Evil dead

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Il faut de tout pour l’amateur !

Je suis bien capable d’avoir écrit, sur le fil du Projet Blair witch, qu’une des forces de ce film était, par un art de l’ellipse remarquable, de pouvoir créer le malaise, puis l’angoisse, puis la terreur par une sécheresse et une retenue d’expression qui tranchent dans le paysage du film d’épouvante d’aujourd’hui. Mais comme il faut bien que j’assume mes contradictions, voilà que je me fais le thuriféraire et le zélote d’un film qui est tout le contraire du chef-d’œuvre de MM. Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, un film où le gore de carton-pâte est omniprésent, mais tout autant efficace.

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Un point commun, néanmoins, entre les deux films : l’atmosphère de la forêt d’automne. Il faut être un benêt genevois comme l’était Jean-Jacques Rousseau pour concevoir que la nature est accueillante et bien disposée. Elle n’est pas davantage, la plupart du temps, hostile et agressive : elle est radicalement indifférente, ce qui la rend particulièrement angoissante, puisque sur aucun point elle ne peut rencontrer de sentiment.

Cette haute philosophie posée, qu’est-ce qui rend, vingt-cinq ans après sa sortie, Evil dead si efficace et si intéressant ? Peut-être, déjà, une combinaison entre les histoires où un monstre maléfique à la Freddy s’acharne sur une malheureuse troupe de jeunes crétins qui l’ont, en général, bien cherché et les histoires de contamination par une puissance diabolique qui pollue ceux qui l’approchent, à la Zombie, par exemple.

Parce qu’on a bien l’impression qu’il y a les deux : la mise en route, dans une cave obscure, d’un magnétophone ancien, va déchaîner des forces mauvaises, mais qui ne feront pas que se propager comme un virus mortifère ; à preuve, la glaçante séquence finale où le héros (Bruce Campbell) croit s’être enfin échappé à l’emprise du Mal, mais où, dans la forêt à quelques encablures de la maison maudite, le Mal, précisément va fondre sur lui (superbe effet de caméra subjective !)

Et puis sans doute aussi, une façon de filmer qui n’est pas anodine ; je ne suis pas un admirateur forcené de Sam Raimi, mais ce qu’il fait est tout de même plutôt mieux que les productions de ses épigones… En tout cas, c’est énergique, et ça secoue…

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