Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le commando des morts-vivants

dimanche, juin 30th, 2019

Au plus profond de la nullité.

Le fameux théorème selon quoi sortiraient en DVD les plus invraisemblables imbécillités alors que demeurent inédits bon nombre de trésors réclamés à cor et à cri par les amateurs a montré encore sa pertinence. Car, voilà que je tombe, dans la collection Mad movies qui, conformément à son intitulé, publie, de fait, absolument n’importe quoi, voilà que je tombe sur Le commando des morts-vivants et que la paresse d’une après-midi caniculaire m’incite à glisser la galette dans mon lecteur. D’autant qu’il est fait état, dans la présentation du film d’un naufrage aux alentours de la Floride, ce qui paraît promettre belles images et jolies filles peu vêtues. (suite…)

Deux hommes et une armoire

samedi, juin 29th, 2019

Boîte à outils.

Dans la série des sept court-métrages des débuts de Roman Polanski édités en un DVD unique, deux ou trois se détachent. Le meilleur, à mes yeux, mais je l’ai dit par ailleurs, c’est vraiment Quand les anges tombent qui est inégal, encore fragmentaire et maladroit, mais très émouvant. Il s’agit de bouts de films tournés dans le cadre de l’école de cinéma de Lodz et dans une perspective universitaire, avec des exercices imposés et un évident manque de moyens. Ainsi n’y a-t-il que des dialogues très sommaires ou pas de dialogues du tout, sans doute pour faire l’économie de la prise de sons. (suite…)

Visages, villages

vendredi, juin 28th, 2019

La vie est belle.

On aurait sûrement agacé Agnès Varda en la rencontrant au gré d’une pérégrination du côté de la rue Daguerre, si on lui avait dit qu’elle était devenue, au soir de sa vie, une sorte d’icône et – ce que les étudiants de mai 68 vilipendaient le plus – une sorte de mandarin, quelqu’un dont l’aura et l’enracinement dans le monde des cultureux parisiens la plaçaient sur une sorte de piédestal. Elle aurait sûrement protesté que toute sa vie n’avait été qu’anticonformisme et rébellion, que son cinéma et ses engagements sociétaux (L’une chante, l’autre pas) et politiques (Loin du Vietnam ou Black panthers) témoignaient de son indépendance d’esprit et de son refus obstiné de tous les conservatismes. Justement ! aurait-on pu lui répondre. Mais on n’est pas sûr qu’elle aurait bien compris. (suite…)

Quand les anges tombent

jeudi, juin 27th, 2019

Histoire sans fin.

Voilà, il me semble, le meilleur des sept court métrages pieusement édités par Carlotta films qui reprennent des études, des devoirs, des projets, des tentatives filmés par Roman Polanski lorsqu’il était étudiant à la prestigieuse école de Lodz, que la Pologne communiste réservait aux meilleurs étudiants après une sélection féroce, leur donnant alors une très solide formation technique et des moyens importants pour découvrir tout le cinéma mondial. À dire vrai, les autres segments du DVD sont de valeur vraiment inégale et je partage plutôt l’avis du réalisateur : Les films qui vous sont ici présentés n’étaient pas destinés à être montrés en dehors de l’école et d’ailleurs je conseille à tous les gens qui ont acheté ce DVD de ne pas le regarder. D’abord parce que ça n’en vaut pas la peine et pour respecter le désir du réalisateur. (suite…)

Mise à sac

mercredi, juin 26th, 2019

Les histoires d’amour finissent mal (en général).

Étrange carrière d’Alain Cavalier ! D’abord deux films à résonances politiques, Le combat dans l’île et L’insoumis, autour des derniers soubresauts de la guerre d’Algérie, et ce Mise à sac, thriller très maîtrisé et haletant, bien qu’il puisse paraître un peu sec. Il y aura ensuite un grand succès d’adaptation, La chamade, d’après Françoise Sagan, puis le réalisateur partira vers d’autres rivages, un cinéma plus personnel encore (Le plein de superUn étrange voyage), un chef-d’œuvre de profondeur qui n’a pas d’équivalent (Thérèse) et un chemin encore plus intimiste, souvent trop hermétique (Libera meLe filmeur). Parcours singulier, très loin des cases.

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Le Gorille a mordu l’Archevêque

lundi, juin 24th, 2019

Il n’y a plus d’après…

Bien que ses aventures littéraires comptent, paraît-il, plus de deux cents titres dus à la plume du singulier Antoine Dominique (pseudonyme de Dominique Ponchardier), Géo Paquet, dit Le Gorille n’a connu que trois incarnations cinématographiques, réparties entre deux acteurs. Avec Bernard Borderie, et au début de sa notoriété, en 1957, Lino Ventura a tourné Le Gorille vous salue bien ; mais il a vite compris que son immense talent ne gagnerait rien à s’enfermer dans la carapace d’un personnage récurrent trop typé. En 1959, avec le même réalisateur, c’est Roger Hanin, dont la carrière ne décollait pas qui obtient sa première tête d’affiche avec La valse du Gorille. Et qui repique au truc trois ans plus tard, cette fois avec le modeste Maurice Labro dans ce film au titre délicieux : Le Gorille a mordu l’Archevêque. (suite…)

Land and Freedom

mercredi, juin 19th, 2019

Ya hemos pasado !

Voilà seulement le deuxième film que je regarde de Ken Loach et tout autant qu’avec Moi Daniel Blake, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Que je me place, dans la lourde histoire de la guerre d’Espagne, à l’exact opposé du camp décrit par le cinéaste n’empêche en rien – Dieu merci ! – d’apprécier un travail de grande qualité qui s’attache, avec un grand sens de l’image et du rythme, à décrire les errements, les déceptions, les aigreurs, les combats, les horreurs d’un groupe de miliciens du POUM (Parti Unifié d’Unification Marxiste) sur le front d’Aragon au début du conflit. Je croyais naguère que cette variété particulière de communisme s’était placée sous l’égide de Léon Trotsky : c’est beaucoup plus complexe que ça ; comment pourrait-on les qualifier autrement que socialistes révolutionnaires, anti staliniens, collectivistes, phalanstériens, d’une certaine façon, et féministes…

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La rafle est pour ce soir

dimanche, juin 16th, 2019

Pavé de bonnes intentions.

Il y a un bon nombre de films qui n’ont d’autre intérêt qu’ethnographique : celui de nous représenter les styles, les genres, les coutumes, les usages, les dégaines et les préoccupations d’un monde résolument disparu. Le cinéma considéré comme art, bien sûr mais là davantage comme loisir populaire représente l’immense avantage d’avoir été – par définition ! – figé dans des films que l’on peut aujourd’hui regarder comme des témoignages sans jamais se préoccuper de leur qualité artistique ni même de l’intérêt des histoires qu’ils racontent. Il suffit de se laisser aller, de se laisser pénétrer, infuser, envahir par une atmosphère, comme on le ferait aujourd’hui, à une terrasse de café pour regarder les tenues et les allures des passants, écouter furtivement leurs conversations, deviner leurs préoccupations et leurs soucis.

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La captive aux yeux clairs

vendredi, juin 14th, 2019

Un bateau ivre.

Séduit par le titre français magnifique, La captive aux yeux clairs, bien plus beau que son homologue étasunien (The big sky) j’avais été à deux doigts, jadis, d’acheter le DVD, publié avec fracas dans l’élégante collection Ciné classics des éditions Montparnasse, dans de grands coffrets prestigieux avec, entre autres, Citizen Kane ou Nous avons gagné ce soir. Mon ange gardien m’avait retenu de faire l’emplette et je lui dois d’avoir économisé quelques picaillons. Un enregistrement télévisé a suffit pour combler ma curiosité et, au moins, ma déception ne m’a coûté que dalle.

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Comment j’ai détesté les maths

mercredi, juin 12th, 2019

Le monde est une aventure.

Autant ne rien dissimuler et dire d’emblée les choses. Malgré les efforts désespérés de mes parents et une quantité invraisemblable de cours particuliers subis, ma relation avec les Mathématiques a été un long et un douloureux chemin de croix. Douloureux tant que j’ai fièrement essayé de monter dans le train en marche, résigné lorsque j’ai compris que je n’y parviendrais pas. Et surtout, surtout, merveilleusement soulagé lorsque mon Second Bac en poche (il y en avait deux, alors) en juillet 1965, j’ai pris conscience que jamais, jamais plus de ma vie je n’aurais à me pencher sur des questions qui me semblaient aussi incompréhensibles que rébarbatives et souvent grotesques. 0,5 en maths à l’issue de ma classe de Philosophie ne m’avait pas empêché de réussir l’examen, mais avait fait passer le vent du boulet sur ma nuque, le 0 absolu étant note éliminatoire.

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