Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Le petit matin

vendredi, janvier 12th, 2024

Fumée vaporeuse.

Mon Dieu, quel film ridicule, célébré ici et là par des admirateurs biscornus, qui ont trouvé en lui des raisons de s’émerveiller devant un récit niais, une musique aussi larmoyante qu’emphatique due au misérable Francis Lai, l’auteur des grotesques mélodies des films de l’affreux Claude Lelouch. Comment concevoir qu’une telle quantité de messages adulateurs vienne s’étager ici pour célébrer une nullité qui ne parvient jamais à donner du souffle à un récit parcimonieux, même un peu minable ? (suite…)

Les mauvaises rencontres

mardi, janvier 9th, 2024

Fumée légère.

Je suis bien embêté d’avoir vu ce film, plus encore de me donner l’obligation de commenter ce que j’ai vu : parce que Les mauvaises rencontres est une œuvre d’Alexandre Astres et parce qu’il a été adapté par le réalisateur et Roland Laudenbach d’un roman de Cécil Saint-Laurent. Or il se trouve que, du fait des hasards de la vie, j’ai rencontré deux fois Astruc, homme d’une grande cordialité qui, ne pouvant presque plus filmer s’était tourné, avec un certain succès vers l’écriture ; et plus encore j’ai passé des heures merveilleuses à la brasserie Lipp boulevard Saint-Germain, à boire des whiskies avec Jacques Laurent.

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Ô saisons, ô châteaux !

lundi, janvier 8th, 2024

« Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin »

J’ai beau attacher beaucoup d’admiration et même d’affection au cinéma d’Agnès Varda, je ne peux pas vraiment m’attacher à tout ce qu’elle a filmé (ce doit être considérable) ni même tout ce qu’elle a offert au public. Il y a bien des scories, des amuseries, des enfantillages. Le vrai problème, c’est qu’il y a des gens très respectables qui ont pour projet d’éditer la totalité des balourdises composés un jour par une personnalité d’importance. Un exemple ? Gustave Flaubert, dont les romans avaient été jadis agréablement édités en deux volumes de Pléiade et qui, dans une nouvelle édition est alourdi de trois autres volumes qui comportent les cahiers d’enfance, les œuvres de jeunesse, les esquisses, ébauches, les versions finalement non poursuivies, les scènes retranchées… Sans compter cinq tomes de Correspondances dont toutes n’ont pas grand intérêt ? (suite…)

Normandie nue

vendredi, janvier 5th, 2024

Ce soir les jupons volent !

Dans le paysage très convenu du cinéma français contemporain, Philippe Le Guay donne un peu de fraîcheur et d’originalité. Je n’avais pas beaucoup apprécié, il y a dix ans et plus, Les femmes du 6ème étage, mais bien davantage Alceste à bicyclette, avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson, mais aussi Floride avec Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain. La distribution de Normandie nue est moins prestigieuse, essentiellement François Cluzet et François-Xavier Demaison, mais l’ensemble des nombreux acteurs est vraiment très satisfaisant et personne ne détonne. (suite…)

Eaux profondes

mercredi, janvier 3rd, 2024

Longues, orageuses et noires.

Film vénéneux, sulfureux, décadent, au rythme assez lent. Rythme qui, d’ailleurs, doit être celui de l’existence de la communauté huppée de Jersey, l’île anglo-normande ; une prospérité faite d’un peu d’ennui, de ciels gris, de nombreuses partys où l’on se reçoit, s’alcoolise et flirte. Des gens bien élevés, assez complices dans leurs routines. Mais écrivant cela, je ne vois aucune raison de leur jeter un regard indigné : je serais bien plus à l’aise au milieu d’eux qu’avec les racailles de banlieue. Et que celui qui ne pense pas cela me jette la première pierre. Comme le dit la sagesse populaire, Mieux vaut être beau, riche et bien portant que laid, pauvre et malade. Tout cela s’appelle le mur de la réalité. (suite…)

Robin des bois

mardi, janvier 2nd, 2024

Progressiste étasunien.

D’abord, c’est beaucoup trop long : 2h40 bien filmées, avec de gros moyens, des scènes somptueuses, des décors magnifiques, des cavalcades superbes et des scènes de bataille fièrement réalisées. Mais on pourrait dire que lorsqu’on en a les moyens – et Ridley Scott) les a, largement – tout va aller bien : le spectateur a son content de scènes de combats ou de ripailles, de beaux paysages, de ciels splendides, de nuits fascinantes. Tout cela n’est pas vraiment difficile de nos jours, d’ailleurs : on sait que les plus belles images peuvent être élaborées à partir de pas grand-chose ; il suffit d’y mettre le prix. (suite…)

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

lundi, janvier 1st, 2024

Tendre, original, subtil.

Jolie surprise que cette découverte d’un film qui n’a pas connu grand succès, L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. À la seule audition du titre, on se rend bien compte que l’on n’est pas dans une production banale mais plutôt dans une de ces fééries qu’élabore depuis trente ans Jean-Pierre Jeunet, conçues de n’importe quoi, fabriquées avec des bizarreries, élaborées sans rigueur et pourtant drôlement bien menées. Il n’y a pas beaucoup de réalisateurs d’aujourd’hui, d’ailleurs, qui parviennent à proposer aux spectateurs ce genre d’histoires rêveuses, oniriques, stupéfiantes, toujours en tout cas d’une délicieuse originalité. (suite…)

The Blues brothers

vendredi, décembre 29th, 2023

Tchika, tchika, tchik, aÿe, aÿe, aÿe !

Quel régal ! Quel film délicieux ! Un film bâti sur bien peu de choses, sur des bribes, des misérables moments, sur tout et n’importe quoi, arrimé à une sorte de feuilleton télévisé, gloire du programme Saturday Night Live qui a ravi les États-Unis des années 70. Dans ce programme, un groupe de musiciens taille sa route ; ce groupe, managé, dirigé, élaboré par Dan Aykroyd et John Belushi modifie, stupéfie, décontenance le public par la radicalité de sa démarche. En fait, il n’y a rien d’autre : le film n’a aucun autre intérêt que de présenter, de façon brillante, des numéros de music-hall quelquefois stupéfiants et même grisants, sans aller plus loin. (suite…)

Un homme et son péché

mardi, décembre 26th, 2023

Banalité du vivant.

Je ne vois pas beaucoup d’intérêt, sauf exception rare, d’aller s’ébaubir de films indiens, ou chinois, ou japonais (ou papous) pour s’émerveiller de leur exotisme : il suffit de regarder beaucoup plus près de soi pour trouver un exotisme bien davantage proche de nous, donc bien plus compréhensible et nourri de nos propres références culturelles : le Québec de la fin des années Quarante, lorsque la Belle province commençait à lutter pour préserver sa magnifique identité. Cela étant, on ne peut pas se dissimuler que l’accent québécois, quand il est porté à cette sorte d’incandescence, peut presque représenter à nos méninges la même difficulté d’empathie que les singularités asiatiques et leurs bizarreries. (suite…)

La reine de Broadway

samedi, décembre 23rd, 2023

De la grande série.

Le film de Charles Vidor a connu, paraît-il, un immense succès critique et public. Il est vrai qu’il est sorti quelques mois avant la fin de la Guerre, au moment où tout le monde avait envie que le cauchemar soit terminé, d’oublier les horreurs du conflit, la crainte de voir disparaître mari, frère, parent, ami et l’espérance qu’on revienne à la tranquille situation d’auparavant. Certes, certes, on ne voit pas très bien comment on parviendrait à arranger les choses. Mais il est bien certain que les potentats de l’argent n’ont jamais eu qu’une crainte : celle que les braves gens comprennent qu’il n’y a absolument rien à faire devant l’horreur et que, après tout, il vaut mieux orienter les regards vers les fariboles du show-business. (suite…)