Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Fitzcarraldo

vendredi, juillet 24th, 2020

Le pays de la création inachevée…

On ne peut pas ne pas trouver les points communs évidents qui relient dans l’œuvre de Werner Herzog deux de ses films majeurs, Fitzcarraldo et Aguirre

mais il ne faudrait pas tomber dans le panneau consistant à en chercher méticuleusement ressemblances et oppositions, inspirations et changements de cap. C’est un exercice où il faut essayer de tenir la ligne droite et d’être rigoureux, parce que Klaus Kinski, l’enfer vert de l’Amazonie, la brume revêche, les fleuves rugueux, les rapides terribles et les indigènes interloqués, ça fait tout de même beaucoup. (suite…)

Le cimetière des voitures

vendredi, juillet 24th, 2020

Ouh là là, quelle audace !

J’ai l’impression qu’on ne parle plus guère maintenant de Fernando Arrabal qui a pourtant connu une considérable notoriété il y a une bonne cinquantaine d’années comme dynamiteur du théâtre et un des héritiers du courant surréaliste. Il est vrai qu’il se dirige, à l’heure où j’écris, vers ses 88 ans, qu’il atteindra au mois d’août prochain. Remarquez, ce n’est pas tellement une raison, puis-je assener (avec une réelle mauvaise foi) puisque demain 24 juillet, nous célébrerons le 132ème anniversaire de la naissance d’Alexandre Dumas, qui me semble être pour sa part demeuré en plein éclat de gloire. (suite…)

Comme une image

lundi, juillet 20th, 2020

Et qu’est-ce qu’on peut y faire ?

Il ne faut pas compter sur Agnes Jaoui et Jean-Pierre Bacri pour écrire des films rassérénants, optimistes et bienveillants. Ces deux-là, qui sont Juifs de Méditerranée, ont tôt compris que le monde n’était pas une partie de plaisir où tout tendait à s’arranger et, en fin de compte, allait forcément vers des fins heureuses. Le grand soleil impitoyable du Sud, on le sait depuis les Tragiques grecs, perpétués jusqu’aux histoires glaçantes de Jean Giono, n’est pas propice à la tendresse bienheureuse que lui offrent les contrées tempérées au soleil moins implacable. La douceur angevine n’a qu’à passer son tour. (suite…)

Les 5000 doigts du Dr. T

dimanche, juillet 19th, 2020

« Petit garçon il est l’heure d’aller se coucher… »

Voilà un film dont le titre étrange et séduisant, la réputation d’originalité et d’intelligence, la perspective de rejoindre les hautes lignées merveilleuses, enchanteresses du Magicien d’Oz m’avaient de longue date décidé à le regarder en famille, ma petite-fille (8 ans et demi) blottie contre mon flanc au cas où une scène un peu impressionnante exigerait l’intervention pacifiante de son grand-père ; les enfants adorent avoir peur, toutes les histoires de Barbe-Bleue, du Petit Poucet, de Blanche Neige, de Peau d’âne vous le diront, à condition qu’ils aient à côté d’eux un lien rassurant avec la réalité, qui pourra d’ailleurs aller consoler plus tardivement le cauchemar nocturne. (suite…)

Vampyr

samedi, juillet 18th, 2020

L’incertitude.

Malgré les propos très convaincants des intervenants des suppléments du DVD, qui chantent merveilles de Vampyr, je ne suis pas tout à fait entré dans l’admiration générale et j’ai regardé le film comme un exercice de style inspiré, souvent intrigant, toujours pénétrant mais qui manque un peu de substance. Si on compare le film de Dreyer (1932) au Nosferatu de Murnau (1928), il y a assurément moins d’angoisses et d’émotions fortes, bien que celui-ci soit encore muet et celui-là déjà parlant. Mais l’un s’empare d’un récit linéaire, l’autre s’évade sur des ailes oniriques qui permettent bien davantage d’expérimentations – donc de vacuités. (suite…)

Mektoub my love

mercredi, juillet 15th, 2020

Un parfum de jasmin.

Eh oui, c’est comme ça le cinéma ! Un film interminable (près de trois heures), qui n’a qu’une intrigue accessoire et presque insignifiante, avec des séquences souvent très longues, des acteurs inconnus, des plans réalisés avec une fébrile caméra à l’épaule et qui est pourtant formidable, convaincant, naturel. Une sorte de documentaire réalisé en 2016 qui situe son intrigue en 1994 mais dont j’imagine qu’avec des adaptations conjoncturelles (j’y reviendrai) il aurait pu être tourné à toutes les époques où se sont rencontrés dans l’éclat de leurs 20 ans des garçons et des filles lors d’un été tiède et propice. C’est sans doute ce qu’il y a de plus intéressant dans le cinéma d’Abdellatif Kechiche : la capacité de fixer en images animées, dans les brouhahas qui sont ceux de la jeunesse, des instants que tout le monde a connus.

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Fog

mardi, juillet 14th, 2020

La mer qu’on voit danser.

Dans l’inconscient collectif, l’idée d’une malédiction qui flotte à la suite d’un crime jadis commis et dont la responsabilité pèse sur de braves clampins d’aujourd’hui, qui n’en peuvent mais, n’est pas fréquente mais je puis en citer au moins une. Le bien plaisant 2000 maniacs de Herschell Gordon Lewis qui date de 1964 et conte la vengeance entreprise par des fantômes Confédérés sudistes massacrés cent ans auparavant par les soldats de l’Union sur les Yankees qui s’aventurent sur leur territoire. C’est rigolard, sarcastique, joyeusement et délibérément cruel, ça fait participer toute la population sudiste au massacre des descendants de ses tortionnaires. (suite…)

Ma femme s’appelle Reviens

lundi, juillet 13th, 2020

Navet cuit à l’eau.

Dans le domaine limité, mais plutôt bon enfant et souvent plaisant de la comédie française des années 80, domaine souvent directement branché sur les facéties de la bande du Splendid, on ne peut pas réussir à tous les coups. Et les recettes qui ont marché ne fonctionnent pas forcément toujours. Prenez Patrice Leconte, un cinéaste qui ne se prend pas vraiment au sérieux et qui, peut-être grâce à ça, arrive à réaliser de temps à autre des films très réussis, très attachants. Ou simplement très drôles, comme l’était Viens chez moi, j’habite chez une copine. Déjà avec Michel Blanc et Anémone. Mais pourquoi ce qui a bien marché ici s’essouffle, là ? (suite…)

La ferme du pendu

samedi, juillet 11th, 2020

Il paraît que la terre ne ment pas.

Voilà assurément un des meilleurs films de l’honnête cinéaste Jean Dréville, avec Copie conforme et Les casse-pieds. Un cinéma sans génie, sans merveilles, mais plaisant, agréable et facile à suivre, davantage créé pour le spectateur que pour les critiques, ce qui n’est pas du tout négligeable. Un cinéma avec des acteurs solides, un déroulement sans défaillance et, ici en tout cas, un scénario bien balancé, attrayant, composé habilement de scènes de genre, d’études campagnardes et de ce qu’il faut de mélodrame pour faire progresser le récit. (suite…)

Les otages

jeudi, juillet 9th, 2020

Un film munichois ?

Voilà un film dont la place dans l’histoire du cinéma français est complexe et, d’une certaine façon, très ambiguë. Un film plaisant, attachant même, orné de bonnes trognes de bons acteurs et décoré par une jolie fille, Annie Vernay, dont le nom serait sans doute plus notoire si elle n’avait attrapé le typhus sur le paquebot qui l’emmenait à Hollywood. Elle est morte alors qu’elle n’avait pas 20 ans. Les otages était le cinquième film qu’elle tournait, juste après Werther du grand Max Ophuls. Glaçant, n’est-ce pas ? (suite…)