La compagnie des loups

la_compagnie_des_loupsPour les torturés du sang virginal.

Eh bien non, mes chers camarades, je n’ai pas marché à cette essence du conte de fées et j’ai même cru me retrouver dans un très long clip de Mylène Farmer mis en scène par Laurent Boutonnat, sans les exubérances dénudées de la chanteuse mais avec l’omniprésence lourde, insidieuse, anglo-saxonne et convenue de la sexualité, notamment de la défloration des filles. Finalement j’aime assez que lesdits contes de fées ressemblent à ce qu’ils demeurent dans mon souvenir de petit garçon, comme c’est le cas dans le Peau d’âne de Jacques Demy, même avec l’arrivée en hélicoptère du Roi bleu (Jean Marais) et de la Fée des Lilas (Delphine Seyrig) devant les gracieux campaniles de Chambord. Au fait, inutile de me signaler que le thème central du conte de Charles Perrault est l’inceste : je le sais bien, mais je n’ai pas besoin de le savoir.

cdl01Plutôt qu‘essence de contes de fées, j’appellerais plutôt La compagnie des loups un patchwork ou, pire, un pêle-mêle. J’admets qu’on puisse réunir, en les réécrivant, plusieurs histoires fort diverses, quoique courant pour la plupart autour des obsessions mentionnées ci-dessus mais joindre une grosse pincée de Petit chaperon rouge, une grosse pincée de récits de loups-garous, et des nuages de Barbe-bleue, de La Belle et la Bête et du Chat botté (je n’ai pas vu tout ça, mais notre amie Wikipédia fait cette recension), joindre tout ça me fait songer aux trois tiers du Mandarin-Citron, dans Marius : c’est le quatrième tiers, l’eau, qui est le plus fade. Et, à la réflexion, je songe qu’il y a même un cinquième tiers, l’apparition de l’enfant-loup, à la Mogwli du Livre de la jungle ou à la Truffaut de L’enfant sauvage.

51a5fa76ef19a03a2dfdb761a0f178cdJe m’égare. Il y a dans le film de Neil Jordan quelques images assez jolies, comme celles de l’héroïne, vêtue de son châle rouge vif dans la grisaille ambiante. Il y en a d’autres angoissantes, toutes celles, par exemple, où les yeux phosphorescents des bêtes fauves luisent dans la nuit brumeuse. Voilà au fait une bestiole que l’on ne parviendra pas à faire considérer comme anodine et craintive (ou amicale, tant qu’on y est). (Une pensée chaleureuse, pendant que j’y suis, aux bergers de nos montagnes que les ukases de Nos Seigneurs les Écologistes et les adulations de quelques bizarroïdes, comme la pianiste Hélène Grimaud empêchent de défendre à l’escopette les troupeaux de moutons). En revanche les transformations d’hommes en animaux féroces sont à la fois répugnantes et mal fichues.

compagniedesloups04Le film me semble avoir été tourné sur le plus exigu des plateaux de je ne sais quel studio, tant les protagonistes ne cessent de passer et de repasser aux mêmes endroits. Le manque de moyens n’est pas grave en soi, pauvreté n’est pas vice, mais il faut, dans ce genre de films proportionner ses ambitions visuelles à ses moyens, se concentrer sur le récit, qui est, là, totalement effiloché et à peu près incompréhensible sauf à placer la totalité de ses péripéties sous l’empire du rêve de la jeune Rosaleen (Sarah Patterson).

Voilà un film que j’aurais pu ne pas regarder…

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