Le bal

Passage de la ligne.

Comme tout le monde, ou à peu près, j’ai trouvé fascinant le spectacle permanent du Bal, ses personnages typés et récurrents, la subtilité avec laquelle la musique, les éclairages, les costumes font littéralement passer le Temps et, à partir d’un décor unique, donnent une représentation frappante de réalité.

Que le grand Scola y soit pour beaucoup est une évidence, mais il ne faut pas oublier – et les suppléments du Dvd le rappellent avec une grande honnêteté – que le film est l’adaptation assez fidèle d’une idée de Jean-Claude Penchenat, d’abord interprétée par la compagnie de Théâtre du Campagnol. Penchenat joue d’ailleurs lui-même un petit rôle dans le film, sa femme, Geneviève Rey-Penchenat un rôle majeur ; tous les interprètes, d’ailleurs sont des comédiens de la troupe…

Ça ne retire aucun mérite à Ettore Scola, ni à la magie du spectacle cinématographique, loin de là, et ça a immortalisé un divertissement qui, sans le grand écran, n’aurait été qu’un succès saisonnier, depuis longtemps oublié. Mais il faut aussi, à mon sens, prévenir ceux qui attendraient du Bal la même délicieuse cruauté que Nous nous sommes tant aimés ou qu’Affreux, sales et méchants

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Après revoyure, je baisse un peu ma note. Non que je me sois ennuyé, ou que j’aie trouvé un défaut à la perfection formelle mise en scène par Ettore Scola.

Mais enfin, est-ce que c’est un film ? Et davantage encore, un film directement issu d’une fantaisie théâtrale ? Ceci n’est pas un défaut, et on sait depuis longtemps combien la magie du cinéma, les moyens qu’il donne au spectateur pour être vraiment présent à côté des acteurs, dans le décor, dans les bouleversements du récit ont apporté au spectacle…

C’est que Le bal est une performance étrange, séduisante, très réussie mais également très singulière, très à part ; il n’a ni ascendance, ni postérité possible du fait même de sa particularité. J’imagine que ce qui a séduit avant tout, c’est ce côté incongru ; un peu comme The artist (que je n’ai pas vu, je dois le dire) où l’on est soufflé par l’audace et l’originalité du parti-pris et où l’on applaudit l’équipe de réalisation en s’étonnant que personne n’ait songé plus tôt à tenter le pari…

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Cela étant, c’est vraiment très bien fait, la musique de liaison de Vladimir Cosma est parfaite de nostalgie et la représentation des figures éternelles des dancings au milieu des soubresauts de l’Histoire est une idée magnifique.

Mais du même Scola, je préfère tout de même – de loin ! – Affreux, sales et méchants.

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