Il paraît que la romancière dont a été adapté le film, Anna Gavalda, jouit d’une certaine notoriété. Sans doute parmi les gens qui n’ouvrent de gros volumes qu’à la plage. Des gens qui ont lu cet auteur me disent que c’est toujours plein d’histoires d’amours plus ou moins larmoyantes et tragiques. Ce que tous les tâcherons du romanesque savent faire d’ailleurs : Delly, Paul Ohnet, Guy des Cars, Barbara Cartland, sans doute des milliers d’autres. Peu amateur du genre, je me lave les mains sur ces talents larmoyants qui, à l’usage du brave monde, mettent en scène des histoires amoureuses. Après tout, personne n’est vraiment capable d’écrire Belle du Seigneur, à part Albert Cohen.
Ce n’est pas mal fait, Je l’aimais et on ne s’ennuie pas trop à regarder le film malgré ses séquences terriblement répétitives et appliquées. Ce n’est pas mal fait mais c’est vraiment un dégueulis finalement fatigant de scènes continuelles, indéfiniment répétées. Ceci pour un récit d’une banalité ridicule.
Il se trouve que Pierre Houdard (Daniel Auteuil) dirigeant d’une prospère PME de qualité, qui exporte à l’international, qui est tranquillement marié à Suzanne (Christiane Millet) tombe comme ça, d’un bloc, fou amoureux de Mathilde (Marie-Josée Croze) lors d’une réunion professionnelle à Hong-Kong. Et que c’est réciproque.
On se demande bien pourquoi cette passion va naître : on ne connaît d’emblée rien ni de Pierre, ni de Mathilde. On passe là-dessus. C’est bien, c’est beau, c’est leur choix, comme disent les décérébrés modernes.
Ni l’un, ni l’autre n’a une personnalité bien affirmée, ni, à dire vrai, un grand intérêt. Ce sont des êtres lisses, insignifiants ; on a beau faire mine de présenter Mathilde comme une personnalité originale, pleine de fantaisie et de charme, on ne voit pas trop en quoi elle peut l’être. Comment peut elle fasciner Pierre durablement et surtout comment Pierre peut-être durablement fasciné par elle, qui n’est qu’une assez jolie fille (mais on voit tellement mieux au cinéma!) dotée d’un bout d’originalité.
Zabou Breitman, qu’on a connue mieux inspirée, dirige paisiblement un film au scénario idiot, bourré de flashbacks inutiles. Il n’y a rien à penser de positif de ces allers-retours où Pierre/Auteuil, raconte à sa belle-fille Chloé (Florence Loiret-Caille), qui vient d’être abandonnée par son mari, le fils de Pierre, l’histoire qui a marqué, déformé sa vie.
J’ai trouvé ça d’une nullité affligeante, plein de larmes compassionnelles ; plein du gloubi-glouba d’aujourd’hui où la gentillesse, le respect, la bienveillance font florès. Finalement tout le monde s’aime et si on se trompe, c’est encore pour davantage s’aimer.
La vie est si dure, si mesquine, si difficile… On a bien le droit de s’en évader.
La bêtise règne sur notre pauvre Humanité. Anna Gavalda en est assurément une de ses prophétesses.