Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

La sirène du Mississippi

lundi, octobre 12th, 2020

Une noyade.

Allons, soyons francs, soyons lucides et ne nous racontons pas d’histoires : si La sirène du Mississippi n’avait pas été réalisée par François Truffaut, dans quelle catégorie infamante aux yeux de la critique et des médias du Camp du Bien (rangeons là Le MondeTéléramaLes Inrockuptibles et une palanquée d’autres, moins notoires) le film serait-il rangé ? Cette sorte de récit aussi tordu que torturé pouvait faire jadis le miel et le lait des cinéastes du Samedi soir, coutumiers des histoires un peu noires, à tonalités policières mais en aucun cas entrer dans les cases révérées par la Nouvelle vague. (suite…)

In girum imus nocte et consumimur igni

lundi, octobre 12th, 2020

Sidérant.

Déjà, indiquer que la note médiane que j’attribue à ce que je viens de voir (car le terme film n’est pas approprié, ou ne l’est pas dans son acception habituelle) ne signifie rien. Un zéro ne voudrait rien dire, car ce qu’a créé Guy Debord mérite bien davantage et une appréciation très élogieuse ne serait pas plus satisfaisante. Une heure et demie et un peu plus composée de beaucoup d’images fixes, d’insertions de bandes d’actualité et/ou d’extraits de films classiques qui interviennent à brûle-pourpoint, cela sur un commentaire continu en voix off de l’auteur, verbeux, foisonnant, prétentieux, intelligent, attirant, répulsif, fascinant. (suite…)

Fellini Roma

samedi, octobre 10th, 2020

Les enfants de la Louve.

En 1972, lorsque le film a été tourné, il y avait déjà bien des années que Federico Fellini pouvait tout se permettre et se permettait tout, encensé par toute la critique mondiale et suffisamment suivi par les spectateurs pour que les pouvoirs publics accordent les autorisations indispensables et que les producteurs mettent des sous dans le pot ; quelquefois beaucoup de sous sans doute comme dans Fellini Roma. Liberté totale d’action qui permettait en outre au réalisateur de tourner sans vedettes connues ou même sans acteurs confirmés, sauf pour quelques apparitions en forme de clins d’œil (des caméos, je crois) comme Anna Magnani qu’on voit quelques secondes et qui conclut le spectacle. (suite…)

L’éducation sentimentale

mercredi, octobre 7th, 2020

Été et fumées

J’avais dix raisons de regarder avec un préjugé favorable cette Éducation sentimentale ; j’en avais une de me méfier. Commençons par celle-là : je ne suis pas fort amateur de Gustave Flaubert dont je reconnais volontiers l’immense talent et même la stature de géant des Lettres françaises, mais dans l’œuvre de qui j’entre assez mal et je me noie vite. Je fais une exception pour Madame Bovary, m’amuse quelquefois avec Bouvard et Pécuchet, mais je trouve rien d’aussi ennuyeux que Salambô, sinon La tentation de saint Antoine. Quand à L’éducation sentimentale, je l’ai lue trois fois, la dernière il n’y a pas trois ans et je n’en ai toujours rien retenu, à part les noms des deux protagonistes centraux, Frédéric Moreau et Marie Arnoux, ce qui est particulièrement décourageant pour un texte qui occupe tout de même 430 pages dans mon édition (ancienne) de La Pléiade. (suite…)

India song

mardi, octobre 6th, 2020

Que diable allait-il y faire ?

Il y a vingt films qu’en hommage à Michael Lonsdale qui vient de mourir, j’aurais pu voir ou revoir cette après-midi. En cherchant un peu j’aurais sûrement pu trouver sur une plateforme de streaming ces Fantômes de Goya de Milos Forman que je ne connaissais pas ou l’intéressant Chacal de Fred Zinnemann, vigoureuse histoire sur fond de tentative d’assassinat du général de Gaulle par l’OAS. Ce film présentait en plus l’avantage de réunir à l’écran Lonsdale et Delphine Seyrig, qui fut le grand amour inabouti de sa vie. J’ai choisi une autre œuvre où les deux grands comédiens jouaient ensemble et comme je nourris en ce moment, allez savoir pourquoi, une forme de masochisme cinématographique, je me suis projeté, après un très mauvais Fernandel, (L’acrobate), et un pire (forcément pire !) Godard, (One + One), je me suis projeté donc India song de Marguerite Duras. Diable !

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One+one

samedi, octobre 3rd, 2020

L’invention d’un Zéro absolu plus qu’absolu.

D’humeur maussade cette après-midi, agacé par cet automne mouillé et plus encore par la vision du monde qui nous arrive sur les bras, tétanisé à la fois par la crainte du coronavirus et les précautions prises pour s’en protéger, j’ai mis vraiment toutes les chances de mon côté : je me suis regardé un film de 1968, réalisé par Jean-Luc Godard et en grande partie consacré à la création par les Rolling stones d’une chanson qui leur fut, paraît-il emblématique et qui s’appelle Sympathie for the Devil, film autrement nommé One + One.

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L’acrobate

jeudi, octobre 1st, 2020

La pluralité des mondes.

Ah non, c’est bien plus qu’un ratage, c’est un naufrage et pire encore une submersion dont personne ne se sort intact ! Quand j’écris personne, ça ne concerne évidemment pas les deuxièmes, troisièmes, quatrièmes couteaux, qui ne sont pas si mauvais que ça, qui se contentent de jouer pour venir percevoir leur cachet. Et on ne va pas les vouer aux gémonies pour ça, chacun devant payer sa pitance, son loyer et ses impôts.Mais le film n’existe que par et pour Fernandel. Ce qui se conçoit d’ailleurs, la star portant le film, suscitant l’intérêt et emplissant les salles. Personne n’est d’ailleurs obligé de chercher autre chose que du divertissement dans le spectacle cinématographique. (suite…)

Répétition d’orchestre

mardi, septembre 29th, 2020

Les virtuoses.

Répétition d’orchestre ne me fera pas renoncer à redécouvrir le cinéma de Federico Fellini, qui m’a si longtemps rebuté ou plutôt – le mot est plus exact – décontenancé, mais ne contribuera pas à me faire parcourir avec aisance le chemin de Damas sur quoi je me suis engagé. En d’autres termes j’attends plus et mieux de la vision ou re-vision des Vitelloni, de Juliette des esprits, d’Amarcord, de Fellini Roma, de Casanova, films qui, tous, figurent parmi mes dernières emplettes et dans mon automnal programme cinéphagique .

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Trois couleurs : Bleu

lundi, septembre 28th, 2020

Capitale de la douleur.

De Krzysztof Kieslowski je n’avais vu jusqu’alors qu’un seul film, La double vie de Véronique, intéressant, mais irritant aussi et décontenançant ; un film qui ne peut pas passer pour insignifiant mais qui ne m’a pas donné du plaisir, un film où je ne suis guère entré, tout en reconnaissant ses grandes qualités : beauté formelle et sophistication du récit. La double vie, sortie en 1991, précédait immédiatement la trilogie qui a fait accéder le réalisateur à une grande notoriété, tout au moins en Europe et plus encore en France, Trois couleurs : Bleu, puis Blanc et enfin Rouge, paraît-il en référence à notre devise, Liberté, Égalité, Fraternité en 1993 et 1994. Puis Kieslowski s’est tu, fatigué, et il est mort en 1996. (suite…)

La prochaine fois, je viserai le coeur

dimanche, septembre 27th, 2020

Du plus profond de la tranchée…

Je ne suivrai pas les dithyrambes prononcés avec éloquence sur La prochaine fois je viserai le cœur troisième film de Cédric Anger ; si je n’ai pas vu le deuxième, qui s’appelle L’Avocat, je me souviens encore assez bien du premier, Le Tueur, avec l’excellent Gilbert Melki qui, partant de prémisses scénaristiques bien intéressantes, m’avait paru bien maladroit – ce qui est pardonnable – mais surtout dépourvu de rythme et d’intelligence des personnages, ce qui l’est beaucoup moins. (suite…)