La vie de château

Quelle allure !

Que Louis Malle ait écrit Tant de grâce et tant de précision dans un premier film, on peut y voir un miracle lors de la sortie de cette Vie de château est-il vraiment étonnant ?

Premier film de Rappeneau, dont Alain Cavalier et Claude Sautet assurent le scénario, Daniel Boulanger les dialogues et Michel Legrand la musique. Et puisque Catherine Deneuve est vraiment alors la plus belle femme du monde avant que les Américains (Time ou Vogue) ne le lui serinent trop, puisque Pierre Brasseur et Mary Marquet jettent leurs derniers grands feux d’acteurs inégalables et que Philippe Noiret les rejoint dans le talent, puisque, surtout Rappeneau a presque trouvé déjà ce rythme et cette élégance de ton qui font ses meilleures réussites, puisque tout est réuni pour cette fête, comment serait-il possible qu’elle ne soit pas éclatante, toute marquée d’un style français élégant, raffiné et plein de charme…

image_content_general_17434472_20140805225522L’esprit du 18ème siècle est présent, tout au long de ce moment de qualité…

Cela étant, cette histoire vive et chatoyante, située quelques jours avant le Débarquement du 6 juin 44, souffre tout de même quelquefois de petits ralentissements dans son allure. Or ce genre de comédies, qui tutoie l’obstacle puisqu’il est inséré dans la réalité historique, doit galoper à perdre haleine pendant toute sa durée. Disons qu’il y a, dans le troisième quart du film, un peu de patinage, un peu de facilité et que Rappeneau arrive alors difficilement à manier tous les cordons de ses délicieuses marionnettes. Et puis les dialogues de Daniel Boulanger manquent un tout petit peu d’éclat et les acteurs n’ont que plus de mérite à les mettre en valeur.

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Un point assez singulier à noter : dans La vie de château, Jérôme (Philippe Noiret) châtelain lymphatique, indolent, débonnaire prend brusquement les affaires en main, lorsque la femme de sa vie, Marie (Catherine Deneuve) lui est ravie par les Boches et se révèle en héroïque courageux homme d’action. C’est donc une comédie. Dix ans plus tard, Julien Dandieu (Philippe Noiret, à nouveau) venge avec férocité l’assassinat de sa fille et de sa femme Clara (Romy Schneider) dans le bouleversant Vieux fusil, qui est une tragédie. Comme quoi le regard jeté sur la Guerre…

Ne pas rater, dans La vie de château, le générique tout à la gloire de la beauté de Deneuve, photographiée sous tous les angles, yeux, bouche, cheveux, visage, profils…

Édition de MK2 seulement convenable avec une déficience des contrastes dans les scènes de nuit. Boni brefs (interviouves de Rappeneau, Deneuve et Noiret), mais intéressants

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