Tout petit film d’une petite maison de production, (Amicus, qui tentait de suivre sans y parvenir la grande Hammer), d’un réalisateur, (Roy Ward Baker), qui n’a pas laissé d’autre trace que de mettre en scène une honnête histoire du naufrage du Titanic (Atlantique, latitude 41) et le sixième opus de la série des Dracula avec Christopher Lee, Les cicatrices de Dracula, qu’on peut tout à fait aisément mettre aux oubliettes.
Il est vrai qu’en 1980 le genre de l’horreur classique, avec vampires, loups-garous, momies et créatures horribles commençait à sérieusement expirer, bien ringardisé par le souffle frais, si je puis dire, des nouvelles monstruosités, du type Massacre à la tronçonneuse. Et les vieilles maisons, qui avaient un public fidèle, essayaient de redonner un peu de vigueur à des histoires bien désuètes.
Le club des monstres ne se fatigue pas trop, peut-on dire : un vampire civilisé et bienveillant, Erasmus (Vincent Price), qui vient de prélever sur Ronald Chetwyn-Hayes (John Carradine) un peu de sang l’invite à une soirée où sont rassemblés tous les personnages habituels de l’épouvante. Dans cette boîte de nuit de qualité, il va raconter à son hôte trois histoires à faire peur : une créature effrayante et richissime qui ne rêve que d’amour, mais est capable, en sifflant, de carboniser tout ce qui l’entoure ; un buveur de sang petit bourgeois pourchassé par une brigade de tueurs de vampires ; un village habité par des mangeurs de chair humaine.
Ce n’est pas terrible et ça donne rarement ce petit frisson agréable qu’on attend de ce genre de films. Le premier segment est lisse et ennuyeux ; le deuxième se veut narquois, sarcastique et plein d’humour. le troisième a de très vagues qualités (le décor d’un village satanique enserré dans le brouillard) mais est tellement prévisible qu’on attend en bâillant qu’il veuille bien se terminer. La conclusion, dans l’atmosphère endiablée (!!) du Club des monstres se veut philosophique (du type Est-ce que les hommes, qui ont inventé les déportations, les tortures, les supplices, les guerres et autres abominations ne sont pas pires que nous ?). Elle est pitoyable.
Bref, encore une heure et demie perdue.