Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

There will be blood

samedi, novembre 16th, 2019

Vent sauvage.

C’est tout de même très disparate, construit de façon plutôt bancale, sans beaucoup de maîtrise des temps… Ce qui est ennuyeux, à mon sens, pour un film dont l’histoire s’étend sur une bonne trentaine d’années. Les temporalités ne m’ont pas semblé bien maîtrisées et les ellipses, sans être incompréhensibles, m’ont paru survenir un peu de bric et de broc. Il y a des qualités, assurément, moins dans le scénario, touffu et emphatique, mais que There will be blood ait été classé en 2016 par un rassemblement de critiques, au troisième rang des meilleurs films du 21ème siècle, m’interloque un peu. Importants moyens, acteurs de mérite, mais discours un peu limité. (suite…)

La vie commence demain

mercredi, novembre 13th, 2019

Allons au devant du matin !

Faire magnifiquement revivre Paris 1900 dans un film de montage d’une fluidité et d’une intelligence exceptionnelles a sûrement donné envie à Nicole Vedrès de regarder et d’illustrer la société qui prétendait, aux lendemains de la Deuxième guerre mondiale, ouvrir des horizons vibrants et chantants, une société qu’elle voyait vibrionner autour d’elle. Au milieu des espérances démesurées de la Libération, de l’aveuglement qui conduit, à chaque fin de conflit, à penser que l’Humanité sera désormais plus sage et que cette fois, elle aura retenu la leçon, voilà que la Science – avec un S majuscule – va nous ouvrir des chemins pavés de lys et de diamants.

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Benjamin Gates et le trésor des Templiers

dimanche, novembre 10th, 2019

Rouletabille en Amérique.

Si l’on n’est pas trop regardant sur les vraisemblances, si l’on accepte de recevoir de gros paquets de poudre aux yeux et d’admettre tout le lot des coïncidences qui sont à la fois le fardeau et le charme des feuilletons haletants, Benjamin Gates et le trésor des Templiers tient à peu près son rang de sous-produit de la série des Indiana Jones et parvient même quelquefois à captiver l’adolescent qui sommeille encore dans le presque vieillard. Après tout, nous avons tous été élevés dans le plaisir sans mélange, sans doute issu du scoutisme (mais peut-être encore des quêtes médiévales) de l’aventure et du jeu de piste. (suite…)

Tumultes

jeudi, novembre 7th, 2019

Ciels gris, ciels bleus.

Des films qui racontent une douloureuse histoire de famille, avec ses rancœurs, ses erreurs, ses secrets, ses incertitudes, ses sacs qu’on vide, mais aussi les liens profonds qui unissent parents et enfants, les grands moments de complicité, les retrouvailles autour des souvenirs d’enfance, des films, donc, qui s’insinuent dans une intimité que nous connaissons à peu près tous, malgré les particularités, il y en a une foule. Parmi ceux que j’ai vus il y a peu, je me rappelle Le fils de Jean de Philippe Lioret ou Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Rien qui m’ait vraiment convaincu, au demeurant.

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Delicatessen

lundi, novembre 4th, 2019

Stupeur et tremblements.

À ce moment-là, personne ne s’est méfié. Dans un pays plutôt réticent aux innovations et qui n’a pas vraiment la tête au fantastique, ni même le plus souvent à l’onirisme, voilà qu’éclatait sur les écrans et remportait un succès critique et public inattendu et considérable, un film qui ne ressemblait à rien de connu, conçu par deux réalisateurs anonymes. Un film qui, en plus, n’était interprété par aucune des têtes d’affiche censées remplir les salles, mais par des trognes judicieusement choisies, qui ancraient ainsi facilement le film dans l’imaginaire. (suite…)

Quand la femme s’en mêle

lundi, novembre 4th, 2019

Petit précis de catastrophes.

Au simple vu du titre, Quand la femme s’en mêle, j’imaginais que le film faisait partie de la veine bien française et légèrement misogyne qui a donné les œuvrettes illustrées par Raoul André, du type Les pépées font la loi ou Clara et les méchants. Des films où avec une finesse pachydermique, on démontre au bout d’une intrigue à vague prétexte policier, que les représentantes de la plus charmante partie de l’Humanité, apparemment causes de catastrophes, sont en fait beaucoup plus subtiles, beaucoup plus malignes, beaucoup plus astucieuses et tout aussi courageuses que l’autre partie. (suite…)

Arachnophobie

vendredi, novembre 1st, 2019

« Et ma blême araignée, ogre illogique et las… »

Que les spectateurs impatients et pressés se rassurent : une fois les sept ou huit premières minutes d’Arachnophobie regardées, ils peuvent passer à autre chose et, comme on le disait naguère à la télévision, reprendre leurs activités habituelles. Les premières minutes, en effet, présentent un des plus spectaculaires sites de notre Terre, qui en compte pourtant beaucoup : le Salto angel au Vénézuela, la plus haute chute d’eau du monde (979 mètres), située en rupture d’un plateau stupéfiant. C’est encore plus extraordinaire que le début d’Aguirre de Werner Herzog et de la descente des pauvres gens vers la vallée. (suite…)

La chambre des officiers

mardi, octobre 29th, 2019

Après la vie.

Du plus grand conflit de notre Histoire, de celui qui a laissé des cicatrices encore purulentes, un siècle après son achèvement, on ne parle plus tant que ça, finalement. De leur brève existence, les Étasuniens ont tiré des dizaines et des dizaines de beaux et grands films, sur la Guerre de Sécession ou sur l’extermination des Peaux-Rouges. Et nous bien peu, alors qu’il y aurait tant et tant à décrire… Qui se récriera et me citera une bonne centaine d’œuvres inspirées par le conflit majeur du siècle n’aura pas tort ; mais qu’est-ce que c’est que cette nomenclature au regard de celle consacrée à la Deuxième guerre, infiniment moins importante pour notre identité et notre être profond ? (suite…)

Les Misérables 1934

lundi, octobre 28th, 2019

Caramba ! Encore raté !

On me disait depuis toujours tellement monts et merveilles de cette version du plus grand mélodrame populaire français, de ce roman que tout le monde croit connaître et aimer que je me faisais un bonheur de la découvrir enfin. On me la présentait dense, longue, fidèle autant qu’il est possible au riche terreau, trop riche terreau, hugolien, on me disait que les près de quatre heures et demie de spectacle, divisées souplement en trois films (Une tempête sous un crâneLes ThénardierLiberté, liberté chérie) permettaient de mettre en scène les ramifications et les évolutions d’une œuvre qui s’étend sur une large vingtaine d’années (et sur 1486 pages en Pléiade). On me disait aussi que la distribution du film était exceptionnelle et que le rassemblement de grands noms et de grand talent, Harry Baur en Valjean, Charles Vanel en Javert, Charles Dullin et Marguerite Moreno en Thénardier était gage de merveilles. (suite…)

La liste de Schindler

mercredi, octobre 23rd, 2019

Les bourreaux sont derrière la porte.

Ce qui me paraît le plus sommaire dans ce film beaucoup trop long, mais très bien fichu, c’est tout de même l’absence de toute réflexion sur la seule vraie question primale, essentielle, terrifiante, cette question qui nous renvoie à une sorte d’animalité première, à la honte de notre animalité : comment des tas de gens qui n’étaient pas plus mauvais que beaucoup ont été capables de faire ça ? À ce moment là il faut mettre de côté tous les anathèmes contre les cingleries hitlériennes. Quand j’écris mettre de côté, ça veut simplement dire que ça ne me paraît pas suffisant et, d’une certaine façon, trop facile. L’histoire des génocides est variée et abominable : les soldats républicains de Hoche ou de Kléber qui éventraient les femmes de Vendée pour arracher à leurs ventres les fœtus à peine formés, les Turcs qui clouaient aux pieds des Arméniens des semelles de bois, les Khmers rouges qui crevaient les yeux des binoclards jugés par cela même des intellectuels, les Rwandais fanatisés qui allaient assassiner leurs propres parents… (suite…)