Honoré de Marseille

Accablant !

Ceux d’entre nous qui croient – ou qui jouent à croire – qu’il existe un âge d’or du cinéma populaire français (mea maxima culpa !) seraient bien inspirés (voilà une inversion de sens dont je ne suis pas mécontent) de regarder cette absolue catastrophe qui est tout de même une des pires pantalonnades jamais tournées, y compris pour un œil aussi indulgent que le mien, toujours acharné à trouver dans le moindre nanard l’étincelle unique qui suscitera une bribe d’intérêt nostalgico-ethnographique.

Là, rien. Que dale. Nada. Nib de nib. La nullité totale, invraisemblable, atterrante, scandaleuse. On sait bien que Fernandel a tourné plus de navets indigestes que de bons films (et combien peu de chefs-d’oeuvre, à part les Pagnol, les deux premiers Don Camillo et L’auberge rouge !) mais là, ça confine aux sommets, ou plutôt aux abysses.

Partant d’une idée qui n’était pas totalement idiote – raconter l’histoire de Marseille et ses 2500 ans – le machin dont je parle, après deux scènes absolument grotesques (l’arrivée de Protis dans ce qui deviendra le Vieux Port et l‘invention de la pétanque (!!!)) part dans tous les sens, mêlant scènes chantées et plaisanteries éculées.

On a peine à voir des acteurs souvent mieux employés par ailleurs accompagner cette faillite : Rellys, qui fut l’excellent Ugolin de Pagnol, Andrex, remarquable en Honoré Arnaud de La Marseillaise de Renoir, Henri Crémieux, dont la dégaine de retraité paisible pouvait devenir inquiétante (c’est Subtil Dutrouz, le serial killer-père tranquille des Demoiselles de Rochefort). Quant à Francis Blanche, dont la démesure pouvait être grandiose, il fait ici honte.

A oublier bien vite ! Décidément, au royaume du cinéma du samedi soir, il y avait des semaines bien accablantes !

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