Ah, jeunesse !
Je n’ai pas beaucoup d’estime pour les qualités d’actrice de Brigitte Bardot, dont personne, pourtant ne peut aujourd’hui imaginer le mythe planétaire qu’elle a été ; son seul vrai bon rôle est dans La vérité de Clouzot, parce qu’elle est parfaitement adaptée au personnage et qu’étant tout, sauf une actrice, elle entre bien dans cette personnalité de paumée. Mais dans En cas de malheur, à un moindre degré toutefois, cette identification se reproduit ; j’ai écrit, sur un autre fil, mais à propos de même film que « ses moues crispantes et son ton de voix acidulé étaient tellement dans le rôle qu’elle y a moins de mérite » (d’être bonne) ; (je sais ! il n’est pas de bon goût de se citer ! je sais !!).
Il est très exact que Gabin, grand avocat opulent, doté d’une épouse parfaite, qui tolère ses maîtresses dès lors qu’elles ne lui font pas quitter les lignes droites (et c’est Edwige Feuillère !) est submergé par ce torrent de jeunesse, d’une idiotie mais d’une vitalité sans pareilles, parce qu’il sent que c’est sûrement la dernière fois qu’il va connaître ce bouleversement ; et que ce chant du cygne semble tout lui autoriser.
Mais est-ce qu’il aime Yvette (Bardot) ? Sûrement pas, ou pas autant que Mazzeti (Franco Interlenghi – qui joue, certes, trop exalté, trop napolitain -)… Maître Gobillot (Gabin) aime que sa dernière passion se joue avec une fille si belle…
J’ajoute que Nicole Berger, disparue dans un accident de voiture à 33 ans, et qui joue la bonne, avait bien du talent et parvient dans ses brèves apparitions à donner à son personnage le tour vénéneux qui convenait….
Et je termine en rappelant qu’il y a aux manettes le grand Autant-Lara, aux scénario (d’après Simenon) et dialogues les duettistes Bost et Aurenche, et à la musique, René Cloerec ; presque la même équipe que Douce !
Décidément la Qualité française savait bien vieillir !