La terre des Pharaons

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Admirable suicide collectif !

Quarante ans après que je l’ai découvert, à sa sortie, ce film reste encore bien présent dans ma mémoire…
La façon dont on traitait l’Antiquité n’était peut-être pas très fidèle, nourrie de toutes les gloses et les éruditions des archéologues, mais elle donnait aux gamins – dont j’étais – l’envie d’en savoir plus sans les décourager par trop de précision maniaque…

Et puis la fin angoissante, l’ensevelissement volontaire des prêtres dans la Grande pyramide, les blocs de pierre libérés qui fracassent les ampoules de verre, le sable qui coule comme de l’eau….

Puissant ! Du Hawks, quoi…

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J’ai revu le film hier, découvert à sa sortie en 1955 – et l’ensevelissement volontaire au fond de la Grande pyramide m’a durablement terrifié – revu sans doute il y a vingt ou trente ans à la télévision…

terre-des-pharaons-1955-07-gEt bien, c’est encore mieux que dans mon souvenir : c’est rythmé, coloré, bien raconté et bien filmé, ça n’est pas trop long (comme le sont souvent ces grosses machines), à peine plus de 1h40, et c’est extrêmement bien interprété si, du moins, et naturellement, on accepte les conventions inhérentes aux péplums, dialogues imagés et un peu trop nobles, acteurs un peu emphatiques et hiératisés.

Et puis c’est terriblement cruel, ce que n’était pas toujours le cinéma américain de l’époque : on s’y tue avec abondance avec l’épée ou grâce à des moyens plus originaux et démoniaques : ainsi Nellifer-la-méchante (Joan Collins) se débarrasse-t-elle de sa rivale, la première épouse de Pharaon en faisant apprendre au petit prince Xénon un air de flûte qui attire un redoutable cobra ; n’écoutant que la voix du sang, la première épouse, avisant le serpent qui s’insinue vers le bambin mélomane, se jette sur lui pour protéger son fils et se trouve, naturellement, rayée de notre vallée de larmes (je ne sais pas si vous m’avez suivi, mais c’est ingénieux et original).

terre-des-pharaons-55-02-gEt puis Pharaon (Jack Hawkins) n’est pas un bon géant courageux et un peu pataud, qui a les sens tourneboulés par Nellifer-la-sensuelle : c’est une sorte de brute obsédée par l’or et les pierreries, ne songeant qu’à sa propre gloire et souhaitant amasser le plus grand nombre de richesses pour pouvoir mener, aux enfers, une vie de magnificence (et de fornication, n’en doutons pas !).

Les rapports humains sont sauvages et violents et tout se termine par plein de morts atroces, alors que quitte l’Égypte, où Pharaon l’avait déporté, le peuple dont était issu Vashtar (James Robertson Justice), génial architecte de la pyramide et de son labyrinthe.

Est-ce le peuple juif ? Ce n’est pas certain… D’abord parce que les Écritures ne font nullement mention d’un premier (en termes chronologiques) départ des Juifs d’Égypte, avant l’Exode conduit par Moïse (revoir Les dix commandements), ensuite parce que la désinence Sthar n’est pas spécifiquement hébraïque (me glisse quelqu’un qui s’y connaît un peu mieux que moi en philologie). Mais il est peu contestable qu’il y ait là un clin d’oeil de Howard Hawks comme on l’a justement noté.

Bon. Enfin c’est très bien. Du grand spectacle de l’Hollywood que l’on a aimé jadis…

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