Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Visiblement je vous aime

lundi, mars 30th, 2020

Pourquoi pas ?

Dès que j’ai saisi que le film se passait dans le lieu de vie du Gard appelé Le Coral, dirigé par Claude Sigala, une très vague petite musique de souvenir s’est mise à fredonner dans ma tête. Et comme Wikipédia est bien pratique pour réparer les trous d’une vieille mémoire, je n’ai pas eu beaucoup de mal à replonger dans la très poisseuse affaire du Coral, survenue en 1982. Une salle histoire de ballets bleus, roses ou multicolores dans ce lieu de vie. Sans doute, peut-être, une histoire montée de toutes pièces pour discréditer plusieurs politiques – et en premier lieu le mirobolant Jack Lang – une histoire qui a fait plus ou moins pschitt mais qui a tout de même valu à Sigala trois ans de prison dont un avec sursis, réduits en appel à trente mois avec sursis. Le plus vraisemblable, d’après ce que j’ai compris est que, dans la mouvance des théories libertaires issues du détestable Mai 68, il régnait dans l’établissement une totale liberté sexuelle. (suite…)

Les nuits de Montmartre

dimanche, mars 29th, 2020

Et au milieu coule une rivière…

Le dernier tiers du film, plutôt nigaud, ne doit pas faire oublier la charmante allure des débuts. On s’amuse bien à retrouver un de ces films de samedi soir qui appâtaient le chaland avec des recettes très éprouvées. Dans Les nuits de Montmartre, pour les yeux provinciaux ébaubis et ne demandant pas mieux que de l’être, il y a tout ce qu’un spectateur de Romorantin ou d’Hirson pouvait espérer trouver. D’abord quelques cartes postales initiales sur la Capitale, quelques vues de Saint Germain des Prés, Notre Dame, les arcs de triomphe du Carrousel et de l’Étoile, Le Louvre, le Sacré Cœur… Puis une incursion dans une boîte de nuit, dans un Gay Paris fantasmé où du beau monde boit du champagne en applaudissant des orchestres jazzy et des numéros de music-hall. Enfin un titre qui laisse supposer qu’il y aura au rendez-vous quelques filles bien déshabillées pour l’époque…
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Une nuit sur Terre

samedi, mars 28th, 2020

Histoires de la nuit.

Comme tous les films à sketches, dont les saynètes sont reliées entre elles par un fil ténu, Une nuit sur Terre souffre des inégalités de structure et d’inspiration entre ses différents segments. C’est bien beau de vouloir filmer, en cinq endroits et quatre langues, les pérégrinations nocturnes de conducteurs de taxis qui, en une même nuit, au même moment (mais évidemment dans des fuseaux horaires différents) patrouillent dans la nuit et sont conduits à réaliser des courses invraisemblables pour des clients singuliers. Un temps très proche du mode du taxi, j’avais été passionné par la fascination des chauffeurs de la nuit pour leur aventure. Les larges avenues vides, les lumières jaunes qui donnent à l’obscurité une allure blême et surtout les gens de la nuit qui ont, quoi qu’on en pense, une allure et une façon de vivre bizarres.

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Wilbur

vendredi, mars 27th, 2020

Aussi pesant que le ciel de Glasgow

Lone Scherfig qui a tourné Wilbur a fait ses débuts au cinéma en se classant dans le mouvement danois du Dogme95 initié par Thomas Vinterberg et Lars von Trierqui, si bizarre qu’il est ne manque pas de qualités. Mais après avoir réalisé Italian for Beginners qui, paraît-il respecte toute les prescriptions du mouvement et obéit à tous ses ukases, elle s’est dirigée vers un cinéma plus commercial, plus classique et plus sentimental. Du moins est-ce ce que j’ai lu ici et là, puisque j’ignorais jusqu’à cette après-midi l’existence de la dame. Et si j’étais resté dans l’ignorance, je ne m’en serais, d’ailleurs, pas plus mal porté. Finalement les découvertes ça va, ça vient mais souvent de mal en pis.

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Les S.S. frappent la nuit

jeudi, mars 26th, 2020

Dernier été avant poursuites.

Voilà un film qui met en scène un des personnages les plus fascinants du cinéma dramatique, le serial killer, et dont le propos ne consiste pas à présenter la traque et les motivations du tueur. C’est-à-dire que l’orientation principale des SS frappent la nuit (titre idiot, affiches les unes et les autres plus idiotes encore) est beaucoup plus originale et, d’une large façon, plus ambitieuse. C’est aussi que le réalisateur, l’excellent Robert Siodmak, Allemand d’avant-guerre revenu en Allemagne d’après-guerre après un large détour par la France et les États-Unis porte en lui les hantises et les culpabilités de ses compatriotes. Voilà qui est bien intéressant. (suite…)

Le puits et le pendule

mardi, mars 24th, 2020

La mort à portée de la main.

Je ne crois pas avoir vu le court métrage d’Alexandre Astruc sur le petit écran. En 1964, nous n’avions pas la télévision ; plus tard y a-t-il eu une diffusion ? C’est fort possible, parce que l’époque n’hésitait pas à proposer aux spectateurs des textes et des images exigeants, puisés aux meilleures sources, adaptés de grands écrivains et mis en scène par d’excellents réalisateurs. Je sais bien qu’il y avait aussi Intervilles, mais on se souvient avant tout de Cinq colonnes à la Une et de La caméra explore le Temps. Bon. Passons ces récriminations de vieillard presque cacochyme. Depuis Tacite tout a été toujours mieux avant. (suite…)

Sept vies

mardi, mars 24th, 2020

La fontaine du caramel mou.

La sauvagerie intrinsèque du monde moderne, si cruel pour les sinistrés de la mondialisation, pour les vieillards abandonnés dans les mouroirs, pour les populations chassées de chez elles par l’Islam terroriste, va de pair avec la cucuterie sucrée. Le paradoxe n’est d’ailleurs qu’apparent. Il faut bien qu’une société sans repères fasse mine de retrouver des bases dans une apparente gentillesse dispensée de façon gnangnan, larmoyante et inutile. D’où le succès des marches blanches et des amoncellements fleuris sur les lieux d’un drame (revoir 38 témoins de Lucas Belvaux : tout le monde s’est bouché les oreilles et tout le monde pleurniche).

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Nuits blanches

lundi, mars 23rd, 2020

Quand l’alouette s’envole.

Sans doute un jour ou l’autre, les circonstances aidant – ou imposant – je regarderai, ou reverrai des films de Luchino Visconti. Ceux que j’ai vus jadis et qui ne m’ont pas emballé (SensoRocco et ses frèresLes damnés) et ceux que je ne connais pas (Ludwig ou le Crépuscule des dieuxViolence et passionL’innocent). Mais je serais bien étonné que tout ça m’emballe : c’est comme avec un vin, une femme ou un poème : quand on n’y est pas sensible, il n’y a pas grand chose à faire. Et cela même si l’on se dit qu’on a sûrement tort et qu’on devait, comme la masse, comme la foule, approuver et applaudir des deux mains. (suite…)

Les ponts de Toko-Ri

samedi, mars 21st, 2020

Le bout du monde.

En 1952, les valeureux soldats des États-Unis d’Amérique n’en avaient pas fini avec ce que l’on appelait alors les petits hommes jaunes. À peine la question du Japon avait-elle été réglée (de façon radicale, j’en conviens) les 6 et 9 août 1945 que commençait, le 25 juin 1950, la guerre de Corée à la suite de l’invasion des forces communistes du Nord du territoire du Sud. On remarquera que la situation, stabilisée d’apparence depuis le 27 juillet 1953, n’est toujours pas réglée et ne semble pas proche de l’être. Mais, comme la nécessité de se nourrir, la guerre est inhérente à l’Humanité ; on ne peut que se féliciter, avec une bonne part d’égoïsme, de passer au travers, lorsqu’on fait partie d’une génération bénie qui l’évite. Et il n’y a pas tant que ça dans la furibonde histoire de l’Humanité. (suite…)

Les amants de la nuit

vendredi, mars 20th, 2020

La mort qui rode.

C’est encore une histoire de fatalité, ou peu s’en faut. Un jeune voyou, Bowie Bowers (Farley Granger) qui a écopé de cinq ans de prison pour assassinat, s’évade avec deux truands chevronnés, le borgne Chicamaw Mobley (Howard Da Silva), qui est un peu psychopathe et Henry T-Dub Mansfield (Jay C. Flippen), un peu davantage subtil. Bowie n’a pas une grande vocation pour le monde du gangstérisme, mais il ne voit pas bien ce qu’il pourrait faire d’autre et d’ailleurs ses deux compagnons lui rappellent qu’ils l’ont distingué au bagne et choisi pour l’évasion afin qu’il les accompagne désormais dans leurs mauvais coups. Les trois hommes se réfugient chez Mobley (Will Wright), frère de Chicamaw et père de la jeune Keechie (Cathy O’Donnel). Arrive ce qui doit arriver : Bowie et Keechie se plaisent et vont lier leurs destins (comme on dit dans les romans de gare).

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