Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le rosier de Madame Husson

dimanche, juillet 21st, 2019

Les plaisirs du bocage.

On se demande un peu pourquoi ce n’est pas Marcel Pagnol qui a tourné lui-même sa libre adaptation de la nouvelle égrillarde de Guy de Maupassant et pourquoi il a confié son travail à l’honnête artisan Jean Boyer qui mettait en scène des films comme on enfile des perles. Ce qui ne l’empêchait pas au demeurant de réaliser quelques charmants bijoux, comme Prends la route ou Nous irons à Paris. Il doit en tout cas bien y avoir une raison : peut-être l’échec définitif, critique, public et financier de la catastrophique Belle meunière, romance à dormir debout ratée au delà de l’imaginable. Ayant perdu quelque chose comme 50 millions de francs dans l’aventure (ce qui faisait beaucoup même pour un auteur richissime), il lui fallait sans doute se remettre un peu à flots avec une recette éprouvée. (suite…)

Coup de foudre

samedi, juillet 20th, 2019

Coup de foudre, affiche

Aux deux colombes.

Voilà le genre de films dont on ne se souvient pas dix minutes après l’avoir regardé, tant c’est inconsistant et fuligineux. Et comme ma vision date de presque une semaine, ça n’a rien arrangé ; ah, non, ce n’est pas un des films dont les images vous reviennent, vous sourient ou vous angoissent, vous émeuvent ou vous glacent plusieurs années après que vous les avez découvertes. Je sais qu’il s’agit d’une relation romancée de la vie pendant et après la dernière guerre de la mère de Diane Kurys, juive, et de son amitié singulière avec une autre jeune femme, mais une fois que j’ai dit ça, je demeure un peu coi. (suite…)

Le pianiste

vendredi, juillet 12th, 2019

Au fin fond du marécage.

J’ai attendu bien longtemps pour découvrir Le pianiste dont on me disait pourtant beaucoup de bien, sans doute par lassitude des récits inspirés par la Deuxième guerre mondiale, dont il me semble qu’aucune soirée télévisée n’est dépourvue. J’avais tort et en regardant le film je n’étais pas loin de lui donner encore une meilleure note, ce que j’aurais fait si je n’avais trouvé la fin trop romanesque. La méprise des soldats polonais après la libération de Varsovie qui tirent sur le malheureux Wladyslaw Szpilman (Adrien Brody) parce qu’il est revêtu de la capote que lui a donnée le capitaine Hosenfeld (Thomas Kretschmann) m’a paru téléphonée et ridicule. Et les recherches sur le sort de ce malheureux officier m’ont semblé donner inutilement satisfaction à un goût, souvent éclatant, pour les belles histoires. (suite…)

Le premier Rasta

jeudi, juillet 11th, 2019

L’Apocalypse est parmi nous.

Je suis toujours émerveillé (en n’étant pas tellement dupe et c’est une litote) de voir comme le Camp du Bien sait mettre en valeur à son profit les trucs les plus farfelus des Damnés de la Terre (nullement antipathiques, mais farfelus) pour tenter de faire honte au Camp du Mal (c’est-à-dire, en gros, l’Occident – qui va, je le rappelle, jusqu’à Vladivostok). En tout cas il parvient (le Camp du Bien), grâce à un vaste système de copinage à financer, réaliser, diffuser un paquet de films qui ne réunissent qu’un public confidentiel (de l’ordre de la dizaine de milliers de spectateurs). C’est que le capitalisme, s’il n’est pas franc du collier, est bon garçon. Ou plutôt qu’il offre ainsi une soupape de sécurité à des gens qui adorent la pétition de principe et la vertueuse indignation. (suite…)

Massacre à la tronçonneuse

mercredi, juillet 10th, 2019

De rouille et d’os.

Voilà un film qui affiche tout de même 45 ans – ce qui, pour beaucoup, permet de le situer dans une sorte de préhistoire dépassée – mais qui comporte toujours la même force agressive, la même capacité à glacer les sangs et à perturber le système nerveux ! Sans doute est-ce dû à la limpidité de l’intrigue et peut-être encore davantage à la simplicité de la façon de filmer de Tobe Hooper qui a pris le parti de ne pas mégoter sur la crasse, le sordide et le dégoûtant. Accumulation de prises de vue sur un monceau de saletés, sur des dents éparses, des corps déchiquetés, des crânes défoncés, des tibias jetés ici et là ; sur une campagne souffreteuse, très plate, très laide, mordue par le soleil. Un soleil qui, d’ailleurs, est omniprésent, grosse boule de feu implacable, fatidique.

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Oasis

dimanche, juillet 7th, 2019

Misère, misères…

Comme il s’agit d’un sujet délicat, qui vous fait facilement passer pour une brute épaisse et sans cœur si vous le traitez sans une profonde empathie, il n’y a plus qu’à marcher sur des œufs pour commenter Oasis. C’est là un film coréen réalisé par un certain Chang-dong Lee (qui me paraît bien moins notoire que Joon-ho Bong dont j’ai bien apprécié Memories of murder mais aussi le rigolo The host et le glaçant Mother).Et ceux qui ont la folle idée de me lire savent que si le cinéma japonais m’interloque (trop de codes culturels différents, sûrement), le cinéma coréen ne me déplaît pas. (suite…)

Royal bonbon

dimanche, juillet 7th, 2019

Ruines et rouilles.

Ce qui fut La perle des Antilles et la colonie la plus riche de toutes nos Amériques est, depuis 1804, un État indépendant. C’est aussi un des trois ou quatre pays les plus pauvres du monde. On peut voir là un rapport, surtout si on adjoint à ce très bref résumé le massacre des 10.000 Européens par le haineux Jean-Jacques Dessalines, successeur du Père de la NationToussaint-Louverture. Depuis lors toute l’histoire de la malheureuse île est exactement ce qu’on peut faire de plus monstrueux et aberrant dans la gouvernance des peuples et on ne doit pas compter beaucoup de décennies un peu paisibles dans un territoire simultanément béni et maudit de tous les dieux de la création. Un regard objectif sur sa situation actuelle ne laisse d’ailleurs pas espérer que ça va changer. (suite…)

La fiancée de Frankenstein

vendredi, juillet 5th, 2019

N’écoute pas les idoles !

Il n’est pas nécessaire, pour aimer le cinéma, d’être féru de ses origines. On a tout à fait le droit de négliger les 35 années qui séparent son invention (1895) de l’introduction du parlant (1927-28) et de tenir même ces premières années pour quasi archéologiques. De fait, je ne suis pas persuadé que les générations actuelles, a fortiori celles qui vont nous succéder éprouveront le moindre intérêt à regarder des films anciens, porteurs d’idées qui apparaissent aujourd’hui antédiluviennes, techniquement limités et absolument datés. La plupart des arts paraissent ainsi disqualifiés au bout de quelques décennies par d’autres manières de penser la vie et de la décrire que celles qui les avaient suscitées : qu’on le veuille ou non, on ne lit plus, on ne peint plus, on ne chante plus comme au Moyen-Âge ou à la Renaissance ; c’est comme ça. (suite…)

La mort aux trousses

mercredi, juillet 3rd, 2019

Conte de fées pour grandes personnes.

Ceux qui ont la faiblesse de me lire savent que je ne nourris pas pour Alfred Hitchcock beaucoup d’admiration. Dans mes jours polémiques et hargneux je le vois comme une outre gonflée par l’adulation que lui a vouée l’équipe des Cahiers du cinéma et singulièrement François Truffaut qui a sauté sur la réputation d’un honnête faiseur pour le placer au sommet du Panthéon cinématographique. Mais, à part pour Psychose, à qui je reconnais d’immenses qualités et quelques autres bons films (L’ombre d’un douteL’homme qui en savait tropFrenzyComplot de famille), il m’a toujours semblé que le réalisateur était un exclusif féru de techniques et de virtuosités qui privilégiait cet aspect sur l’intérêt du scénario. Ce qui est ennuyeux quand on prétend être un maître du suspense. (suite…)

Snowden

mardi, juillet 2nd, 2019

La surprise du chef.

Les États-Unis sont les spécialistes de ces films qui relatent avec le maximum d’exactitude et de véracité des épisodes de leur maigre histoire. Je me souviens des terriblement ennuyeux Hommes du Président, d’Alan J. Pakula qui retraçaient la malencontreuse affaire du Watergate qui aboutit à la révocation de Richard Nixon, un des hommes d’État les mieux élus de toute la kyrielle américaine. C’est très sérieusement fait, très consciencieux et on se dit que ça ressemble à l’acte d’accusation ânonné par un greffier devant une chambre correctionnelle. En d’autres termes, c’est impeccable et ennuyeux. (suite…)