Johnny Guitar

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Morfondant d’ennui.

Eh bien, voilà une de mes plus grandes déceptions cinématographiques des cinquante dernières années, avec Branquignol et Bonjour sourire !

Alléché par une réputation sulfureuse et les commentaires presque dithyrambiques d’estimés critiques, je me suis calé cette espèce de truc boursouflé, outré, ennuyeux en cette fin d’après-midi grisâtre et il n’y a pas grand chose qui ait pu enluminer le temps automnal, si ce n’est la haine roborative entre les deux héroïnes et le massacre final.

Parce que, sinon, qu’est-ce que c’est convenu, banal, fastidieux ! Ces histoires de vachers et de garçons d’écurie mal embouchés, cette sorte de casino en plein désert, cette caméra exténuée qui filme, dans des tons soit terreux, soit trop colorés, des paysages crasseux, ces dialogues infantiles, ce jeu exalté d’acteurs de second rang, quelle punition !

On atteint tout de même quelques cimes dans le grotesque, non ? La scène de danse entre Vienna (Joan Crawford) et Dancin’Kid (Scott Brady) atteint des sommets dans le genre, mais peut-être moins que le sauvetage de Vienna, Johnny Guitar (Sterling Hayden), juché sur un pont, détachant au dernier moment la corde de la pendaison ; que dans un Lucky Lucke ce genre de subterfuges pénibles puisse arracher un sourire, passe encore, mais dans un western où il n’y a pas la moindre trace d’humour, où tous les protagonistes se prennent au sérieux, où le réalisateur se prend, sans doute, pour un Tragique grec ! C’est un film de série Y (c’est dimanche, et, charitablement, j’écarte le Z ; quant au X, faut pas rêver !) qui se prend pour quelque chose et qui, inexplicablement, bénéficie d’une aura singulière…

Parce que, si je ne suis guère amateur de westerns, j’ai vu tout de même de bien beaux films, La prisonnière du désert, Le train sifflera trois fois, L’homme des vallées perdues, sans compter tous les Peckinpah ou les Leone, qui ont tout de même une autre allure que cette pauvre chose mal fagotée !

Pourquoi 1 et pas 0, alors ? eh bien, outre la bonne idée de la détestation mutuelle des deux femmes – si évidemment réaliste et bienvenue – , deux ou trois trucs : l’image de Sterling Hayden retenant de sa main, prestement, un verre de whisky qui va tomber et déclencher la bagarre, métaphore du calme qu’il apporte dans l’extrême tension… Ou l’assez bon dialogue entre Vienna et Johnny :

  • – Il faut bien se poser un jour. Et ici, c’est aussi bien qu’ailleurs !
  • – C’est la déclaration la plus émouvante qu’une femme ait jamais entendue !

Maigre, maigre, maigrissime ! quel ennui !

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