Le château des quatre obèses

Ne manque pas de charme…

Tombé là-dessus tout à fait par hasard, à des heures nocturnes, sur une chaîne improbable. À une heure où je devrais être dans les bras de Morphée, qu’est-ce qui me retient ? Le titre du film, très singulier et intrigant. Et la survenue rapide dans le récit de la grande Marguerite Moreno qui, il est vrai, jouait à peu près n’importe quoi et n’a pas trouvé toujours un Claude Autant-Lara pour lui donner un rôle aussi fort que celui de la vieille marquise de Bonafé, dans le chef-d’œuvre qu’est Douce.

Je m’installe, je me prends au jeu ; dans une très grande et très belle maison, des voyageurs de toute nature, chassés par un orage affreux, viennent demander l’hospitalité, qui leur est généreusement accordée par une grande famille : quatre frères de forte corpulence et leur nièce. L’apparent chef de la famille est notre vieille connaissance Pierre Alcover, redoutable rondeur souvent entrevue avant guerre (un carnet de bal, Drôle de drame) ; parmi les hôtes contraints par le mauvais temps, il y a l’étrange visage ambigu d’André Brulé, que j’ai découvert il y a peu dans Métropolitain de Maurice Cam ; il joue un rôle de médecin (ce qu’il n’est pas, ce qu’on apprendra bien plus tard) et son assistante, qui a pris les apparences d’une jeune femme frappée d‘innocence (ce qu’elle n’est pas davantage !) c’est Sylvia Bataille. Ce nom ne vous dit rien ? c’est celui de l’héroïne de ce qui est, à mes yeux, le plus beau film de Jean Renoir, le moyen métrage Une partie de campagne ; cette actrice fort rare fut, par ailleurs, la femme de Georges Bataille puis, après son divorce, la compagne de Jacques Lacan…

1554049-1Ce n’est pas tout à fait fini : aux deux tiers du film, après une série de meurtres apparents qui frappent les quatre frères obèses, apparaît l’inspecteur de police Lenoir. Et qui est-ce ? Lucas Gridoux ! Vous ne voyez pas qui c’est ? Mais si ! L’inspecteur Slimane, dans Pépé le Moko, celui qui fait sortir Gabin de la Casbah…

Le château des quatre obèses n’est pas pour autant un film de qualité : mal réalisé, par l’inconnu Yves Noé, doté d’une intrigue invraisemblable, théâtral et quelquefois un peu ridicule, il amuse plus qu’il n’inquiète…

N’empêche que je suis bien content d’avoir, par hasard, péché ce nanard de 1939, suffisamment bref pour qu’on ne s’y ennuie pas.

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