Je ne connais pas, ou presque pas Otto Preminger, à part Sainte Jeanne, où l’héroïne était incarnée par Jean Seberg, Exodus, comme tout le monde, dont le vague souvenir tient plus à la musique et au caractère de grand spectacle, et, assez récemment L’homme au bras d’or apprécié sans émotion particulière. Le terrain était donc glissant de s’aventurer sur un film moins connu que ne le sont Rivière sans retour ou Autopsie d’un meurtre… mais ça ne m’a pas beaucoup donné envie d’aller voir plus loin.
J’ai trouvé l’intrigue de La lune était bleue bien légère, bien insignifiante, les décors parcimonieux – pour ne pas dire miteux -, la longueur des robes des femmes hideuse (mais ça, je dois reconnaître que ce n’est pas la faute de Preminger, mais de la mode de 1953), et les dialogues souvent graveleux (si le ketchup ne vient pas, c’est que le goulot est trop étroit).
On aurait raison d’évoquer les mânes de Au théâtre ce soir : on reconnaît les situations rebattues du boulevard, les répliques chargées de faire mouche sur une salle attentive (qui, soyons juste, y parviennent de temps à autre), la répétitivité du rythme, la minceur des mouvements de caméra, la petitesse de la distribution ; on s’étonne presque de ne pas voir arriver Michel Roux, Jacques Balutin ou Jacqueline Maillan ! et on est plus encore étonné de découvrir William Holden, David Niven ou cette Maggie McNamara qui a un faux air – en plus effronté – d’Audrey Hepburn…
On est tout de même bien surpris de constater que la puritaine Amérique a pu s’offusquer de quelques toutes petites hardiesses qui, sur le Vieux Continent, étaient largement admises… Bref, c’est très daté… mais ça n’a pas beaucoup de charme…
Et le générique, son graphisme faussement simple, m’a fait penser à celui des Shadoks – qui, eux, étaient bien plus largement subversifs…