Didier

Une vie de chien.

Connaissant les bases du scénario (le pitch comme on dit, non ?), je craignais un peu le pire. L’histoire d’un chien qui se transforme brusquement en homme, tout en gardant sa pauvre cervelle d’animal, voilà qui me paraissait donner la matière d’un court-métrage, nullement celle d’un film. Car elles sont légion, les histoires fondées sur un truc drôle, amusant, fantastique, sur une bonne idée de départ, même, mais qui ânonnent et qui ahanent au bout d’une demi-heure, tous les recoins du récit ayant été utilisés jusqu’au dernier.

Mais il se trouve que j’aime bien Alain Chabat que j’ai jadis trouvé que Les Nuls avaient un talent, souvent acide et grossier, toujours corrosif et quelquefois hénaurme, que j’ai plutôt apprécié La cité de la peur, farce très enlevée. La découverte de Didier (d’ailleurs couronné du César du meilleur premier film en 1998) serait peut-être une bonne surprise : il y a des gens ou des styles pour qui on a envie d’être bon public.

Eh bien malgré le côté facile et très prévisible du sujet, il se trouve que j’ai passé un moment distrayant. Moins sans doute grâce au jeu d’Alain Chabat – qui est donc le chien transformé en homme – qui en fait un peu trop dans la démarche, le jappement et les effusions, que grâce à une bonne distribution. On y retrouve, fût-ce en silhouettes ou en profils perdus, les complices des Nuls, Chantal Lauby et Dominique Farrugia ou des tas d’acteurs dont on connaît la frimousse et qui viennent donner un peu d’étoffe aux images : Caroline CellierJosiane BalaskoDominique BesnehardZinedine Soualem, et même Dieudonné (avant qu’il ait été totalement exclu du paysage). En caméo Claude Berri et Jérôme Seydoux

Il y a aussi des astuces de scénario amusantes. Surtout l’idée de situer l’intrigue dans le milieu crapoteux du football professionnel. Presque vingt ans après Coup de tête de Jean-Jacques Annaud les magouilles financières et sportives ne s’étaient évidemment pas arrangées, bien au contraire ; toujours le monde des Présidents de club riches et douteux, mais aussi celui des intermédiaires, agents de joueurs, recruteurs, percepteurs de grasses commissions et toute une camarilla qui gravite autour des clubs.

Jean-Pierre Costa (Jean-Pierre Bacri), flanqué de Charly Abitbol (Lionel Abelanski) est un de ceux qui essayent de refiler aux clubs des joueurs supposés excellents sur le dos de qui ils font des bénéfices. Mais le patron du club Richard Guerra (Jean-Marie Frin), assisté de son assistant Coco (Michel Bompoil) n’est manifestement pas un tendre. Le miracle survient : le chien devenu homme est doté d’un tel talent de footballeur qu’il gagne à lui tout seul ou presque un match déterminant joué contre le grand Paris Saint-Germain.

Tout s’arrange, y compris les amours de Jean-Pierre/Bacri et de Maria (Isabelle Gelinas) qui battaient sérieusement de l’aile. Et Didier redevient un gentil labrador. Des scènes un peu lourdingues et de bons moments. Ce n’est déjà pas si mal.

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