Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Décalage horaire

jeudi, février 13th, 2020

Robinet d’eau tiède.

C’est du cinéma qui ne laisse pas la moindre trace ; qui n’en a laissé aucune, d’ailleurs, depuis 2002 où le film est petitement sorti sur les écrans et dont on a peine à croire que quelqu’un, moins de vingt ans plus tard, puisse se souvenir. Et pourtant j’ai regardé ça sur un DVD édité en Russie où il y a donc eu des gogos pour s’y laisser prendre. Et pourtant aussi Décalage horaire n’a pas été tourné par un obscur débutant juste sorti de la FEMIS, n’a pas été interprété par deux jeunes comédiens balbutiants à peine issus du Conservatoire de Chalon-sur-Saône (ou de Pampérigouste, si l’on préfère). (suite…)

House of cards

mardi, février 11th, 2020

Gardez votre lèvre supérieure rigide !

C’est bien long quatre épisodes de 55 minutes, c’est-à-dire 3h40 de spectacle absorbés en continuité surtout si on s’y perd un peu et s’y ennuie de temps en temps. Mais tant à faire, puisqu’on a regardé le premier épisode, on ne va pas rechigner à découvrir les suivants. C’est d’ailleurs là le piège des feuilletons : vouloir connaître la fin de l’histoire et savoir précisément comment ce qu’on suspectait dès le premier épisode se réaliserait, voire quelles seraient les révélations épouvantables sur tel ou tel protagoniste dont on pouvait, avec une certaine naïveté, suspecter les noires menées. (suite…)

1917

lundi, février 10th, 2020

Service inutile.

6 avril 1917. Le front de la Somme où, l’année précédente a eu lieu une des tueries les plus sanglantes de la Grande guerre. Les positions se sont stabilisées, mais les craquements se font entendre au sein même des puissances belligérantes. Qui va lâcher le premier ? Le 6 avril 1917, c’est aussi l’entrée en guerre officielle des États-Unis au côté des Alliés ; on perçoit que l’apport de leurs troupes va être décisif lorsqu’elles arriveront à plein régime. Il est vital pour l’Allemagne de faire bouger les lignes, de diminuer la longueur du front et de s’adosser aux positions fortifiées de la Ligne Hindenburg, vaste système défensif de 160 kilomètres de long. (suite…)

Quatorze juillet

samedi, février 8th, 2020

Deux sous d’amour.

Combien de temps a-t-il fallu à René Clair pour ravaler ses préventions contre le cinéma parlant, pour comprendre que son refus du son et des dialogues était un combat perdu d’avance, emporté par le goût du public et davantage encore par la simple évidence ? Charmant, séduisant fantaisiste, bien doué par les fées de la création, il se méfiait comme la peste de ces innovations modernes qui lui paraissaient priver le cinéma, art nouveau, art moderne, art du 20ème siècle débutant et triomphant de ce qui faisait sa spécificité et sa magie : orientations surprenantes des caméras, lumières incroyables, poésies éclatantes du mouvement. (suite…)

Lions love (…and lies)

vendredi, février 7th, 2020

La récréation est finie.

On prête à Winston Churchill un aphorisme narquois et bien dans sa manière : Les prévisions sont particulièrement difficiles à faire, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. N’empêche que le foisonnement démolisseur et anarchique de Mai 68 et des années qui ont suivi pouvait sans trop de difficultés être lu dans l’épanouissement bizarre de ce qu’on a appelé la contre-culture, née sur les campus étasuniens à base de LSD et d’autres substances hallucinogènes, de liberté sexuelle débridée et de musiques discordantes. Dès les années 66 ou 67, on connaissait déjà en France les noms de Jack Kérouac ou de Timothy Leary. Il ne fallait pas être si malin que ça pour imaginer que tout ce qui rassemblerait soleil, musique et sexe était promis à un bel avenir. (suite…)

L’ardoise

mercredi, février 5th, 2020

À effacer, vite !

À côté d’un chanteur inoffensif, Adamo, un peu niquedouille, fait pour le cinéma comme moi pour le macramé, il y a deux excellents acteurs. Et même trois si l’on ajoute le souverain Jean Desailly, mais qui a un trop petit rôle ici pour qu’on en parle. Deux excellents acteurs, donc. Bien sûr Michel Constantin dont la gueule cabossée et les fortes paluches ont été tant et tant, et souvent si bien utilisées au cinéma depuis que Jacques Becker l’a imposé dans Le trou. Et si on se souvient surtout de Jess Hahn dans des rôles de gangster ou d’espion balourd, il faut voir combien, si bien dirigé par Éric Rohmer, il est remarquable dans Le signe du lion, seule tête d’affiche qu’il ait jamais obtenue. (suite…)

Belle du Seigneur (film)

mercredi, février 5th, 2020

Il y a dans le scandale recherché quelque chose de bien vulgaire

Comment ça ! Vous avez le culot de mettre un infâmant 1 à un film que vous n’avez pas vu et que vous vouez sans nuances aux gémonies ? Vous êtes décidément un drôle de zigoto !

Eh oui, je n’ai pas vu ça, ne le verrai jamais et j’ai de toutes mes fibres espéré que cette mauvaise action ne se commettrait pas. Pourquoi ?

Eh bien moi, qui pense être un assez bon connaisseur de l’œuvre d’Albert Cohen, totalement inadaptable, tant sa langue et ses extraordinaires chatoiements ne peuvent être transposés, je frémissais rien qu’à l’idée qu’un crétin prétendait s’emparer de ce livre admirable ! Le bide extraordinaire et mérité du Mangeclous de Moshé Mizrahi ne leur avait donc pas suffit ???

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Exodus

lundi, février 3rd, 2020

Sur le théâtre du Monde.

Voilà un très gros film hollywoodien, très et trop copieux, qui, pendant plus de trois heures, essaye sans beaucoup de nuances de raconter un des événements majeurs du 20ème siècle, un de ces événements qui retentissent très largement sur le monde d’aujourd’hui : la création ex nihilo de l’État d’Israël. Très et trop copieux, c’est bien cela : un de ces gâteaux considérables plein de bonnes choses, du miel, des framboises, du caramel, de la chantilly qui satisfont nos gourmandises mais laissent la place à un peu trop de satiété ; c’est déjà ça : il n’y a pas d’écœurement. Mais en fait on sait depuis longtemps que qui trop embrasse, mal étreint et qu’à force d’empiler Pélion sur Ossa, comme les Géants de la mythologie grecque, on montre une ambition trop forte, démesurée à mes yeux. (suite…)

Moi, Gagarine

samedi, février 1st, 2020

Le néant subventionné.

Cette chose informe, qui dure 61 minutes difficilement supportables, a été subventionnée par une kyrielle d’organismes bien-pensants. Le CNC, France 2 (nos impôts !!!), Lyon Capitale TV et aussi d’autres organismes, plus ou moins assistés ou bénéficiant de déductions fiscales intéressantes (toujours nos impôts !!!). Qu’une ânerie pareille ait bénéficié de telles grasses complaisances en dit long sur le petit monde de l’entre-soi cinématographique. Si l’on fait partie du Camp du Bien, on a droit à une abondante avoine dans la mangeoire. Si l’on n’en fait pas partie, on peut toujours se brosser, comme Cheyenne Carron qui poursuit son chemin en accumulant les pires difficultés. (suite…)

La vie de plaisir

jeudi, janvier 30th, 2020

Drôle de fourmilière.

Je viens de découvrir La vie de plaisir qui est le deuxième film que je voyais d’Albert Valentin, après Marie-Martine. À l’un et l’autre film, je mets une note excellente et je me dis qu’en les regardant à nouveau quelque jour, il n’est pas certain que je ne les apprécierai pas davantage. Et pourtant la notoriété de ce cinéaste d’origine belge est bien confidentielle. Pourquoi ? D’abord il n’a pas beaucoup tourné lui-même, alors qu’il a été le scénariste de nombre d’œuvres, certaines très ou assez réussies (Le ciel est à vousAu p’tit zouaveL’étrange Madame X), d’autres moins convaincantes (L’affaire des poisonsArchimède le clochardLe bateau d’Émile) ; il n’a pas beaucoup tourné – et il faudrait que je voie L’entraîneuse avec Michelle Morgan – parce que, précisément La vie de plaisir a causé un tel scandale dans la France de la fin de la guerre (sortie le 16 mai 1944 !!!) que le cinéaste a pratiquement été interdit de tourner, de la même façon que Henri-Georges Clouzot. Quand les ukases ont été levés, le feu sacré s’était sans doute éteint… Une carrière brisée net. (suite…)