Sur les rives du Styx.
Ben Sanderson (Nicolas Cage) ne boit pas : c’est pire. Il avale, il ingurgite, il absorbe du whisky, du gin, du bourbon, de la vodka, de la tequila, engloutis directement au goulot des bouteilles ; il ne me semble pas avoir jamais vu un alcoolisme aussi quantitatif, si je puis dire, au point qu’on a presque du mal à y croire parce qu’on se dit qu’on aurait soi-même roulé sous la table si on dévorait le quart du tiers dont ce scénariste en pleine déglingue démolit sa vie. Sa femme l’a quitté ; boit-il parce qu’il a été quitté ou a-t-il été quitté parce qu’il buvait ? La question demeure incertaine, y compris pour lui. Sa femme est partie et son patron de Los Angeles le fiche à la porte : on sait d’emblée qu’il n’y aura pas d’issue. Il en est d’ailleurs tellement conscient qu’il décide d’aller terminer son existence à Las Vegas parce qu’au moins là-bas, au Nevada, on peut acheter de l’alcool à toute heure du jour et de la nuit et partout. (suite…)