Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Car wash

mercredi, septembre 4th, 2019

Breakfast in America.

Mon glaive vengeur et mon bras séculier ont plutôt tendance à s’abattre au moment où le film que je regarde s’étire, s’allonge et me paraît interminable, quelle que soit la durée du métrage, au demeurant. Et voilà que pour une fois, mon humeur qui était du genre morose et même morosissime s’est vaguement éclairée au moment où l’on parvenait au dernier quart d’heure. La chose est assez rare pour être relatée, mais il ne faudrait pas penser pour autant que j’ai passé un moment agréable en compagnie d’une troupe de laveurs de voiture, généralement noirs, dans un faubourg assez minable de Los Angeles. (suite…)

OSS 117 : Le Caire, nid d’espions

samedi, août 31st, 2019

Le protocole et les usages.

Je crois qu’il faut d’abord que j’évacue ma bile noire. Alors que tous les pays du monde qui comptent un peu, États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, et sûrement Chine tentent se fièrement promouvoir aux yeux du monde, il n’y a que nous qui nous débinons et – gros malins jamais dupes – nous ridiculisons en nous moquant de nous-mêmes comme si nous n’étions pas le plus beau pays qui se puisse et celui qui a le plus apporté à l’Humanité. Au lieu de présenter un Français sauveur de la Terre et de la Civilisation, comme le firent souvent James Bond et une grande quantité de Yankees, voilà que nous nous diminuons, nous méprisons, nous goguenardons. (suite…)

Minuit dans le jardin du Bien et du Mal

jeudi, août 29th, 2019

Dans la chaleur de la nuit.

Le cadre magnifique de Savannah, une des villes de Géorgie qui laisse penser que les États-Unis auraient pu être une nation civilisée si le Sud n’avait pas perdu la Guerre de Sécession. Des architectures magnifiques, la douceur des pelouses et des ombrages de sassafras voilés de mousse espagnole. Un peu de civilisation patricienne et un Yankee journaliste, John Kelso (John Cusack), qui débarque là, un peu faraud mais intelligent, pour couvrir, dans une édition étasunienne de Gala ou de Voici la fête, en principe somptueuse, que donne le richissime collectionneur Jim Williams (Kevin Spacey) à la bonne société de la ville. (suite…)

Le prix à payer

mercredi, août 28th, 2019

Sans épine et sans parfum.

Alors voilà. Un homme d’affaires évidemment aisé, Jean-Pierre Ménard (Christian Clavier) est doté d’une femme séduisante, Odile (Nathalie Baye) dont il demeure très amoureux mais qui ne songe qu’à claquer le maximum de fric dans les belles boutiques de l’avenue Montaigne. Le couple dispose d’un chauffeur stylé, Richard (Gérard Lanvin), lui-même compagnon de Caroline (Géraldine Pailhas), déjà dotée de deux enfants d’une précédente union et qui ne rêve que d’écrire. Comme dit Richard à Caroline lors d’une de leurs disputes, Tu ne veux pas travailler, tu veux faire ce qui te plaît. (suite…)

Haïti, la fin des chimères ?

mardi, août 27th, 2019

Noir, c’est noir !

Haïti, la fin des chimères ? est un moyen métrage, complément naturel de Royal bonbon, film lui aussi consacré à cet effarant État qui ne cesse de s’enfoncer chaque année un peu plus dans le désastre alors que l’île de Saint Domingue était, jusqu’à l’indépendance et le massacre des Blancs, la perle des Antilles et le trésor de la couronne de France. Le traité de Paris du 10 février 1763, qui scelle la fin de la Guerre de 7 ans et nous paraît désastreux fut pourtant célébré dans notre capitale par des feux d’artifice. Nous perdions le Canada (les quelques arpents de neige de Voltaire) et les Indes, mais nous affermissions sur les îles des Antilles productrices de sucre (Martinique, Guadeloupe et surtout, surtout Saint Domingue, c’est-à-dire Haïti. On a toujours tort de juger les affaires du passé avec les yeux d’aujourd’hui. (suite…)

Les promesses de l’ombre

mercredi, août 21st, 2019

Grands méchants loups.

Je n’avais pas pour David Cronenberg un goût bien affirmé et ses histoires assez chtarbées et malsaines. VidéodromeM. ButterflyEXistenZ, ça ne m’avait pas tellement plu. J’ai glissé Les promesses de l’ombre dans mon lecteur avec un peu de méfiance et de scepticisme. Et tout de suite, pourtant j’ai été happé, immergé dans l’atmosphère de ce récit qui ne me semble pas avoir grand rapport avec les films précédents. Violent, cruel, glaçant, sans doute, mais pas vraiment gluant comme les autres. (suite…)

Once upon a Time… in Hollywood

mardi, août 20th, 2019

Clic-clac Kodak !

J’ai tordu le nez pendant des années (et me le suis même pincé) devant les films de Quentin Tarantino et je commençais à m’y faire et à les apprécier, sans pour autant porter le réalisateur au pinacle. Et voilà que Once upon a Time… in Hollywood me rend assez perplexe et me décontenance depuis que je l’ai vu hier dans une grande salle quasi vide. Ça faisait presque un an que je n’étais pas entré dans un cinéma, d’ailleurs. Conditions de vision impeccables donc, sans des voisins qui puent, qui parlent, qui grignotent du pop-corn, qui se lèvent inopinément, qui dissimulent par leur grande taille la moitié de l’écran ; c’est déjà bien. Et en plus, naturellement en V.O. (suite…)

Paris au mois d’août

samedi, août 17th, 2019

Comédiens sans le savoir.

Qu’est-ce qui manque à ce film de 1966 pour être ce dont je me souvenais et que je n’avais plus vu depuis sa sortie ? Qu’est-ce qui manque à Paris au mois d’août pour être aussi déchirant que son titre intense et la chanson composée par Georges Garvarentz, écrite et chantée par Charles Aznavour lors du générique de fin ? Un générique immobile qui, lui, est bien à la mesure de ce que devrait être tout le film, un petit coup de poignard dans le cœur et beaucoup d’amertume ? Sans doute un peu de cohérence et un trop grand éparpillement. Mais c’est bien, souvent très bien et même quelquefois touchant. (suite…)

Good bye, Lénin !

vendredi, août 16th, 2019

Le passé d’une illusion.

Ma génération, celle du baby-boom, qui est aussi celle de l’équilibre de la terreur et de la Guerre froide, avait, au delà des emballements conjoncturels, quelques certitudes bien ancrées. Aux premiers rangs, il y avait la qualité du secret bancaire suisse, celle de la décrépitude chinoise et celle, peut-être avant tout, de la force irrésistible de l’Empire soviétique, donc de l’inéluctabilité du Rideau de fer. Au cours d’un séjour en Allemagne, au tout début des années 60, j’avais été surpris, choqué même scandalisé un peu par de grandes cartes sur des panneaux de la petite ville du Würtenberg où je passais des vacances studieuses (du type À nous les petites Anglaises, si vous voyez ce que je veux dire). Les cartes présentaient une image de la Germanie réunifiée, avec les Länder de l’Est figurés, comme sur les cartes françaises entre 1870 et 1918, l’Alsace-Moselle. (suite…)

L’inconnu

vendredi, août 16th, 2019

Tout ça pour ça !

Le 5 janvier 1963 – date qui devrait figurer dans toutes les bonnes nécrologies – fermait, s’éteignait le Théâtre du Grand Guignol qui, depuis le 16 mai 1896, offrait à l’honnête amateur des spectacles dont l’horreur kitchissime était le fondement. Pour ceux que cela peut encore intéresser, indiquons qu’un fort volume de la collection Bouquins, chez l’éditeur Robert Laffont publie un florilège des pièces les plus célèbres de ce répertoire glaçant, à base de savants fous, de meurtriers sadiques, de cannibales immondes, de déments lâchés dans les allées quotidiennes, de bourreaux abjects et de toute la kyrielle des monstruosités possibles et imaginables. (suite…)