, modernisations, peu importe : la puissance du roman est si incontestable qu’il a donné lieu à la création d’un type (comme Harpagon ou Alceste) et a mis le doigt sur la propension de certaines âmes à rêver le monde plutôt que le vivre ; sans doute est-ce plus un trait féminin que masculin, surtout lorsqu’il s’agit de sentiments, mais ce n’est pas exclusif à ce sexe. (suite…)

La femme sur la lune

mercredi, décembre 16th, 2020

Un étrange voyage.

Il paraît que lorsque Fritz Lang proposa d’adapter au cinéma Une femme dans la lune, roman que venait d’écrire sa femme, Théa von Harbou, ses producteurs de l’Universum film lui demandèrent de passer du muet au parlant. L’enregistrement des sons, initié vers 1926-27 faisait en effet de considérables progrès et le maintien du muet apparaissait comme un combat d’arrière-garde, malgré l’émoi de puristes qui voulaient que le cinéma demeurât ainsi. Lang refusa de faire ce grand saut dès 1929 et attendit 1931 pour réaliser un de ses meilleurs films, M le maudit qui utilisa le son (et avec quelle efficacité ! on frémit d’emblée lorsque dès le tout début la mère de la petite fille disparue, Elsie, enlevée par le violeur, appelle son enfant d’une voix de plus en plus inquiète). (suite…)