Philosophie à deux balles !
Que l’on puisse trouver Sylvia Kristel gironde et alléchante n’est pas inconcevable, mais que l’on puisse attacher la moindre importance à cette philosophie à deux balles de la jouissance sans entraves et de la prétendue libération sexuelle plus de trente ans après la sortie du film est confondant !
Les remugles sexuels post soixante-huitards ont débouché – nous le savons encore mieux depuis Houellebecq ! – sur l’accablement et la désespérance ; mais même à cette époque – que j’ai vécue de l’intérieur, comme bon nombre d’entre nous – il fallait être un sacré gogo pour croire une seconde que les préceptes énoncés avec un imperturbable sérieux par Alain Cuny
qui connaissait là une misérable et dégradante fausse note dans une carrière souvent belle, que ces préceptes où la puérilité se disputait à la salacité hypocrite, pouvaient passer pour courageux ou novateurs.
Ils ne faisaient que donner prétextes intellectualisés – conceptualisés ! – au cochon qui sommeille en nous, prétextes de parler d’un ton grave de ce qui peut et doit être une fête légère ; d’ailleurs, tout au long du film, Emmanuelle, Mario (et toute la troupe !) paraissent s’emmerder profondément, y compris (et surtout !) lorsqu’ils font l’amour.
Que ce film profondément ennuyeux, autant et plus que le sont les défunts porno-soft du dimanche soir sur M6, ait été ce que les journalistes qui croient faire de la sociologie appellent un « phénomène de société », je le concède volontiers : un produit marketing calibré, qui a enfanté une multitude de sous-produits aussi peu dérangeants que faussement audacieux, mais en aucun cas une œuvre, encore moins un film !