Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Ceddo

vendredi, septembre 4th, 2020

L’Afrique à nu.

Mystérieuse, fascinante, brutale et douce Afrique, qui est peut-être le berceau de l’Humanité, jadis divisée par des empires rivaux, naguère dispersée entre les puissances coloniales, qui auraient mieux fait de n’y pas aller, mais, y étant allées, auraient mieux fait de ne pas l’avoir abandonnée aux haines tribales et à l’avidité des multinationales, qui éclate aujourd’hui sous les coups de l’absurdité des structures imposées et de l’islamisme conquérant, et qui étouffera demain submergée par une démographie insupportable… (suite…)

Le garçon aux cheveux verts

mercredi, septembre 2nd, 2020

Mettons la guerre hors la loi, fouchtra !

Il me semble qu’il y a des gens qui devraient, a posteriori se réjouir d’avoir été vilipendés, persécutés ou exécutés. Que demeurerait-il aujourd’hui d’André Chénier ou de Robert Brasillach si un sort contraire à leurs espérances ne les avait pas conduits à la peine capitale ? Que resterait-il de Joseph Losey s’il n’avait pas été victime de la chasse aux sorcières menée tambour battant par le sénateur Joseph McCarthy, qui aboutit à rejeter de l’Hollywood du lendemain de la Deuxième guerre des tas de protagonistes, dont certains avaient de la qualité ? (suite…)

Saint-Cyr

samedi, août 29th, 2020

La cabale des dévots.

Disons d’abord que les cinéastes français ont bien de la chance. Ils parviennent à réunir des financements – des financements importants – pour des films et sur des sujets dont le propos et l’allure les vouent à des insuccès publics évidents, hors une appréciation d’estime délivrée par ce que Godard appelait les professionnels de la profession. Parce que tourner deux heures d’images – souvent bien belles, d’ailleurs – sur l’ambition de Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, marquise de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV, de donner à des jeunes filles de bonne noblesse mais désargentées (comme Maintenon elle-même, au demeurant) une éducation de qualité n’est pas précisément un thème censé faire affluer des régiments de spectateurs dans les multiplexes de banlieue. (suite…)

Le petit fugitif

lundi, août 24th, 2020

La ville est un échiquier.

Dans la chaleur d’un été new-yorkais du début des années 50. Un quartier pauvre, mais sans excès. Des terrains vagues, des murs de briques, des rues sans grâce. Tout ceci avec des enfants qui s’ennuient et jouent avec n’importe quoi. Un coin de Brooklyn, sans doute. Projet de copains d’aller passer la journée du lendemain à Conney Island, dans cette sorte de péninsule sablonneuse vouée depuis longtemps, par sa plage et son parc d’attractions au divertissement de la lower middle class. Rien de bien original dans l’interminable paysage des vacances d’été qu’on est bien obligé de passer chez soi et entre soi. (suite…)

Deep end

samedi, août 22nd, 2020

Comment l’esprit ne vient pas aux garçons.

Voilà un film très bizarre. Une coproduction germano-britannique tournée en 1970 par un cinéaste polonais, Jerzy Skolimowski, qui jouissait alors d’une certaine renommée et d’un grand succès critique, mais peut-être avant tout parce que, comme Roman Polanski d’ailleurs, il constituait aux yeux occidentaux une image de la rébellion intellectuelle polonaise. Un peu comme en Tchécoslovaquie de la même époque avec Milos FormanJiri Menzel, Vera Chytilova ou en Hongrie avec Miklós Jancsó. Des réalisateurs dont les ciné-clubs étaient férus et qui apportaient assurément un autre regard en Europe de l’Ouest, mais dont la singularité pouvait décontenancer.

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Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?

mardi, août 18th, 2020

Pesante Vertu.

Ce qui est très bien avec le cinéma italien de l’époque, c’est qu’il pratique avec une délectation joyeuse ce qu’on pourrait appeler la transgression. S’appuyant sur une réalité sociétale extrêmement figée, sur le poids des traditions, l’importance de la virginité des jeunes épousées, la crainte des hommes de perdre la face, la parallèle obsession de la virilité triomphante et de la pudeur exigée, il n’est que plus à l’aise pour en montrer les craquements. Qu’on veuille bien ne pas me rappeler que l’action de Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? se situe entre 1908 et 1920 et que Luigi Comencini l’a tourné en 1974 : je le sais bien, mais je doute que, surtout dans le Sud italien, en Sicile où l’histoire se déroule, les choses avaient alors tellement changé. C’est sûrement différent aujourd’hui. Quoique… (suite…)

Et vogue le navire…

dimanche, août 16th, 2020

Car déjà la nuit tombe…

Il ne faut pas que je continue à me la jouer grave avec Federico Fellini et que je poursuive à faire semblant d’ignorer qu’il est un des plus grands réalisateurs de tous les temps. Seulement, finalement, je n’ai pas vu beaucoup de choses de lui, plutôt agacé par une sorte d’impérialisme culturel, d’unanimisme qu’on est prié de respecter, sauf à se faire taxer d’imbécillité et d’ignorantisme. De la même façon qu’on est tenu d’apprécier Gustave FlaubertClaude Monet, Claude Debussy et Auguste Rodin, on est prié de placer l’illustre natif de Rimini sur un piédestal et de s’agenouiller devant son génie protéiforme. Au niveau d’adulation où on peut le situer, la moindre réticence n’est pas admise.

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La beauté du diable

mardi, août 4th, 2020

Deux cavaliers de l’orage.

Qu’est-ce qui me retient de mettre seulement la moyenne à La beauté du diable, bizarrement jamais vu jusqu’à aujourd’hui ? En aucun cas par déférence ou admiration vis-à-vis de René Clair, qui fut un cinéaste inventif et distingué mais qui à mes yeux n’a jamais tourné de chefs-d’œuvre, ni même de très grands films. Sans doute en bonne partie pour la qualité du filmage, décors et prises de vues qui incarnent au plus haut degré le classicisme cinématographique, ce que les galopins des Cahiers du cinéma ont baptisé la Qualité française contre quoi ils ont inventé le concept douteux de Nouvelle vague. Mais surtout pour un acteur, un seul. (suite…)

Nos jours heureux

mercredi, juillet 29th, 2020

Cantique de la marmaille.

Il ne faut pas, évidemment, se laisser entraîner par ses propres souvenirs d’enfance et songer toujours de retrouver quelques anecdotes et épisodes vécus et transposés de façon très honorable par le duo qu’un homme d’esprit a baptisé  Les Nakadano, c’est-à-dire Olivier Nakache et Éric Toledano, désormais importants pourvoyeurs de succès dans le cinéma français. Je précise d’emblée que je n’ai rien contre ces deux cinéastes, pour la bonne et simple raison que je n’avais vu d’eux jusqu’alors que le plus récent Le sens de la fête, qui m’avait bien plu par son originalité dans le magma informe des films prétendument comiques.

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Vipère au poing

dimanche, juillet 26th, 2020

La tête en charpie.

Avant de venir au fond du sujet, ou plutôt à l’extraordinaire puissance du récit à forte tonalité autobiographique d’Hervé Bazin, disons un mot de ce qui l’entoure, qui, tout en le rendant de qualité intemporelle, l’ancre précisément dans son époque. Nous sommes en 1922. La société ancienne se survit, avec ses beaux domaines, sa domesticité nombreuse, son respect des traditions, son sens presque maniaque de la famille. Elle a pourtant déjà été blessée grièvement par la Monarchie de Juillet (Enrichissez-vous !) et par les folles spéculations du Second Empire et de la République bourgeoise. Et le coup de grâce lui a été porté par la Grande Guerre. (suite…)