Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le retour de la créature du lagon

jeudi, août 15th, 2019

Vade retro, Créature !

Il y a tout un paquet de films dont. il n’y a rien à tirer, pas une image, pas une réplique, pas une note de musique, pas une situation, pas une idée, pas une émotion. Il y a tout un paquet de films qui ne méritent pas la noté éliminatoire. Mais celui là est encore en dessous de ces abysses. J’ignore absolument ce qu’on peut dire et comment on peut juger La créature du marais, réalisé par Wes Craven qui est à l’origine de cette suite, Le retour de la créature du lagon, mise en scène (si l’on peut dire) par le bien moins notoire Jim Wynorski, plutôt spécialisé dans la production de série dérisoire, destinée à on ne sait quoi, les écrans de chaînes de douzième ordre ou, s’il en existe encore, les salles des bourgades perdues d’Iowa ou du Nebraska. (suite…)

James Ellroy « American dog »

mercredi, août 7th, 2019

Violents rivages.

Expérience amusante et un peu étrange de regarder un film documentaire consacré à un écrivain dont vous n’avez pas lu une ligne et qui ne vous est connu que pour avoir inspiré Le dahlia noir de Brian De Palma qui est un film d’une nullité sans nom. La note que mets, qui est médiane, n’a aucune espèce d’importance et moins encore de pertinence : elle permet simplement de voir que je ne me suis pas ennuyé et que j’ai trouvé que c’était plutôt bien fichu. Clara et Robert Kuperberg, d’après ce que j’ai appris sur eux, sont un couple de documentaristes de qualité, auteurs de films sur les cinéastes blacklistésGeorge Sidney ou Martin Scorsese ; leur truc sur Ellroy prédispose plutôt bien à leur endroit. (suite…)

L’Odyssée

lundi, août 5th, 2019

Dans les clous.

Voilà bien un film qui ne pouvait recueillir qu’un certain succès lors de sa sortie en salles en 2016 (un peu plus de 1.200.000 entrées) et passer sur TF1 un dimanche soir d’été, période où, sous la chaleur, l’envie d’explorer les profondeurs maritimes est à son plus haut niveau. Mais ce n’est pas pour des raisons climatologiques que j’écris cela, finalement. C’est parce que L’Odyssée réalisée par Jérôme Salle, auteur d’un Anthony Zimmer qui n’est pas absolument dénué d’intérêt a habilement monté son truc. Un truc qui présente successivement deux des vaches sacrées du monde moderne et qui assure à son auteur une réputation de clairvoyance et de courage : la démolition d’une idole et sa rédemption par l’exaltation de son ralliement à la lutte écologique. (suite…)

Nosferatu, eine Symphonie des Grauens

vendredi, août 2nd, 2019

Die Todten reiten schnell

Je sais, je sais, Nosferatu est un monument du cinéma, un film qu’on est sommé d’admirer sauf à passer pour un Béotien. C’est-à-dire pour quelqu’un qui n’a pas compris que la naissance du cinéma est passée par là et que Murnau est passé par là aussi, inventant des tas de procédés qui plus tard feront florès et ouvriront des tas de chemins à la grammaire cinématographique actuelle. Autrement dit pour quelqu’un qui n’a rien compris à la marche paisible et insistante du progrès. Remarquez, je ne dis pas que tout cela soit tout à fait inexact. Il y a dans le film une vigueur, une aisance, une maîtrise qui n’est pas qu’un balbutiement et qui montre que le cinéma muet pouvait parvenir à transmettre des émotions et des inquiétudes. (suite…)

Coup dur chez les mous

vendredi, août 2nd, 2019

C’était il y a mille ans…

Accroché il y a quelques jours et sur un tout autre film par quelqu’un qui s’étonnait que l’on pût perdre son temps sur une oeuvrette qu’il jugeait (d’ailleurs à tort) insignifiante, je lui répondais qu’à mon sens, il n’y a pas de film qui ne mérite commentaire. Tout autant les très rares chefs-d’oeuvre et les moins rares très bons films que les films passables, médiocres ou même mauvais. Et je lui disais à peu près qu’un film, à quelques exceptions près, dit beaucoup, beaucoup de choses sur son époque, par ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas, par ce qu’il montre et ce qu’il ne montre pas. Que si, dans un film l’intrigue est insignifiante et les acteurs médiocres, il demeure tout un environnement visuel : une rue de 2019 ne ressemble pas beaucoup à une rue de 1980 moins encore de 1950 : la nature des boutiques, de la circulation, le nom des enseignes, la dégaine des passants sont, pour qui sait regarder, extrêmement significatives. La façon de s’habiller, de parler, les musiques qu’on entend, le regard jeté sur des questions sociétales sont toujours instructifs. (suite…)

Le chemin du paradis

mercredi, juillet 31st, 2019

Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ?

Il n’était pas rare, à l’époque, c’est à dire à l’âge d’or du briandisme et de la réconciliation avec l’Allemagne, que le même film fût tourné en deux versions, l’une et l’autre reprenant le même décor, la même anecdote, la même intrigue, la même musique et employant des acteurs pour la plus grande partie différents, chacun jouissant d’une notoriété dans son propre pays, ce qui permettait de diffuser l’œuvre au delà de sa zone de diffusion naturelle. Dans Le chemin du paradis (en allemand Die Drei von der Tankstelle), la vedette, c’est l’anglo-allemande Lilian Harvey qui acquit là une belle notoriété, brisée plus tard par l’évolution de la Germanie. (suite…)

Vacances romaines

dimanche, juillet 28th, 2019

Échappement libre.

Comment un film qui met en premier plan la beauté de Rome, la Ville éternelle, la seule cité qui puisse se piquer d’être au niveau de Paris, avec qui elle est d’ailleurs liée par un traité de jumelage exclusif, pourrait-il être négligeable ? D’autant qu’il est illuminé par la distinction, le talent, l’allure de cette grande légende qu’est Gregory Peck. Et surtout qu’il a révélé, dévoilé au plein soleil de la renommée, fait éclater, la plus gracieuse, la plus charmante, la plus exquise de toutes les actrices d’Hollywood, cette Audrey Hepburn qui avait 24 ans déjà et végétait alors dans de tout petits rôles. Comme il est agréable pour un Français de savoir que c’est, paraît-il, Colette qui la repérant sur le tournage de Nous irons à Monte-Carlo de Jean Boyer avec l’orchestre de Ray Ventura, l’imposa pour jouer Gigi à Broadway, ce qui lui ouvrit la porte des studios. (suite…)

Vaudou

vendredi, juillet 26th, 2019

Maudit tam-tam !

Il est bien dommage que l’exceptionnel talent de Jacques Tourneur pour installer et faire vivre des ambiances inquiétantes ne s’asseye pas, dans ce film, sur un scénario de qualité. On lui prête une parenté certaine avec le roman Jane Eyre de Charlotte Brontë, qui date de 1847, que j’ai bien dû lire en édition abrégée de la Bibliothèque verte à mon adolescence mais que je ne me rappelle pas davantage que Les Hauts de Hurlevent de sa sœur Emily Brontë. Romanesque à l’excès et sans doute un peu pleurnichard à mon goût. Et paradoxalement Vaudou manque assez de cet aspect et demeure guindé, presque superficiel. (suite…)

Une étoile est née

mardi, juillet 23rd, 2019

L’une monte, l’autre pas.

Une étoile est née retrace l’ascension d’une jeune chanteuse, Esther Blodgett (Judy Garland) mise en parallèle avec la déchéance de Norman Maine (James Mason), le comédien qui l’a découverte et qui lui a mis le pied à l’étrier, dont la notoriété commence à pâlir en raison notamment de son alcoolisme. Leurs destinées se croisent et, au fur et à mesure que la renommée d’Esther (rebaptisée Vicky Lester) monte au firmament, la réputation de son mari s’égare dans le fait divers. Chacun des deux est d’ailleurs parfaitement conscient de ce croisement de courbes et le film a le bon esprit de ne pas faire mine de croire que, s’il s’amendait et devenait sobre, Norman pourrait retrouver la vigueur, l’ardeur, le talent des années enfuies. (suite…)

La féline

lundi, juillet 22nd, 2019

Méfiez-vous des femmes !

Il est certain que ça n’a rien à voir avec le navet tourné en 1982 par Paul Schrader qui semblait n’avoir pour unique ambition que d’offrir aux foules égrillardes la gracieuse anatomie de Mlle Nastassja Kinski et quelques images un peu violentes et poussiéreuses d’une sorte de malédiction originelle africaine. Si nous revenons aux sources et regardons le film de Jacques Tourneur avec l’attention qu’il mérite, nous ne voyons aucune complaisance et, bien au contraire, une certaine austérité pour faire monter, au fil des séquences, une atmosphère d’étrangeté bien agréable, comparable à celle qui irrigue Rendez-vous avec la peur, grand film du réalisateur qui donne parmi les meilleures minutes d’angoisse que j’aie jamais ressenties.

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