L’année s’achève et, à l’approche de Noël et des joies chaudes de la famille, le triste mois de novembre me paraissait tout désigné pour mettre un peu de piment dans mon quotidien cinématographique. Je me suis donc passé les deux premiers DVD de la série Hostel, ceux qui sont réalisés par son créateur Éli Roth, série qui rivalise dans le genre trash avec les Saw d’horrifiante mémoire.
J’avais déjà vu le premier opus, qui commence comme un brave Very bad trip et s’achève dans les flots de sang attendus. Mais je ne connaissais du deuxième que quelques séquences captées par hasard sur Canal + naguère. La recette est à peu près la même dans les deux films : des Étasuniens fêtards et excités par le gouffre de vice que constitue, à leurs yeux, la vieille Europe, garçons là, jeunes filles ici, se font piéger et massacrer par de méchants riches qui payent, pour cela, de belles sommes à une florissante entreprise slovaque. Les Européens, et singulièrement les Européens de l’Est apparaissent dans les deux films comme des décadents malpropres et des sauvages sans scrupules. Ah ! Merveilleuse bonne conscience issue du protestantisme puritain !
L’arrogance effarante du réalisateur Roth apparaît d’ailleurs dans une interviouve rapportée par Wikipédia : J’ai choisi la Slovaquie car les Américains ne savent même pas que ce pays existe ! Quand j’ai dit à des amis que j’allais tourner à Prague, ils m’ont répondu : « Oh, la Tchécoslovaquie ! Emporte du papier hygiénique ! ». Tout ça, on le voit, est très délicat.
Le premier film valait essentiellement grâce à un sens très sûr de la crasse des décors et à une certaine surenchère dans la cruauté, facilitée par la qualité des effets spéciaux. Le deuxième va plus loin encore dans la violence et le choc visuel, mais y ajoute un peu plus de complexité dramatique, puisque le réalisateur braque davantage son projecteur sur les tortureurs.
On le sait, ce qui fait l’intérêt de ce sous-genre du film d’épouvante, c’est évidemment l’exploration des cloaques mentaux des bourreaux ; d’où l’agrément que j’ai trouvé l’autre jour à Confession d’un cannibale et jadis à Vorace ; et, si on n’entre pas trop dans la tête des méchants, il faut que ceux-ci soient particulièrement séduisants : sans Hannibal Lecter, Le silence des agneaux serait un film banal.
Hostel 2 présente, ici et là, quelques décodages qui auraient pu être davantage travaillés : le gibier – ici les trois jeunes filles en goguette – est mis aux enchères sur un site adéquat et de riches hommes d’affaires se disputent à coup de dollars les victimes proposées ; nous suivons Todd (Richard Burgi) qui s’offre une proie et en offre une à son meilleur pote, Stuart (Roger Bart), en cadeau d’anniversaire. Ce sera Whitney (Bijou Phillips) pour le premier, Beth (Lauren German) pour le second. L’ennui c’est que le caractère des deux prédateurs n’est pas fouillé et qu’on ne croit pas une seconde en la détermination de cette nouille de Stuart, d’emblée terrifié par la situation, puis excité par elle.
Quelques physionomies intéressantes : le chef du gang, Sasha (Milan Knazko) et ses collaboratrices, Axelle (Vera Jordanova), très séduisant appât et aussi une souris grise à maintien impeccable qui accueille les prédateurs et, après un malencontreux accident qui a abimé la pauvre Whitney la propose en occasion aux pervers qui occupent les cellules du pandémonium (notons que l’un d’entre eux est interprété par notre vieil ami Ruggero Deodato, le réalisateur de Cannibal holocaust qui est en train de déguster une victime vivante). Une séquence esthétiquement réussie également : une émule d’Erszébet Bathory qui s’inonde du sang de la malheureuse Lorna (Heather Matarazzo), la troisième jeune fille du groupe, suspendue à un crochet la tête en bas, et découpée vive par une faux manipulée par la tueuse.
Bref, beaucoup d’images impressionnantes, un sens certain des situations terrifiantes, mais beaucoup de vacuité derrière cette façade. Je ne crois pas que je regarderai Hostel 3, mais il ne faut jurer de rien…