Indéniablement un bon film, très spectaculaire, très bien rythmé, avec des morceaux d’anthologie brillants, et un peu davantage (la poursuite en voiture du héros par les tueurs sous une pluie battante, la scène finale dans les joncs en flamme), des acteurs brillants et des gueules efficaces. On ne s’ennuie pas un seul instant et on s’identifie volontiers à Bobby (Joaquin Phoenix), fils prodigue aux relations scabreuses qui, parce que les trafiquants ont décidé de faire la peau à son père et son frère, revient dans le droit chemin et se débarrasse de ses vieux oripeaux (c’est là une rédemption, non pas une délation, moins encore une lâcheté).
Cela étant, il faut tout de même faire abstraction d’assez fortes invraisemblances dans le récit, admettre, par exemple que Bobby dirige, en excellent gérant, une boîte de nuit gigantesque en ignorant que l’argent de ses commanditaires provient de l’importation à doses massives de drogue ; admettre que lesdits commanditaires et trafiquants ignorent que le père et le frère de Bobby, Albert (Robert Duvall) et Joë (Mark Wahlberg) Grusinsky sont de hauts gradés de la police new-yorkaise, et l’ignorent tout simplement parce que Bobby a pris le nom de sa mère (comme si ces canailles n’effectuaient pas d’enquêtes approfondies sur ceux à qui ils confient le soin de faire fructifier leur pognon) ; admettre toute une série de hasards (le flic qui expose son plan d’action à portée d’oreille du malfrat Vadim Nezhinski (Alex Veadov), dont la vitre de bagnole n’est pas fermée…)
Mais enfin, c’est la loi du genre, et, sur le moment on se laisse emporter (c’est infiniment mieux fait que dans le capricant et ridicule Ne le dis à personne).