De nombreuses idées ingénieuses de Bava ont été ultérieurement utilisées par d’autres réalisateurs, ce qui est le sort habituel des initiateurs et le film donne une excellente idée de ce que fut l’époque ; l’affiche du film, violemment colorée, psychédélique, symbolise à elle toute seule la période. On y retrouve un écho des images de Guy Peellaert, le père de Pravda la survireuse et l’inspirateur des dessins du Jeu de massacre d’Alain Jessua, film d’un an antérieur.
On ne demandera pas à Danger : Diabolik un autre scénario que celui d’une fantasmagorie où les poursuites, les évasions, les cambriolages, les meurtres sont monnaie courante ; cela étant, ça manque, me semble-t-il, un peu de cruauté, peut-être parce que (au contraire de Fantômas et, par exemple aussi de Rocambole), Diabolik (John-Philip Law) ne tue que s’il ne peut faire autrement.
Le couple qu’il forme avec Eva Kant (Marisa Mell) est intéressant par son attachement inconditionnel réciproque (davantage que celui de Fantômas et de Lady Beltham), mais les acteurs choisis par Bava sont d’une extrême mièvrerie. Michel Piccoli qui incarne l’ennemi juré, l’inspecteur Ginko, est tout sauf crédible et le gugusse Terry-Thomas en ministre de l’Intérieur fait peine à voir (mais c’est sans doute le rôle qui veut ça). De la distribution je n’apprécie guère, en chef de la Mafia, allié de circonstance de la police, qu’Adolfo Celi, toujours parfait que ce soit dans L’homme de Rio ou dans Mes chers amis.
Il est très préférable de se satisfaire de la musique d’Ennio Morricone, des jeux de couleur rouges et verts (inspiration vraisemblable de Dario Argento plus tard) et des cadrages de Mario Bava qui a toujours su installer des atmosphères angoissantes. Mais n’a pas toujours filmé des scénarios à la mesure de ce talent.