Les maniaques, les assassins compulsifs, les pervers, les cinglés sont légion, certainement depuis le début de l’Humanité. Il existe d’ailleurs sûrement un ouvrage qui dresse la nomenclature de ces noms fous, depuis Gilles de Rais, depuis Vlad Drakul, depuis Erszebet Bathory, depuis des tas d’autres.
Mais il faut aussi remarquer que les États-Unis (étendue du territoire ? pesanteur du protestantisme rigoriste ?) réunissent une collection assez remarquable de monstres spectaculaires. En tout cas beaucoup des serial killers du 20ème siècle en sont issus.
À qui décerner la palme ? Va savoir ! À Henry Lee Lucas, dont l’existence a inspiré Henry, portrait d’un serial killer et dont l’amant était le sympathique Ottis Toole, surnommé Le cannibale de Jacksonville ? À Ted Bundy, qui a droit à un film à son nom ? À Ed Gein, qui est le cinglé de Psychose et le Buffalo Bill du Silence des agneaux ? À Raymond Fernandez et Martha Beck, les fameux Tueurs de la lune de miel ? Ma préférence – si je puis m’exprimer ainsi – irait plutôt à Albert Fish, le Vampire de Brooklyn. Tous ces intéressants personnages donnent lieu à des notices très complètes et détaillées dans Wikipédia. Que du beau monde !
Dahmer dresse le portrait d’un autre criminel : Jeffrey Dahmer, le cannibale de Milwaukee, principale ville du Wisconsin, du côté des Grands Lacs, qui a assassiné, démembré, dégusté 17 jeunes homosexuels de la contrée entre 1978 et 1991. Condamné pour ces faits à 937 ans de prison – on voit là les subtilités du Droit pénal des États-Unis – il a été zigouillé en 1994 deux ans après son incarcération par un de ses codétenus.Ce genre de films – j’en ai cité quelques-uns mais il y en a beaucoup d’autres – a son public qui sait bien ce qu’il vient y trouver : dans le meilleur des cas, on peut essayer d’y déceler une partie de la folie intérieure qui pousse des individus à rechercher la cruauté et le massacre, à se vautrer dans l’épouvante. Mais je crains que personne n’ait pu jamais entrer avec assez de complexité dans un cerveau aussi malade pour le présenter au spectateur. Et Dahmer ne fait pas exception à cette règle.
Le film de David Jacobson, plutôt bien filmé, avec des dominantes rouges, bien photographié, souffre de graves défauts de structure. Ce n’est pas qu’on soit, par principe, surpris ou rebuté par les flashbacks, vieux procédés cinématographiques qui, ici et là, peuvent avoir de la pertinence et de l’intérêt. Mais à condition d’intervenir à des moments-clés bien identifiés et de faire progresser l’intelligence du récit. Ce n’est pas le cas dans ce film, où les retours en arrière dans la vie du tueur surviennent sans nécessité ni cohérence et auraient même tendance à faire perdre le fil de l’histoire, d’autant que le processus est à peu près toujours identique : drague dans les bars homos, mais aussi n’importe où, ajout de drogues somnifères dans les boissons offertes aux proies, puis… on devine.