Burlesque.
Évidemment, ça démarre à cent à l’heure, presque comme un dessin animé de Tex Avery, avec des policiers juchés jusque sur les marchepieds d’une grosse bagnole vrombrissante, défouraillant à qui mieux mieux sur le corbillard des bootleggers, des gangsters dévoilant un extraordinaire arsenal dans le plafond du véhicule et ripostant par une autre grêle de ces balles de cartoons qui ne tuent ni ne blessent jamais personne (sinon la cargaison de whisky illégalement transportée) ; on croirait voir Vil coyote s’écrasant au fond du canyon sans avoir pu attraper Bip-bip et se relevant illico.
Évidemment, ça se poursuit sur ce rythme invraisemblable et endiablé, grâce à des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, très caractérisés, comme dans le dessin animé (le gangster aux guêtres – George Raft, par exemple). Comme dans le film des Marx brothers (Une nuit à l’opéra, je crois) où une cabine de paquebot est envahie jusqu’au plafond, toute la troupe des jeunes et jolies musiciennes s’entasse dans la couchette occupée par Jerry/Daphné (Jack Lemmon). Toutes les invraisemblances, les hasards, les bizarreries s’accumulent et donnent un film frappadingue dont l’immense succès, obtenu d’emblée, ne s’est jamais démenti.
Et pourtant, je ne parviens pas à accrocher vraiment…
Ô, amis, laissez votre vieil Oncle Impétueux se draper dans les oripeaux de la Vertu la plus austère : il ne parvient pas à n’être pas lassé de la salacité continue des situations et des dialogues et ce côté graveleux, sans vraiment lui taper sur les nerfs, finit par l’agacer un peu…
Ce parti-pris assumé, cet amoncellement d’allusions coquines et grivoises est tout de même trop systématique… Dès que Sweet Sue (Joan Shawlee) a prévenu le spectateur (Toutes les filles de mon groupe sont des virtuoses !), ça n’arrête plus, que ce soit par image (Daphné s’endort ; plan de coupe sur les roues et pistons de la locomotive) ou par les dialogues (première rencontre de Daphné et d’Osgood (Joe E. Brown) : Utilisez-vous un archet ou vos doigts ?).
Mêmes les plus éclatants des feux d’artifice finissent par faire bâiller…