Au moins voilà un scénario original et, d’une certaine façon, complexe et intelligent. Et l’actrice principale, Ellen Page remarquable ; ayant écrit cela, je lis, dans un long article de Wikipédia qu’Ellen est devenu assez rapidement Elliott et se présente comme une icône de la cause transsexuelle, ce qui me glace beaucoup. Mais je ne reviens pas là-dessus : l’acteur, ou l’actrice ou je ne sais quoi, a de grandes qualités et porte avec talent une histoire qui dénote plutôt bien avec les habituels films de collège étasuniens.
Donc Juno, adolescente de 16 ans, mauvaise élève, indisciplinée, rebelle, anarchique, enfant abandonnée à 5 ans par sa mère – qui lui envoie un cactus à chacun de ses anniversaires, ce qui n’est pas très gratifiant, n’est-ce pas ? – devient enceinte dès son premier rapport sexuel avec le niais Paulie Bleeker (Michael Cera). Diable ! Que faire de ce petit corps qui se forme doucement dans le ventre de Juno ? Eh oui, un petit corps… Avec des yeux, des ongles, un cœur qui bat… Donnons acte au film Juno de ne pas faire l’impasse sur cette réalité : toute femme enceinte porte en elle un individu, fabriqué comme vous et moi, en devenir et non pas une simple accumulation de cellules. C’est gênant, n’est-ce pas ?
Je ne suis pas en train d’écrire que le film de Jason Reitman est, comme on dit Outre-Atlantique, pro life, c’est-à-dire fondamentalement opposé à l’avortement. C’est bien plus compliqué et intelligent que ça, au contraire de ce que cherchent à nous faire accroire les pro choice, qui considèrent que le fœtus n’est rien du tout qu’une métastase gênante, dont on peut et on doit se débarrasser au plus vite.
La jeune fille sait bien qu’à seize ans il lui sera bien difficile d’être mère ; elle songe donc à laisser son bébé aux mains d’un couple infertile qui l’aimera, l’élèvera, le conduira au meilleur. Après consultation de petites annonces, elle choisit Mark (Jason Bateman) et Vanessa Loring (Jennifer Garner), sorte de couple idéalisé, apparemment très aimant et en tout cas très aisé. Drôle de pays que les États-Unis où les adoptions peuvent ainsi se traiter, s’organiser, se monnayer.
Naturellement ce n’est pas si simple ; parce qu’un petit être qui grandit dans un ventre qui grossit chaque jour un peu plus, voilà qui change les points de vue sur la vie, les gens, les choses.. Et que le regard des autres est changé sur soi. Voilà que Mark est pris au piège de la jeunesse, de l’excentricité de Juno. Ou qu’il découvre simplement avec elle qu’il en a marre de sa vie lisse, tranquille, ennuyeuse avec Vanessa.
Et voilà. C’est tout bête, une histoire qui ne va pas bien loin, mais qui n’est pas si loin de la réalité. Rien de classique, rien d’invraisemblable rien de mystérieux. Ce qu’on peut simplement savoir des bizarreries de l’existence.
En tout cas, j’ai bien aimé. Comme des tas de gens et de critiques. Pour une fois.